Émeutes à Southport : Des Mauriciens au Royaume-Uni condamnent les actes de violence

• Les autorités locales suivent la situation de très près

Depuis l’attaque au couteau de la semaine dernière, qui a coûté la vie à trois enfants, des manifestations xénophobes, islamophobes et anti-migrants se multiplient dans plusieurs villes britanniques. Des Mauriciens qui résident au pays de sa Majesté dénoncent ces actes de violence de certains autochtones. La situation est suivie de près par les autorités locales.

« C’est une véritable honte ce qui se passe. À cause de certaines têtes brûlées, un pays est en train de se retrouver à genoux. Heureusement, il y a un Premier ministre qui est lui-même un ancien DPP et qui connaît bien les rouages. Le problème est sérieux, mais il s’attaque à la situation aussi vite que possible », précise Covi Narsinghen, président de la Mauritius Global Diaspora.

Il ne cache pas que tout le monde a été pris par surprise par ces émeutes. « Cela n’a pas affecté les Mauriciens, car c’est surtout dans le Nord – pur territoire anglais – avec du racisme, une mentalité de hooligans ancrée. C’est du racisme pur et simple, déclenché par un acte de violence. Cela a provoqué ces émeutes », indique-t-il. 

Fort heureusement, ces émeutes n’ont pas atteint Londres où il y a un grand nombre de Mauriciens. « Les Mauriciens sont plutôt concentrés dans les banlieues de Londres », dit-il.

Afreen, qui habite Newcastle, se dit choquée par ce qui se passe depuis la semaine dernière. « Je suis en colère et choquée par les émeutes et les désordres que nous avons vus ces derniers jours. Malheureusement, une minorité de l’extrême droite a exploité cette tragédie pour commettre des actes de violence épouvantables, ciblant les musulmans, les demandeurs d’asile et les communautés de couleur », dénonce-t-elle.

Ignace abonde dans le même sens. « Dans le Nord, c’est la pagaille – des bandes créent du désordre. À Londres, la situation est plus calme. Ce sont des purs sangs anglais qui sont à l’origine de ces émeutes. Des têtes brûlées qui font des ravages, profitant du drame qui s’est joué pour démontrer leur frustration », soutient-il. 

Il souligne que le jeune homme qui a tué trois fillettes est autiste et a 17 ans. « Il y a eu une propagande sur les réseaux sociaux. De fausses informations ont circulé accusant les musulmans, ce qui alimente la colère de ces extrémistes. Les manifestations sont orchestrées par des groupes islamophobes. »

Irfan A., un Mauricien qui habite Leeds, explique que sa région n’est pas concernée par ce qui se passe. Cependant, lors de la Jummah (prière du vendredi) la semaine dernière, il ajoute que l’Imaan a lancé un appel pour ne pas réagir. « Il y a un message de paix qui est véhiculé par de nombreuses personnes militant pour la paix », soutient le Mauricien. 

Pour sa part,Soraya Bruton indique que « dans certaines parties du Royaume-Uni, l’atmosphère est remplie de préjugés et d’une mentalité réactive, ciblant injustement les immigrants de première et deuxième génération et les associant au crime. Bien que nous condamnions l’attaque horrible, une petite minorité a choisi de sauter sur le train de la haine, provoquant davantage de violence », indique-t-elle. 

Elle précise qu’à Londres et dans le sud du Royaume-Uni, où la population est plus diversifiée, « étiqueter un groupe spécifique comme intrinsèquement violent n’est pas seulement insensible, mais aussi raciste ». 

Soraya Bruton ajoute que cela fera bientôt neuf ans qu’elle habite au Royaume-Uni et se dit chanceuse de ne pas avoir été confronté à de tels incidents. 
« J’espère que le Royaume-Uni restera un endroit sûr pour tous ceux qui y vivent. » 

Dans une publication sur son compte X (ex-twitter), lundi, le ministre des Affaires étrangères et Attorney General, Maneesh Gobin, est revenu sur les incidents au Bangladesh et au Royaume-Uni. Il dit suivre avec la plus grande attention l’évolution de la situation dans ces deux pays. « Nous demandons vivement l’arrêt immédiat des émeutes et des pillages. À ce stade, aucun signal de détresse n’a été envoyé par les citoyens mauriciens », rassure le ministre.

Pas de « travel advisory » pour l’heure

Le gouvernement mauricien n’a pas encore émis de conseil aux voyageurs (travel advisory). « Normalement, cela n’est fait qu’en cas extrême. Cependant, la situation est suivie de près. L’ambassade de Maurice sur place surveille également les développements », précise-t-on au niveau du ministère des Affaires étrangères.