Ils étaient 36 500 Mauriciens à travailler après l’âge de 60 ans en 2015, selon les données de Statistics Mauritius. Si certains le font par obligation, d’autres évoquent des raisons différentes, notamment financières. Témoignages.
Publicité
Professeur Ved Prakash Torul, 70 ans : « C’est un devoir de partager mes connaissances »
À 70 ans, le professeur Ved Prakash Torul est toujours actif dans le monde du travail. Conférencier, chargé de cours ou encore médiateur accrédité au Singapour Mediation Centre, il a aussi été président de la Commission de Conciliation et de Médiation, pendant une dizaine d’années avant son départ en mars 2015.
« Après avoir eu la chance d’acquérir toutes ces connaissances tant au niveau social, professionnel et spirituel, il est de mon devoir de les partager, aujourd’hui, avec la jeune génération », dit-il. À son âge, il est chargé de cours à l’Aberystwyth University de Quartier-Militaire. « Je veux créer une nouvelle race d’avocats compétents et avec un profond sens de l’éthique », dit-il.
Les vieux qui travaillent barrent-ils la route aux jeunes ? Pour Ved Prakash Torul, les vieux professionnels peuvent partager leurs expériences de différentes façons et sans compromettre la chance des jeunes à un emploi. Le professeur souligne qu’ils peuvent toujours servir le pays autrement, notamment en tant que conseillers et consultants ou dans l’élaboration des projets.
Outre son travail de chargé de cours, le professeur Torul écrit un livre pour partager ses expériences en conciliation et médiation et les lois du travail à la jeune génération.
Son parcours professionnel
Qualifications : Licence en anglais, Docteur en Droit, Post Graduate Diploma in Public Administration (Gold Medal), diplôme en management et en Administrative Management, entre autres.
Cursus professionnel : professeur en Zambie, Afrique du Sud (Doyen de la faculté de Droit de l’université du Transkei) et à l’université de Maurice. Membre du groupe d’experts de la SADC. ‘External Examiner’ à l’université de Cape Town pour la délivrance des licences, maîtrises et doctorats sur les lois du travail et de la sécurité sociale. Médiateur associé au Singapore Mediation Centre.
Mala, 64 ans : « Incapable de rester à la maison à ne rien faire »
Elle travaille toujours pour aider à faire bouillir la marmite familiale. À 64 ans, Mala est repasseuse à domicile. Actuellement, elle travaille pour trois familles. « Je fais le repassage et d’autres petits boulots. Je peux toucher jusqu’à Rs 5 000 par mois », dit-elle. La sexagénaire soutient que la vie est de plus en plus dure et se retrouve, bien souvent, sans le sou avant la fin du mois.
« Comme je me sens toujours en forme, je préfère travailler. L’argent n’est jamais de trop », dit-elle. À huit heures, Mala est déjà sur pied. Après avoir fait le repassage dans une maison, elle se rend chez les autres familles à tour de rôle. Sa journée se termine à 16 heures. Quand, il n’y a pas de repassage, elle entreprend d’autres petits boulots. Pour elle, le travail est une bénédiction.
« Je serais incapable de rester à la maison à ne rien faire », dit celle qui a commencé à travailler dans une usine de textile à l’âge de 18 ans. Après un certain temps, elle a été transférée dans la section du repassage. « Au début, c’était très fatigant, car on devait rester debout pendant toute une journée, mais on finit par s’habituer », dit-elle. Elle a travaillé jusqu’au début des années 2000, date des licenciements en masse dans les usines de textile suivant la fin de l’accord multifibre.
C’est alors qu’elle prend la décision de faire le repassage à domicile. En sus de contribuer aux besoins de la famille, son plus grand plaisir est d’offrir des petits présents à ses petits-enfants. « Sans mon travail, je n’aurais pas pu le faire », dit-elle.
Maxime, 63 ans : « J’arrêterai de travailler si je gagne au loto »
Il est agent de sécurité pour le compte d’une compagnie privée. Pour Maxime, 63 ans, la vie n’est certes pas facile, car il est appelé à travailler la nuit.
« Comment cesser de travailler quand on a des responsabilités familiales ? », dit-il. Son fils n’a pas de boulot fixe. Il est tantôt maçon, tantôt aide-camionneur et il n’a pas un salaire régulier.
C’est pour cette raison, dit le vieil homme, qu’il continue à travailler pour subvenir aux besoins de la famille. Il reconnaît que le travail n’est pas facile avec ses horaires indus. Il doit aussi composer avec les caprices du temps.
« Qu’il pleuve ou qu’il vente, il me fait faire mes patrouilles régulièrement même en plein hiver », argue le sexagénaire.
A-t-il déjà rêvé à une retraite paisible ? « Oui, j’y pense souvent, surtout dans les moments difficiles. J’arrêterai un jour si j’ai la chance de gagner au loto », dit-il en riant.
En chiffres
|
Devanand Ramjuttun, syndicaliste : « Les problèmes financiers contraignent certains vieux à travailler »
« Certains se voient contraints de continuer à travailler après l’âge de la retraite, car ils font face à des problèmes financiers », lance Devanand Ramjuttun. Le syndicaliste trouve, cependant, inacceptable que plusieurs jeunes ne parviennent pas à se faire embaucher après leurs études universitaires. De plus, il s’insurge contre le fait que leurs familles ne bénéficient pas d’exemption à l’impôt, alors que ces jeunes dépendent toujours sur leurs parents. Le syndicaliste attire aussi l’attention sur le fait que les vieux qui travaillent freinent aussi les chances de promotion dans le service et cela crée une frustration chez les plus jeunes.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !