Elle met au monde son deuxième enfant dans un autobus - Noémie, 18 ans : «Les Mauriciens ont le coeur sur la main»

Elle voulait accoucher sur un lit d’hôpital, entourée du personnel médical. Le destin en a voulu autrement. C’est sur une banquette d’autobus que Noémie, 18 ans, a donné vie à son second enfant, jeudi après-midi. 

Noémie est courageuse dans tous les sens du terme. Cette jeune femme de 18 ans s’est rendue à l’hôpital toute seule, en étant consciente qu’elle était sur le point d’accoucher à tout moment. 

Et ce qui devait arriver, arriva. Elle a donné vie à son fils sur la banquette d’un autobus de United Bus Services (UBS), sans assistance médicale, en plein cœur de Port-Louis. La chance lui a quand même souri. Des passagers lui ont porté secours.

Les images de la scène sont encore fraîches dans ma mémoire. Les passagers ont exhorté le chauffeur de foncer tout droit à l’hôpital en raison de la situation exceptionnelle»

C’est avec une grande émotion qu’elle revient sur ce moment qui marquera à jamais sa vie.  « Je me rendais à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, à Port-Louis, car ma grossesse était à terme et j’avais des contractions. Quand j’attendais l’autobus sur la gare routière de Résidence Vallijee, j’avais des sueurs froides et je n’en pouvais plus. J’ai pris un autobus de UBS et je me suis assise devant. Je me suis penchée en avant. J’ai eu des contractions pendant quelques minutes, puis j’ai accouché. J’ai immédiatement appelé au secours et une passagère s’est approchée de moi et elle a tenu la tête et les jambes de mon fils. Une autre a apporté des serviettes afin de soutenir le bébé jusqu’à notre arrivée à l’hôpital », confie la jeune mère célibataire.

« La peur de ma vie »

Certes, même si tout est bien qui finit bien, cette habitante de Pointe-aux-Sables avoue avoir eu la peur de sa vie quelques minutes précédant son accouchement. « Les images de la scène sont encore fraîches dans ma mémoire. Je me souviens que les passagers ont exhorté le chauffeur de foncer tout droit à l’hôpital en raison de la situation exceptionnelle. J’ai eu la peur de ma vie en constatant que mon bébé ne pleurait pas et ne bougeait pas quand il est né. J’ai poussé un ouf de soulagement lorsqu’il a ouvert ses paupières », relate Noémie. 

Une fois à l’hôpital, elle a été conduite en salle, où elle a reçu l’assistance du personnel médical. Une arrivée qui a été immortalisée par plusieurs individus. « J’étais consciente que j’étais arrivée et je me rappelle aussi qu’il y avait un grand nombre de personnes. Tou bann dokter ti desann. J’ai été transportée sur une civière. Inn fer mwa get ti baba. Inn dir mwa tou korek avek li. Lerla monn gagn enn soulazman », dit-elle avec un grand sourire.

Les Mauriciens m’ont tendu la main et je n’oublierai jamais à quel point ce beau geste m’a touchée»

Aujourd’hui, elle se sent bien après son accouchement miraculeux. C’est son second enfant, issu d’une autre union. Ses parents sont venus lui rendre visite à l’hôpital.  « Ma mère et ma sœur savent que j’ai accouché et elles sont venues à la maternité. Mon père n’est au courant de rien pour le moment », avoue-t-elle. Quant au père du bébé, il s’est évaporé dans la nature depuis fort longtemps. « Nous ne sommes plus ensemble. » 

Elle préfère ne garder que les bons moments de cet évènement exceptionnel, comme toutes les personnes qui lui ont porté secours. Elle ne tarit pas de remerciements à leur égard. 

« Je remercie les deux employés de la compagnie et les passagers qui m’ont aidée. Je sais que les Mauriciens ont le cœur sur la main et ils l’ont prouvé encore une fois. Ils ont été présents quand je me suis retrouvée dans une situation délicate, où j’ai eu besoin d’aide. La population mauricienne m’a tendu la main et je n’oublierai jamais à quel point ce beau geste m’a touchée », fait ressortir Noémie qui a hâte de ramener son bébé à la maison.

Swaley Ramjane, CEO de la compagnie UBS : «Je remercie tous ceux qui ont contribué à l’accouchement»

« Je remercie tous ceux qui ont contribué à l’accouchement. Je remercie le chauffeur, ainsi que le receveur. Je souhaite que cette jeune maman et le nouveau-né se portent bien », déclare Swaley Ramjane, CEO de la compagnie United Bus Services (UBS).

« Sur le coup, les passagers ont cru à une mise en scène », dit le chauffeur de l’autobus Ismet Imrith, le chauffeur de l’autobus, raconte qu’il devait quitter la gare de Résidence Vallijee vers 17 h 15, jeudi après-midi, pour se rendre à Vallée-des-Prêtes. « Au même moment, nous avons constaté qu’une jeune femme enceinte se tenait devant l’autobus et qu’elle voulait monter. Linn dir nou kit li lopital. Le chef de gare et le receveur lui ont demandé de s’asseoir en raison de son état et elle s’est mise à l’avant. Kan inn ariv kot bistop Venus, kontroler dir mwa nepli pou kapav ramas pasaze parski madam la so pos dilo inn kase ek linn koumans fane », raconte le chauffeur. 

« Elle se plaignait d’avoir des douleurs. Sur le coup, les passagers ont cru à une mise en scène, mais ils ont fini par comprendre que tel n’était pas le cas. C’est lorsque l’autobus a négocié le tournant menant vers les Casernes centrales qu’elle aurait commencé à accoucher.  À ce moment-là, les passagers ont compris qu’il y avait urgence. Ils ont tous voulu porter secours à la mère, qui a mis au monde son enfant toute seule. Quand nous avons entendu des cris et des pleurs, nous avons réalisé qu’il y avait un passager additionnel  dans l’autobus », poursuit Ismet. 

Il a accéléré après avoir négocié le second tournant, après les Casernes centrales. « Kan inn ariv lopital inn apel dokter. Inn resi tir madam-la dan bis ek inn amen li lopital. Letan monn fini travay monn pas lopital. Ils m’ont dit que le nouveau-né et la mère se portaient bien. J’ai été soulagé en apprenant la bonne nouvelle », se réjouit-il.