Les forces de l'ordre sont mises en cause dans le décès d'un jeune homme à Marseille et les graves blessures de plusieurs autres en France, durant la semaine d'émeutes ayant suivi la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre le 27 juin.
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Voici quelques uns des cas les plus graves recensés par l'AFP, alors que 31 enquêtes ont été confiées à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Mohamed Bendriss, 27 ans, décédé
Mohamed Bendriss, 27 ans, est mort dans la nuit du 1er au 2 juillet après avoir été retrouvé inconscient dans le centre de Marseille, près de son scooter dont il avait chuté. Lui qui exerçait, entre autres, comme livreur de repas à domicile ne travaillait pas ce soir-là.
L'autopsie a révélé deux impacts, au niveau de la poitrine et de la cuisse, pouvant correspondre à des tirs de LBD (lanceur de balle de défense). Le parquet estimait fin juillet "probable" que son décès ait été causé par un "choc violent au niveau du thorax causé par le tir d'un projectile de +type Flash-Ball+".
Selon son avocat Me Arié Alimi, cet homme de nationalité algérienne, marié, père d'un enfant et dont la veuve attend un deuxième enfant, n'avait pas l'intention de prendre part aux émeutes mais rentrait chez lui et, sur le chemin, avait filmé une scène d'interpellation avant d'être touché par un tir de LBD.
Le 4 juillet, une information judiciaire a été ouverte pour "coups mortels avec arme" et confiée à la police judiciaire et l’IGPN.
Hedi, 22 ans, amputé d'une partie du crâne
Dans la nuit du 1er au 2 juillet à Marseille, Hedi, employé de restauration (alors âgé de 21 ans), a été hospitalisé après avoir reçu un tir de LBD dans la tempe, selon le parquet. Une partie de son crâne a dû être amputée, entraînant une incapacité totale de travail de 120 jours.
Quatre policiers de la brigade anticriminalité ont été mis en examen pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, placé en détention provisoire, a finalement reconnu le 4 août devant la justice avoir fait "usage de LBD", ce qu'il avait nié. L'avocat général a évoqué les éléments livrés par l'exploitation de caméras de surveillance, prouvant que la victime avait été rouée de coups.
Aimène Bahouh, 25 ans, sorti du coma
La nuit du 29 au 30 juin, à Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), l'homme de 25 ans se déplaçait en voiture, vitre ouverte, "pour aller se ravitailler à la pompe à essence au Luxembourg", lorsqu'il "a reçu un projectile du Raid, un +bean bag+ sur la tempe", a assuré à l'AFP un membre de sa famille.
Les premières investigations ont permis d'affirmer que les blessures du conducteur étaient "compatibles avec l'utilisation de ces +bean bags+", un sac contenant de minuscules billes de plomb, faisant partie des munitions utilisées par le Raid.
Placé dans un coma artificiel, il s'est réveillé le 25 juillet et se trouve en convalescence chez lui, "avec pas mal de séquelles", selon sa famille.
Le parquet de Val-de-Briey, qui s'était dessaisi du dossier au profit de celui de Nancy, avait indiqué qu'Aimène Bahouh se trouvait "au coeur des violences urbaines sans que sa participation soit à ce stade établie".
Début août, l'avocat de la famille, Yassine Bouzrou, a demandé le dépaysement de l'information judiciaire vers une autre juridiction.
Abdelkarim Y., 22 ans, éborgné
Selon son avocat Me Arié Alimi, Abdelkarim Y., 22 ans, cousin de Mohamed Bendriss, a été visé par un tir de LBD des policiers du Raid, alors qu'il marchait seul à Marseille dans la nuit du 30 juin au 1er juillet.
Une source judiciaire a confirmé à l'AFP qu'il avait perdu l'usage d'un oeil.
Il a "subi plusieurs opérations mais se repose actuellement chez lui", selon Me Alimi.
Le parquet a ouvert une enquête préliminaire du chef de "violences volontaires en réunion ayant entraîné une mutilation ou infirmité permanente par personne dépositaire de l’autorité publique et avec arme".
Nathaniel et Mehdi, éborgnés
En Seine-Saint-Denis, Nathaniel, 19 ans et Mehdi, 21 ans ont tous deux été éborgnés à une nuit d’intervalle fin juin, dans deux villes différentes, Montreuil et Saint-Denis. Leurs récits, rapportés par leurs avocats respectifs confirmant des informations de Mediapart sont similaires: ils se trouvaient dans la rue accompagné d’un ami lorsqu’ils ont été visés par un tir de LBD causant la perte définitive de l’usage de leur œil. Pour chaque cas, une enquête pour "violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente par personne dépositaire de l'autorité publique et avec arme" a été ouverte par le parquet de Bobigny.
Jalil et Virgil, éborgnés
Jalil M., 15 ans, a expliqué à Streetpress avoir été touché par un tir de LBD, en marge des émeutes à Chilly-Mazarin (Essonne), dans la nuit du 1er au 2 juillet. Il a perdu l'usage de son oeil droit. Une enquête préliminaire pour violences volontaires commises par une personne dépositaire de l'autorité a été ouverte le 4 juillet, selon le parquet d'Evry. La famille et l'adolescent ont également porté plainte auprès de l'IGPN, a indiqué une source proche du dossier.
Selon la plainte (consultée par l'AFP) déposée par Virgil M., 24 ans, cet ancien militaire a croisé un groupe de policiers à Nanterre, le soir après la marche blanche en hommage à Nahel le 29 juin, et ces derniers l'ont interpellé avant de lui intimer de se "casse(r)". Puis, "sans raison aucune" selon son avocat Arié Alimi, il a reçu un projectile sur l'œil gauche, dont il a perdu l'usage.
© Agence France-Presse
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