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Elle a servi son pays, elle a payé de sa vie - Dimple Raghoo : cinq ans après, une douleur qui ne s’apaise pas pour ses sœurs

Dimple en compagnie de ses sœurs, elles étaient très proches.
  • Meerkhan et Carman condamnés à 23 ans et à 12 ans de prison
  • Chaya : « Zot pann ena okenn pitie pou mo ser »

Elle portait l’uniforme avec fierté. Et elle est tombée en plein devoir. Près de cinq ans après le drame de Bo’Valon Mall, le souvenir de la caporale Dimple Raghoo reste intact. Mais pour sa famille, ses sœurs surtout, la blessure est vive, le verdict tombé en Cour d’Assises n’ayant fait qu’ajouter à leur amertume.

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Leur univers s’est effondré ce 20 novembre 2020. Depuis, les sœurs de Dimple Raghoo, issues d’une fratrie de sept filles, n’arrivent pas à refermer la plaie. « Seki nounn viv sink an de sa, li ankor kouma yer dan nou lespri. Nanye pann sanze », lâche Chaya, l’aînée. Pour elle comme pour ses cadettes, Dimple était bien plus qu’une policière : elle représentait la force tranquille, le pilier après la mort de leurs parents.

« Li ti nou fierte. Depi tipti li ti anvi vinn lapolis. Li ti kontan ed dimounn », raconte Chaya, les yeux embués. Ce choix de carrière, Dimple l’assumait pleinement. Ses proches se souviennent d’une femme joviale, aimante, toujours prête à se rendre disponible.

Mais le destin a frappé une première fois : leur mère, puis leur père, tous deux emportés par la maladie. Deux coups durs que les sept sœurs avaient affrontés ensemble, soudées. « Nou ti fer tou ansam », dit Chaya. Puis, quatre ans après le décès du père, le drame du parking du Bo’Valon Mall les a plongées dans l’horreur.

Ce vendredi 20 novembre 2020, bien qu’en congé, Dimple Raghoo accepte de venir en renfort lors d’une opération. Elle est aux côtés de l’agent Benoit Gilbert Arlanda. Leur mission : intercepter une transaction de drogue estimée à Rs 500 000 dans le parking du Bo’Valon Mall. Dans le véhicule ciblé se trouvent Wazil Ally Meerkhan et Dylan Bryan Josué Carman.

Lorsque les suspects repèrent les policiers, ils démarrent en trombe. Malgré les sommations, le conducteur fonce. Le policier Arlanda est blessé. Dimple Raghoo, elle, est percutée de plein fouet, traînée sur plusieurs mètres... Elle meurt sur place. Ce drame a secoué tout le pays. « Fason zot inn fer pa imin. Zot pann ena okenn pitie pou nou ser », dit Chaya, encore révoltée.

Un procès qui rouvre les plaies

Le procès des accusés Meerkhan et Carman s’ouvre en Cour d’Assises. Chaque audience est un calvaire pour la famille. « Sak zour nou ti pe reviv sa bann moman-la, ek gagn plis detay », explique Chaya. Les témoignages, les récits des accusés, n’ont fait que rouvrir des plaies qui peinent à cicatriser.

Le jeudi 4 septembre 2025, la sentence tombe. Wazil Ally Meerkhan, le conducteur, est condamné à 23 ans de servitude pénale. Dylan Bryan Josué Carman, le passager, écope de 12 ans de prison. « Nou ti panse zizman ti pou plis sever », réagit la famille, déçue. Pour eux, la sanction est loin d’être à la hauteur de la vie fauchée.

Comme un cruel hasard, ce mois de septembre coïncide avec la date d’anniversaire de Dimple. Elle était née le 11 septembre. « Li ti pou gagn 43 an. So laniverser ti toultan extra », se remémore sa sœur. Cette date, autrefois synonyme de fête, est désormais empreinte de recueillement. « Nou pou pas sa moman-la dan rekeyman. Nou pou priye pou li ek pou nou paran », ajoute Chaya.

Les souvenirs demeurent. « Nous nous rappelons d’elle comme d’une soeur joviale, aimante, toujours disposée à aider les gens. Li ti enn dimounn extraordiner », souffle sa sœur. Des centaines de personnes s’étaient rassemblées lors de ses funérailles. La policière est partie avec les honneurs.

Stèle commémorative

Avant d’intégrer la brigade antidrogue (Asdu) de la Southern Division, Dimple Raghoo avait exercé comme Police Prosecutor devant la cour de Mahébourg. Ses collègues la décrivent comme une policière appliquée, sérieuse, dévouée. « Li ti enn hard worker, enn bon travayer », témoigne l’un d’eux. Pour un autre agent, « nou finn perdi enn tre bon eleman ».

Un an après le drame, une stèle commémorative a été érigée sur le site même de Bo’Valon Mall. Ce jour-là, le Premier ministre d’alors, l’ancien commissaire de police et plusieurs proches s’étaient réunis pour rendre hommage à cette policière tombée dans l’exercice de ses fonctions. Un geste symbolique, mais pour la famille, le manque reste béant.

Cinq ans plus tard, rien n’a changé dans le cœur de ses sœurs. Pas un jour ne passe sans que son nom soit prononcé, sans que son souvenir ne revienne. Elles se souviennent de son rire, de son énergie, de ses attentions. « Nou pa pou resi sirmont sa », reconnaît Chaya. Pour elles, la justice a peut-être tranché, mais le deuil, lui, reste inachevé.

 

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