Elle a tenté une première fois de tuer son mari - Fawzia Ramjaun : «Mo ti met pwazon dan so maspin»

Ce n’est que mardi que la police a réussi à faire cracher le morceau Fawzia Ramjaun. Cette dernière a finalement avoué que c’est bien elle qui a tué son mari en 2005 en lui donnant du poison. Comment se fait-il que l’enquête ait duré aussi longtemps ?

L’enquête sur la mort d’Iqbal Ramjaun, à Glen-Park, n’avait conduit à aucune arrestation en 2005. Douze ans après, sa veuve Fawzia Ramjaun est passée aux aveux. Elle a déclaré aux enquêteurs avoir utilisé du cyanure pour tuer son mari. Comment cette enquête a-t-elle duré aussi longtemps ? Y a-t-il eu des manquements ?

C’est dans la nuit du 25 janvier 2005 qu’Iqbal Ramjaun avait été transporté d’urgence à l’hôpital de Candos par son frère. Toutefois, le personnel soignant n’a pu que constater qu’il avait déjà rendu son dernier souffle. Prévenue de la mort suspecte de ce gérant de quincaillerie, la police de Vacoas a commencé à enquêter.

Les policiers ont interrogé les proches de la victime. « Bann zanfan e bann pros inn dir ki li ti ena malad leker. Li ti pe swiv tretman. Ler zot ti pe amenn li lopital, li ti pe gagn kouma enn ronfleman », nous explique un policier qui, à l’époque, était affecté au poste de Vacoas.

L’autopsie avait été pratiquée par le Dr Maxwell Monvoisin, médecin légiste. « Il avait conclu que la mort d’Iqbal Ramjaun était due à un œdème cérébral. Il a demandé que l’enquête soit approfondie. à l’époque, c’est la Major Crimes Investigation Team (MCIT) de Curepipe qui avait pris l’affaire en main », ajoute notre interlocuteur.

Des échantillons prélevés sur le défunt avaient été envoyés au Forensic Science Laboratory (FSL) pour y être analysés. Le rapport a révélé qu’il y avait des traces de cyanure dans l’organisme de la victime au moment de sa mort. Lors d’une enquête judiciaire, les proches et l’épouse d’Iqbal Ramjaun avaient de nouveau été entendus. Le rapport du FSL avait aussi recommandé que l’enquête soit réouverte.

Entre-temps, les enfants de Fawzia Ramjaun ont grandi et cette dernière s’est mise à voyager. Tout dernièrement, elle s’était rendue en Angleterre. Les limiers de la MCIT attendaient qu’elle revienne au pays afin de pouvoir l’interroger à nouveau.

Mardi, lors de son interrogatoire, la veuve a fini par cracher le morceau. Elle a expliqué que le second mariage d’Iqbal a été la source de tous ses ennuis. Iqbal Ramjaun avait contracté le nikkah avec sa voisine à peine deux mois avant son décès. « Il me frappait et s’occupait davantage de l’autre », a déclaré Fawzia. Elle a donc tenté de se débarrasser de lui. « Un jour, j’avais préparé un gâteau et mo ti met pwazon dan so maspin, mais il ne l’a pas mangé », a-t-elle confié.

Le 25 janvier 2005, à la suite d’une nouvelle dispute, Iqbal avait demandé un verre d’eau à Fawzia. Cette dernière a alors versé du cyanure dans l’eau. Mamad Salim Mungly, le bijoutier qui aurait fourni le poison, a également été arrêté. L’épouse et le bijoutier ont été provisoirement inculpés de meurtre devant la cour de Curepipe.

Fawzia Ramjaun a déclaré aux enquêteurs qu’elle regrette son geste : « Je pensais qu’à l’hôpital, on pourrait le soigner. Je regrette. » L’enquête est menée par le chef inspecteur Goolaub, l’inspecteur Juggoo, le constable Manoovaloo et la policière Jammac sous la supervision de l’assistant surintendant de police Gérard.

Me Neil Pillay : « Une enquête judiciaire vise à déterminer s’il y a eu meurtre »
Dans le sillage de la mort d’Iqbal Ramjaun, une « judicial enquiry » avait été ouverte. L’avocat Neil Pillay précise que « c’est une procédure initiée en cour de justice pour déterminer si une personne a été victime d’un meurtre. Il n’y a pas d’accusé, seulement des témoins qui viennent déposer. À la lumière des témoignages et des éléments recueillis, le magistrat émet un rapport pour dire quelle tournure devra prendre l’enquête ».