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Elle est en situation de handicap : le combat de Venita pour conserver sa maison

Venita Purbhoo, qui a subi une amputation des deux jambes, n’a jamais baissé les bras. Face à l’adversité, elle a lutté pour que ses enfants aient une maison à eux. Mais elle risque de la perdre en raison d’une histoire d’héritage.

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Venita Purbhoo, âgée de 47 ans, a élevé seule ses trois enfants. Divorcée en 2010, elle a surmonté de nombreux obstacles, mais du jour au lendemain, sa vie a basculé quand elle a subi une amputation des deux jambes jusqu’aux genoux. Elle a lutté pour vivre normalement, mais aujourd’hui, elle risque de perdre sa maison à cause d’une histoire d’héritage.

La vie de Venita est loin d’être un conte de fées. Pendant longtemps, elle a subi les coups de son époux. Ensuite, alors qu’elle était enceinte de son troisième enfant, elle a été diagnostiquée avec un diabète gestationnel. Elle a commencé à suivre un traitement, mais ignorait que sa vie allait prendre un tournant inattendu.

C’est en larmes que la quadragénaire revient sur son passé douloureux. Son défunt époux était quelqu’un de très violent, surtout lorsqu’il était sous l’influence de l’alcool. « Quand il rentrait à la maison à 23 heures, il exigeait d’avoir un repas chaud. Parfois, il prenait deux bouchées, les recrachait en disant que c’était mauvais, puis il se mettait à me frapper devant mes propres enfants », confie-t-elle.

Malgré ses nombreuses plaintes pour violence conjugale et l’obtention d’une ordonnance de protection, toutes ces mesures n’ont malheureusement pas réussi à mettre fin à la violence conjugale qu’elle endurait. De plus, outre les blessures physiques qu’il infligeait à sa femme, il s’est mis à la harceler moralement en lui faisant des remarques désobligeantes concernant sa maladie. 

Par la suite, elle a découvert que son époux avait des relations extraconjugales. Elle a décidé de se séparer de lui et de s’installer chez un proche avec ses trois jeunes enfants, puis elle a loué une maison. Certes, elle reçoit une allocation sociale pour subvenir aux besoins de ses enfants, mais comme cela ne suffit pas, elle a commencé à travailler dans des snacks pour joindre les deux bouts.

Une fois de plus, le malheur frappe Venita en mai 2016 quand elle apprend qu’elle doit se faire amputer de la jambe gauche. L’intervention chirurgicale a lieu à l’hôpital SSRN de Pamplemousses. Deux ans plus tard, en octobre 2018, en raison de complications de santé, elle doit également se faire amputer de la jambe droite. 

Combative de nature, Venita refuse de passer le reste de ses jours sur le lit et dépendre uniquement de sa pension d’invalidité. Avec l’aide de sa mère, elle lance un appel à la solidarité et parvient à se rendre en Inde où elle suit des séances de physiothérapie au centre Kusum Spine & Neuro Rehabilitation, avant que l’équipe du centre ne fabrique une prothèse adaptée à son corps, réalisée avec des matériaux spéciaux en fibre de carbone, ce qui lui permet aujourd’hui d’être autonome dans ses déplacements. Elle fait également des gâteaux sur commande pour toutes occasions, ce qui lui permet de mieux vivre.

Litige successoral

Alors que Venita pensait avoir trouvé la paix, une nouvelle menace pèse sur elle. Elle explique avoir fait une demande pour obtenir une maison de la NHDC (National Housing Development Company) à Calebasses. À cette époque, sa mère travaillait comme gardienne à l’hôpital A.G. Jeetoo et vivait en concubinage depuis une trentaine d’années avec un homme. Ce dernier avait un fils issu d’une précédente union, dont Venita affirme ne pas connaître l’existence. « Ma mère était également locataire et elle m’a proposé de venir m’installer avec elle. Étant donné leur âge, ils n’auraient pas eu une maison de la NHDC. C’est alors que le compagnon de ma mère et moi avons fait un dépôt de 50 % conjointement auprès de la NHDC pour obtenir la maison. Nous sommes tous les deux devenus propriétaires, mais c’est moi qui payais les mensualités », raconte-t-elle.

Malheureusement, quand le compagnon de sa mère décède en 2015, Venita se trouve confrontée à un litige successoral. Quand le fils du défunt est venu assister aux funérailles, Venita et sa mère lui ont expliqué leur situation concernant la maison qui était également au nom de son père. Il les a rassurées en leur affirmant qu’il n’allait pas réclamer sa part sur la maison. Pour prouver sa bonne foi, il a prêté serment devant la Cour suprême le 13 décembre 2016 en signant un affidavit dans lequel il renonçait initialement à toute part d’héritage. 

Pour régler sa dette envers la NHDC et donner également l’occasion à ses enfants de vivre dans leur propre maison, Venita, aidée de sa mère, a emprunté des fonds auprès d’une caisse d’entraide. Le 12 octobre 2022, elle a payé la somme de Rs 345 000 à la NHDC et a reçu une lettre indiquant qu’elle ne doit plus rien sur la maison.

Ensuite, elle s’est rendue chez un notaire pour déposer tous les documents nécessaires, y compris l’affidavit du fils du défunt compagnon de sa mère. « Cependant, lorsque je l’ai contacté pour lui demander de venir signer les documents, il m’a dit avoir changé d’avis et m’a expliqué qu’il allait faire valoir ses droits par le biais de la justice. Ma mère et moi avons fait beaucoup de sacrifices pour payer cette maison et voilà qu’il a attendu que nous ayons soldé notre dette auprès de la NHDC pour demander sa part d’héritage », s’indigne-t-elle.

Elle se demande si cette situation est légale et si le fils de son beau-père peut contester ses droits d’héritage, sachant qu’ils avaient déjà fait un affidavit sous serment devant la Cour suprême.

Les explications de l’avocat Bala Mukan

Interrogé pour obtenir des précisions sur cette affaire, l’avocat Bala Mukan explique que normalement un héritier peut réclamer sa part, mais dans les circonstances expliquées par la plaignante, l’héritier avait rédigé un affidavit renonçant à ses droits. « Il faut que la plaignante se munisse de l’affidavit et se présente à la NHDC pour prouver que la personne concernée a renoncé à ses droits », précise l’avocat. « Ensuite, ce sera à la NHDC de faire le nécessaire pour que la maison soit transférée à son nom », ajoute-t-il.

 

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