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Elle attend une lueur d'espoir : une mère marquée par un destin cruel

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Mathilde Mathilde attend des gestes solidaires pour ses enfants.

Des larmes ruissellent sur les joues de Mathilde (39 ans), mère de cinq enfants, quand elle raconte sa vie amère et sa situation à la veille de la fête des Mères. Son seul espoir est d'attendre un miracle pour le bien-être de ses gosses.

La vie de cette Rodriguaise n’est pas un fleuve tranquille.Lors de notre rencontre, elle nous ouvre son portemonnaie. L'unique pièce de Rs 10 est un trésor qu’elle garde précieusement pour pouvoir acheter le pain pour ses enfants.

Mathilde souffre de douleurs atroces. Sa jambe est gonflée comme un ballon. Elle est aussi hypertendue.  Sa fille aînée, âgée de 19 ans, est enceinte. Elle accouchera d’ici quelques mois. Encore une bouche à nourrir pour Mathilde, qui ne sait plus à quel saint se vouer. Sa deuxième fille a 18 ans. Elle vient de trouver un emploi comme serveuse. C'est sur elle que Mathilde compte pour faire tourner la cuisine. Sa troisième fille de 15 ans ne veut plus aller à l’école. Elle est cloîtrée depuis un mois à la maison. Elle garde le lit la plupart du temps. Sa 4e fille de 14 ans vit en Angleterre. Il semblerait qu’elle est en difficultés. Son père accapare tout l’argent qu’elle reçoit du gouvernement britannique pour ses frais scolaires. Mathilde a aussi un fils âgé de 9 ans. Le jour de notre rencontre avec sa mère, le petit garçon a des maux de tête. Il n’est pas parti à l’école, car il n’a rien avalé la veille.

Mathilde souffre aussi de malnutrition. Ne pas pouvoir nourrir ses enfants la plonge dans le désespoir. Cependant, elle a pu rétablir la fourniture d’eau dans la maison de deux pièces qu’elle occupe avec ses quatre enfants. Mais depuis un mois, elle vit sans électricité. La maçonnerie, la restauration ou encore le nettoyage ne lui font pas peur. Mais, en raison de son état de santé précaire, elle est incapable de sortir la tête hors de l’eau.

Née à Plaine Corail à Rodrigues, Mathilde n’a pas connu sa mère. Cette dernière est morte des suites d’une anémie cérébrale. Rien que d'en parler, lui fait de la peine. « Si zordi mo mama ti la, mo pas ti pou pass mizer. » Elle retient ses émotions avant de raconter que son père Alan, marin de profession, effectuait à l'époque le va-et-vient entre Maurice et Rodrigues. Après avoir trouvé un second amour, il a décidé de venir vivre à Maurice. C'est ainsi, qu'il embarque avec lui sa fille Mathilde, alors âgée de 10 ans, laissant ses trois autres enfants aux soins de leur grand-mère paternelle à Rodrigues. Une nouvelle vie pour Mathilde.

«Mo belmer ti pran tou mo saler»

À Maurice, Mathilde est contrainte de vivre avec sa belle-mère lorsque son père est en voyage. Ne sachant ni lire ni écrire, elle trouve de l’emploi dans une usine. Sur les « bons conseils » de sa belle-mère, elle lui remet naïvement  tout son salaire. Histoire d’économiser cet argent. Mais, elle découvre très vite le pot aux roses. Une fois rentrée du boulot, « mo gagn bred pou manze. Kan mo get dan poubel ena lezo poul. Lerla mo kompran li ti p servi mo kass pou nouri so ban zanfan. Li ti p fer moi fer louvraz. Li ti p batt moi kalot. »  Et quand elle raconte à son père ce qu’elle endure, tous avancent qu’elle ment.  C'est en silence, qu'elle subit les mauvais traitements de sa belle-mère.

À 17 ans, elle rencontre son premier amour.  Son chéri lui promet monts et merveilles. Elle y croit. Les deux envisagent de vivre ensemble. « Mo ti ena ziss mo linz lor mwa ek mo salerr. Monn pran enn taxi monn al kot li. » Très vite, elle découvre les mensonges de son amoureux. Outre d'étre d’une humeur belliqueuse, il n’aime pas travailler. Il dilapide les biens de la famille. De plus, il est porté sur la bouteille. Mathilde continue à vivre avec lui bien que son père ait lancé un avis de recherche. « To mor. To pa mor. Nimport seki ariv twa. Blye si to ena enn papa. » Ce sont les paroles qui résonnent encore dans sa tête aujourd’hui.

Bien qu'elle soit enceinte, Mathilde veut mettre fin à ses jours. Elle s’asperge d’alcool à la suite d’un violent accrochage avec son époux. Lorsqu'elle allume le four à gaz, elle ressent une forte chaleur lui envahir tout le corps. Ses vêtements s'enflamment. Heureusement, qu'elle est transportée d'urgence à l’hôpital de Candos. Elle y reste un long séjour mais s'en sort avec de larges cicatrices sur le cou, les bras aussi bien que sur le visage.

Mathilde enfante sa première fille à 18 ans. Elle s'appelle Ornella. Une seconde  fille nommée Orélie un an après. Quatre ans plus tard, Ariana vient au monde. Un an plus tard c’est Alexandra. Tout juste après, son fils Kimani voit le jour, un bébé prématuré qui toutefois décède un mois après son hospitalisation à Candos. Mathilde prend la décision de se faire une ligature des trompes. Mais, le médecin l’en dissuade en raison de son jeune âge. Les choses se compliquent avec son fainéant mari. Bagarre,  coups, insultes font partie du quotidien Mathilde. En plus, des enfants qu'elle doit s’en occuper.

La violence domestique

Mathilde sombre dans la dépression. Mais, elle doit quand même faire face à la situation. Elle prend de l’emploi dans une buanderie. Mais, elle a toujours mal pour arrondir ses fins de mois. Elle décide de faire la maçonnerie pour Rs 500 par jour. Qui veut dire : fouiller des tranchées pour le remplacement de vieux tuyaux, pousser des brouettes de rocs sous un soleil de plomb. Malgré ses multiples grossesses, la jeune Rodriguaise n’a jamais baissé les bras.  L'argent qu'elle touche lui sert à payer la garderie et acheter des provisions. Son mari refuse toujours de travailler et continue à boire. Avec de multiples efforts, Mathilde surmonte ces épreuves mais elle affronte d’autres conflits. Le couple vient souvent aux mains. Mathilde ne se laisse pas faire. Elle décide de quitter son mari. Ce dernier s’en prend à elle et détruit un argentier avec toute la vaisselle. Après un lapse de temps, les revoilà ensemble. Mathilde met au monde son dernier fils Didier, aujourd'hui âgé de 9 ans. Son mari la trompe avec d’autres femmes. Mathilde le surprend en flagrant délit. Il la promet de changer.

Peu après, il se rend en Angleterre. « Linn promett ki li pou fer nou vini. » Il n'a pas donné signe de vie depuis de nombreuses années. Depuis, la Rodriguaise a enchainé de multiples petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille. Aujourd'hui, malade, il ne lui reste qu’à espérer des gestes de solidarité de la part des Mauriciens pour subvenir aux besoins de ses enfants. Et ce, jusqu’à ce qu’elle se rétablisse et trouve un emploi stable.

 

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