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Elle avait cru à un conte de fées : le désenchantement de Waheeda

waheeda Milles pensées traversent l’esprit de Waheeda.

L’histoire de Waheeda avait commencé comme un conte de fées. Mais, sa belle histoire d’amour ne s’est pas terminée comme dans les livres. Elle a vécu certes un bonheur éphémère, qui a aujourd’hui cédé la place à un véritable enfer. Récit.

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Nous sommes en 2001. Une Indienne, que nous appelons Waheeda, fait la connaissance d’un Mauricien de 28 ans. L’homme avait fait le déplacement en Inde pour trouver une épouse. Un « arrangeur de mariage » l’emmène là où habite Waheeda. Ils se rencontrent en fin de semaine. Le soir même, « au milieu de la nuit », selon Waheeda, le Mauricien donne sa réponse à la mère de la jeune femme : sa fille lui plaît et il veut bien l’épouser sur place et l’emmener avec elle à Maurice.   Les préparatifs pour le mariage débutent le lendemain matin, ou peut-être le soir même. Le nikaah est célébré quelques heures après. « Rencontre aujourd’hui, le lendemain mariage, circonstances obligent ! » laisse entendre Waheeda.

La jeune femme ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive. Sa vie a complètement changé en l’espace de 48 heures ! Pour le meilleur ou le pire ? Qu’importe. Pour le moment, le cœur de la jeune femme bat très fort. Elle n’est plus la demoiselle qui habitait avec sa maman et ses frères. Elle est devenue la femme de quelqu’un qu’elle a vu hier et elle quittera bientôt la maison familiale, son environnement, pour prendre l’avion et s’établir dans un pays étranger. Son cœur bat aussi à l’idée de prendre l’avion pour la première fois. Avait-elle imaginé dans ses rêves qu’elle allait monter à bord d’un avion ? Milles pensées traversent l’esprit de Waheeda.

Cependant, la jeune mariée peut profiter pendant quelques jours de la compagnie de sa mère et de ses frères. Son père est décédé depuis longtemps. Après le mariage religieux, son mari l’emmène dans un hôtel situé dans un autre État. Ils y passent deux jours, puis elle retourne dans son village alors que son mari prend l’avion pour rentrer à Maurice.

Trois années de bonheur puis…

Après quelques semaines, son mari vient la chercher. Il est accompagné de quelques proches. On imagine les adieux déchirants. Waheeda prend ses valises et suit son mari. Au revoir l’Inde ! 

À Maurice, Waheeda vit une nouvelle vie tranquille aux côtés de son mari. Les yeux écarquillés, les oreilles grandes ouvertes, le sens aiguisé, elle goûte au bonheur d’être une épouse. Elle prend soin de tout le monde à la maison : son mari, sa belle-mère et ses trois belles-sœurs. Quand elle prépare un repas, elle pense à tout le monde, comme elle le faisait en Inde.

Hélas, le bonheur de Waheeda sera de courte durée. Après trois années de vie commune, elle remarque un changement dans le comportement de son mari. Elle comprend vite qu’il voit d’autres personnes. Elle commence à lui poser des questions. C’est alors que leur relation commence à s’envenimer au point que l’homme devient violent et commence à lui donner des coups.

En 2016, Waheeda est agressée violemment. Son mari la roue de coups de chaussure alors qu’elle est au sol. Toutefois, elle ne se rend pas à l’hôpital. « Pour mes deux enfants », dit-elle.

Elle ne reconnaît plus l’homme qui était venu la prendre pour épouse, il y a 18 ans. Selon Waheeda, « il n’est pas forcément un mauvais père. Il travaille et subvient aux besoins matériels des enfants. Il s’acquitte des dépenses scolaires et paie les factures du foyer. Cependant, son rôle s’arrête là ». Selon Waheeda, « il n’a pas établi une vraie relation de père-enfants. Il quitte la maison tôt le matin et le soir, quand il rentre, il s’enferme dans sa chambre. Il ne parle aux enfants seulement quand il veut ».

Waheeda ajoute que la contribution financière de son mari « reste limitée à certaines choses ». Selon elle, il ne contribue nullement à l’entretien de la maison, ne lui offre jamais rien. Pour avoir de quoi s’acheter quelques vêtements pour elle, Waheeda confectionne quelques petits gâteaux qu’elle vend.

Il cherche le divorce, elle ne veut pas

À un certain moment, Waheeda dit avoir été contrainte de travailler chez quelques familles de sa localité. Elle affirme que son mari est « extrêmement jaloux » et l’accusait de lui être « infidèle ». « Il ne veut absolument pas que je parle avec quelqu’un. Il n’a jamais voulu que je sorte et que j’aille quelque part ».

La jeune femme revient sur l’épisode de 2016 quand il l’a  violemment battue. Waheeda a cherché, grâce à quelques conseils, à obtenir une protection auprès d’une organisation chargée du bien-être de la famille. Elle avance que c’est grâce à la pression exercée par cette organisation que son mari continue de subvenir aux besoins matériels élémentaires de ses deux enfants. 

Waheeda raconte : « Depuis que sa famille lui a fait comprendre qu’il risquait la prison s’il continuait à la battre», il ne la frappe plus. « Mais il veut divorcer. »  Waheeda s’y refuse. « Mon mariage représente une protection pour moi. Je peux habiter dans ma maison, avoir mes deux enfants avec moi. Il m’a arrachée de mon pays. Maintenant, il ne peut se débarrasser de moi de cette façon », se lamente-t-elle.

Waheeda, qui a 44 ans aujourd’hui, a peur pour son avenir, d’autant que son mari n’a rien fait pour qu’elle obtienne la citoyenneté mauricienne. Elle n’a même pas sa carte d’identité nationale. 

Selon Waheeda, son mari ne souhaite pas qu’elle obtienne la nationalité mauricienne. « Je veux non seulement que tu quittes cette maison, cet endroit, mais aussi que tu quittes ce pays et tu rentres chez toi. Je veux te voir mendier dans la rue, m’a-t-il dit un jour quand je lui ai parlé de la carte d’identité nationale », raconte l’Indienne.

Pour lui venir en aide, la rédaction s’est tournée vers la cellule de communication de la police et Waheeda a été dirigée vers le Bureau du Premier ministre.

Entre-temps, l’épouse partage le même toit que son mari, quelque part sur les hauts plateaux. « Il m’a dit qu’il ne peut plus me voir. Cela le rend malade… Je n’aurais jamais pensé entendre de telles paroles un jour. Surtout quand je pense à notre rencontre et notre mariage», dit-elle effondrée.

Pour Waheeda, c’est le désenchantement. L’époque où elle vivait entourée des siens en Inde est bien révolue. Sa mère n’est plus et ses deux frères sont partis s’établir à l’étranger. En Inde, il ne lui reste que sa sœur malade.
 

 

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