Emmanuel Maujean : «Les jeunes diplômés manquent de méthodologie dans leur recherche d’emploi»

Comment les institutions éducatives et les entreprises pourraient-elles assurer que les compétences enseignées correspondent aux besoins en constante évolution du marché du travail ?
Les cursus académiques ne correspondent pas toujours aux besoins actuels du marché du travail. Cette situation est souvent aggravée par un manque de conseils adéquats de la part de l’entourage des jeunes, mais aussi par le délai de disponibilité des compétences dû à la durée des formations et à l'évolution rapide des exigences du secteur. Il existe un décalage entre le moment où une nouvelle compétence émerge sur le marché du travail et le temps nécessaire pour la former. Une fois cette formation complétée, ce savoir-faire a souvent évolué, créant ainsi un écart important entre l'offre et la demande. Il est essentiel de mettre en place une plateforme d'information et d'accompagnement pour guider les jeunes dès le collège, offrant un suivi continu de leur orientation tout au long de leur parcours académique. Cela permettrait d'aligner leurs compétences avec les besoins changeants du marché. Par ailleurs, de nombreuses formations sont disponibles en ligne. De plus, il incombe également à chaque individu de prendre la responsabilité de se former de manière continue et indépendante, même durant ses études. Cela peut faire toute la différence sur le marché de l'emploi, où la capacité à s'adapter et à se mettre à jour est cruciale.

Les employeurs recherchent souvent une expérience que les jeunes n'ont pas encore eu l'occasion d'acquérir. Comment aborder cette problématique ?
Il serait bénéfique de rendre obligatoires les stages en entreprise et d'encourager la participation à des projets parascolaires dès le plus jeune âge. Un aspect essentiel pour bâtir cette expérience essentielle et recherchée. De plus, établir un modèle de formation en alternance, similaire à l'apprentissage, peut s'avérer efficace pour professionnaliser les jeunes durant leur parcours académique. Ce système démocratisé en France depuis plus de 10 ans, permet non seulement d'acquérir des compétences pratiques, mais aussi de renforcer l’employabilité des jeunes dès la fin de leurs études.

Quelles stratégies spécifiques recommanderiez-vous aux jeunes diplômés pour améliorer leur méthodologie de recherche d'emploi et renforcer leur confiance en eux lors du processus de recrutement ?
Les jeunes diplômés manquent de méthodologie dans leur recherche d'emploi : recherches désordonnées, documents inappropriés, réseau mal utilisé, rythme irrégulier et préparation aux entretiens souvent périlleuse. Ils se démotivent rapidement. Il existe également des lacunes dans l'attitude des jeunes candidats : respect des engagements, préparation aux entretiens, mise en valeur de leurs compétences et expression de leurs aspirations. Le manque de confiance en soi peut aussi significativement handicaper les jeunes dans leur recherche d'emploi. En général, le jeune diplômé reste en retrait, n'ose pas demander, n'ose pas proposer, n'ose pas dire qu'il ne comprend pas ou qu'il n'est pas intéressé. Plutôt que de refuser une offre, il l'accepte et disparaît ensuite. Les recruteurs devraient adopter une approche plus empathique, intégrant coaching et mentorat pour renforcer la confiance des jeunes dans le processus d’embauche. Des interventions dans les universités pourraient également ouvrir le dialogue et rassurer les jeunes quant à leurs compétences et leur valeur. L'écoute active des jeunes est aussi vivement recommandée pour les aider à développer leurs compétences interpersonnelles, notamment la confiance en soi qui sera un atout tout au long de leur vie professionnelle.