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Emploi en 2023 : l’épineux recrutement des travailleurs étrangers

La main-d’œuvre étrangère est essentielle dans le textile.
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Maillon essentiel au sein de certains secteurs, la main-d’œuvre étrangère devrait une nouvelle fois être un sujet d’actualité cette année. Pour l’heure, certaines entreprises opèrent en sous-effectif, un facteur qui pénalise les opérations.  

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Soodesh Callichurn.

L’un des défis majeurs du secteur de l’emploi cette année sera le recrutement des travailleurs étrangers. Face à la problématique du manque de main-d’œuvre décrié dans le textile et l’hôtellerie, entre autres, les employeurs cherchent leur salut à l’étranger, car selon eux, les Mauriciens ne souhaitent pas travailler dans ces deux secteurs. Un sondage de Statistics Mauritius révèle que 20 579 travailleurs étrangers étaient employés dans des Export Oriented Enterprises en mars 2020 contre 17 942 en mars 2021 et 16 032 durant le même mois de l’année dernière.

Cependant, recruter des travailleurs étrangers est, selon certains opérateurs, un vrai parcours du combattant. Un employeur d’usine explique que cela peut prendre entre 6 à 7 mois pour qu’une application de permis de travail pour un étranger soit approuvée. « C’est d’une lenteur pas possible. En 2021, le ministère du Travail ne prenait même pas les applications. Les choses ont changé après une certaine pression exercée sur les autorités par des opérateurs. Toutefois, le problème a resurgi l’année dernière. C’est le département de ‘claim’ qui tarde à faire avancer les dossiers. Or, le textile ne peut fonctionner sans l’apport des travailleurs étrangers. D’ailleurs, cela provoque du retard sur nos exportations », concède l’opérateur. 

Cette situation est également d’actualité au sein des autres secteurs. Ravin Bara, de Recruitment Leaders Ltd, affirme que les procédures étaient moins longues dans le passé, bien aidé par le Work Permit Committee. L’e-Work Permit Portal ne semble pas améliorer les démarches. Ravin Bara souligne que des demandes  pour le permis de travail soumises en août 2022 n’ont pas encore été traitées. Cela force les usines - demandeurs de travailleurs étrangers - à opérer en sous-effectif. « C’est plus compliqué pour recruter les Bangladeshis. Il n’y a pas de décision à ce propos qui a été communiquée. Il faut comprendre que le textile est un secteur où les Mauriciens ne veulent pas s’engager », dit-il.  

Le secteur de l’hôtellerie n’est pas en reste. Shakeel Nundlall, directeur de l’hôtel Le Grand Bleu, fait ressortir qu’il y a un manque de main-d’œuvre qui a été soulevé par plusieurs hôteliers. Cela pousse (dans certains cas) les hôteliers à opter pour des étudiants étrangers, ces derniers jonglant entre études et travail, cependant, il arrive que le langage se révèle être une véritable barrière. « Nous avons effectué le paiement auprès du ministère du Travail en novembre dernier pour recruter deux chefs cuisiniers indiens. Nous sommes toujours en attente de réponse. Quant à l’absence d’un retour, le ministère renvoie la balle au PMO », déplore-t-il. Face à cette situation,  Shakeel Nundlall relate qu’il verse un salaire aux chefs cuisiniers indiens, qui ne sont, certes, pas en poste, afin d’éviter que ces derniers ne prennent emploi ailleurs. Le directeur de l’hôtel Le Grand Bleu admet que les incitations n’attirent pas les Mauriciens à travailler dans les hôtels du pays. 

Par ailleurs, lors du bilan du ministère du Travail en décembre 2022, Soodesh Callichurn avait évoqué les difficultés auxquelles font face les hôtels en matière de recrutement. Le ministre avait souligné que le gouvernement était resté sur sa position pour favoriser l’emploi des travailleurs locaux. D’ailleurs, toujours selon lui, la demande a été effectuée auprès du National Remuneration Board (NRB) pour revoir les conditions, d’où la problématique de recrutement qui perdure. Soodesh Callichurn a indiqué que « le chômage poursuivra sa tendance baissière cette année et que plus de considération sera donnée au monde du travail en 2023 ». 

Thierry Goder, CEO d’Alentaris : «Le secteur de l’emploi poursuivra son dynamisme en 2023»

thierryL’emploi et le recrutement seront-ils meilleurs cette année par rapport à 2022 ?
Le fait que la croissance est positive – même si elle n’est pas au niveau attendu – fera que le secteur de l’emploi poursuivra son dynamisme en 2023. Il faudra, cependant, tenir compte de la possibilité d’emploi des gens et surtout des ressources disponibles sur le marché aujourd’hui. Le secteur de l’hôtellerie, à titre d’exemple, bataille pour pouvoir recruter en raison du manque de ressources au niveau local. 

La compensation salariale de Rs 1 000 sera-t-elle un critère qui risque d’influencer le recrutement cette année ?
Il y a des secteurs qui se développent et affichent une croissance positive et ils vont devoir recruter. Par contre, les PME vont souffrir, car il faudra effectivement ajouter cette compensation salariale de Rs 1 000, ce qui ramène le salaire minimum à Rs 13 075. De ce fait, les PME ne vont pas embaucher autant. Néanmoins, le recrutement des entreprises en phase de développement va créer un équilibre sur le marché. 

Quels sont les secteurs qui vont recruter en 2023 ?
Il y aura le commerce, à différents niveaux de postes. Il y a également un manque de compétences au sein des TIC qui va recruter, tout comme le secteur hospitalier, entre autres. 

Les profils et compétences recherchés chez les demandeurs d’emploi vont-ils évoluer  cette année ?
Les profils vont évoluer. Par exemple, ceux qui terminent leurs études et souhaitent rejoindre le secteur hôtelier auront des opportunités. Des formations seront dispensées et ceux qu’ils le veulent pourront reprendre leurs études par la suite. Dans le secteur immobilier, les projets nécessiteront de bons techniciens formés, d’où l’obligation d’offrir des facilités aux centres de formation, polytechniques ou encore aux établissements tertiaires. 

De manière générale, y a-t-il un grand nombre de personnes qui débutent un nouvel emploi en ce mois de janvier ?
Il n’y a pas de règle établie pour le recrutement et certains postes sont à pourvoir à la suite de départ. Il y a une perception concernant le boni de fin d’année qui pousserait les employés à rester en poste jusqu’à décembre afin de pouvoir le toucher. Il faut savoir que les postes sont toujours vacants et disponibles. 

 

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