Emanuele Bonomi était au pays dans le cadre d’un projet social de Ferrero auprès des petits planteurs. La firme s’approvisionne auprès du Mauritius Sugar Syndicate. En tant qu’un des principaux acheteurs de sucres en Europe, il analyse les conditions du marché. Il affirme que la volatilité des prix est passagère.
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Quel est le but de votre visite à Maurice ?
Le groupe Ferrero (producteur de Ferrero Rocher, Nutella, Kinder et Tic Tac) est engagé dans un projet quinquennal de Corporate Social Responsibility auprès des petits planteurs mauriciens. Le but est d’améliorer leur qualité de vie avec un meilleur rendement de la canne et encourager les jeunes à s’engager dans cette filière et assurer la pérennité de la culture.
Au cours de cette période de cinq ans, qui a démarré en 2015, nous achetons une moyenne annuelle de 4 000 tonnes de sucre de Maurice. Un volume est non contractuel et peut être supérieur ou inférieur, dépendant des conditions du marché. Notre partenaire est Altromercato, la première organisation italienne dans le commerce équitable. Je suis au pays pour faire un suivi avec le directeur des projets, Sanjeev Conjobeeharry, auprès des planteurs.
Ferrero est l’un des principaux fabricants de confiseries au monde. En 2010, le groupe a effectué un audit de qualité de deux raffineries de sucre, Alteo et Omnicane. Et pour la septième année consécutive, Ferrero achète du sucre mauricien. Le groupe est passé par des intermédiaires allemands et français. Maintenant, cela se fait par le biais d’Altromercato.
En tant que directeur des achats dans le segment des sucres, quelle est votre analyse du marché européen ?
Maurice est un des principaux exportateurs historiques de sucres vers l’Europe. Aujourd’hui, les conditions du marché mondial ont changé de manière dramatique. Les réformes agraires au sein de l’Union européenne font qu’avec la fin du mécanisme de quotas, on se retrouve dans une situation unique. Il existe une surabondance de sucre sur ce marché pour la récolte 2017-18. Ce faisant, le prix est sous pression.
Je tiens à être très clair à ce sujet. Le marché est volatile. Tout acheteur industriel de sucre est conscient du fait qu’il y aura un bon moment pour se procurer du sucre et une mauvaise période. Nous bénéficions d’un meilleur prix en ce moment.
Sommes-nous au début ou à la fin d’un cycle où les prix sont bas ?
Analysons le marché mondial. Nous sortons de deux années de déficit. Avant ces deux ans, nous avons connu cinq années de surplus. Donc, l’année dernière, le prix a été stable. En 2017-18, il baisse. En Europe, le prix a été garanti par les droits d’accises et les quotas pour des exportateurs (comme Maurice).
L’Europe n’a pas été affectée jusqu’au 1er octobre 2017, car avec l’élimination des filets de protection, le marché est exposé aux tendances mondiales.
Cette date coïncide malheureusement avec une période où les prix sont à la baisse. Le cours est de 0,15 dollar (environ Rs 5) la livre, contre 0,24 dollar en raison du surplus. Ce prix affecte non seulement des producteurs comme Maurice, mais aussi ceux, d’Europe. La situation de surplus pourrait durer encore un an ou deux. En Europe, par exemple, la consommation annuelle est de 17 millions de tonnes, alors que la production sera excédentaire de trois à quatre millions de tonnes et qui trouvera le chemin du marché mondial.
À votre avis, le prix retrouvera-t-il un niveau plus juste dans le court terme ?
Le cours actuel du sucre n’est pas soutenable pour les producteurs mondiaux. Avec de tels prix, des producteurs de certaines régions estiment que ce n’est plus viable de cultiver la canne et de fabriquer du sucre. Nous devons nous attendre à ce que la production soit réduite. Le marché mondial du sucre sera déficitaire à nouveau dans le moyen terme. Les prix repartiront à la hausse. C’est ce que nous avons vu au cours des 50 dernières années. Il faut aussi tenir compte du fait que la consommation mondiale du sucre augmente entre 1,5 % et 2 % chaque année.
En tant qu’acheteur de sucres, constatez-vous une différence entre le sucre produit à Maurice et celui fabriqué ailleurs ?
En termes de qualité, le sucre mauricien est Top Class. En 2010, quand nous sommes venus faire l’audit, nous avons noté que les conditions dans lesquelles le sucre est produit répondent aux exigences de Ferrero. L’investissement consenti par l’industrie sucrière est un signe positif quant à l’importance accordée à la qualité et cette volonté d’amélioration continue. Nous avons décidé de lancer le projet en nous basant sur ces facteurs.
Ferrero envisage-t-il de diversifier ses achats en se procurant des sucres spéciaux mauriciens ?
À ce jour, nous n’achetons que du sucre blanc raffiné. L’avenir de la confiserie repose également sur la capacité de développer des produits avec divers types de sucres présentant de nouvelles caractéristiques. Le sucre de catégorie Demerara, par exemple, pourrait nous intéresser. Un autre segment sucrier que nous étudions en ce moment est le sucre bio – sucre organique – qui prend de l’ampleur dans le monde. La croissance mondiale annuelle dans ce créneau est à double chiffre. Évidemment, il y a de plus en plus d’entreprises qui sont à la recherche de ces types de sucres.
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