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Éligibilité à la pension de vieillesse à 65 ans : les réseaux sociaux en feu, les vieux en sueur

Le gouvernement repousse l’âge de l’éligibilité de la pension universelle à 65 ans « en raison de l’héritage d’une caisse vide. » Or, on pensait que c’était un acquis au nom de l’État Providence. Qu’après 60 ans, on avait mérité un peu de repos tout en bénéficiant de la pension universelle. Une chaise longue, un petit café ou un bon thé à 10 heures… Eh bien non. Surprise ! Il va falloir remettre le réveil.

Le nouveau mot d’ordre : on ne part plus à la retraite, on y marche. Certains avec fière allure même s’ils ont soufflé leurs 60 bougies. D’autres avec des douleurs lombaires et un thermos de tisane.

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Le vrai drame, dans un premier temps, au moment de l’annonce, c’est que cette réforme s’applique à tout le monde, sans distinction. Que vous soyez chef de projet dans un bureau climatisé ou porteur de charges lourdes dans la construction, vous êtes logé à la même enseigne budgétaire. Et cette enseigne, c’est : « Encore cinq ans, papy. » Mais il paraît que le bon sens va prévaloir et qu’il y aura des exceptions… les durs labeurs et les personnes ayant des problèmes de santé, entre autres.

Soyons honnêtes : certains seniors sont des machines de guerre. Marche rapide à 6 heures, sudoku niveau ninja et toujours un mot d’esprit. Mais pour d’autres, leur demander de continuer à bosser, c’est comme envoyer une brouette rouillée sur l’autoroute. Elle avance… mais à quel prix ?

Heureusement, il reste une arme redoutable : l’humour populaire. Celui qui ne passe pas par les grands discours, mais par les vidéos TikTok tournées dans un salon, les montages Facebook faits sur téléphone, les punchlines postées fièrement.

Et c’est là que commence notre collection.


Pension reportée, patience épuisée pour Mamarosa

MamarosaC’est avec elle qu’on ouvre le bal. Lunettes sur le nez, Défi Quotidien à la main, 53 ans au compteur et la rage douce d’une retraitée empêchée. Elle lit l’annonce du passage de la pension à 65 ans… et perd officiellement patience. Sur TikTok, cette vidéo fait un carton.

En apprenant que l’âge pour  obtenir la pension universelle passe de 60 à 65 ans, elle lâche un cri du cœur. Brut, sincère et surtout viral. « Mo ti plan pou travay ziska 60 an. Apre mo dir mo fer enn tigit zardinaz. Me asterla mo trouve ki pansion ziska 65 ans. »

Le regard se durcit. Elle fait le calcul, à haute voix, comme si elle comptait ses années restantes sur un boulier cassé. « Savedir mo ena 53 zan... 54, 55, 56, .... 65. Be 53 lamem mo lipie inn fini feb. »

Dans le fond, sa fille ricane — le genre de rire qui annonce les ennuis : « Maa to rapel to ti dir nou koumsa nou bizin travay dir pou nou lavenir ? Be zordi to osi to pe bizin travay dan to vie lavenir. »

Réponse de Mamarosa, sèche comme un coup de vent dans un parapluie trop vieux : « To kone, mo ti fini planifie mo voyage an Europe pou mo retret. Aster mo pe bizin planifie dan bis pou mo al travay. »

Elle prend sa canne, se lève. Lentement. « Zis pa fer mwa mont leskalie. Mo retret pou vinn pli vit ki mo pansion », dit-elle.

La fille insiste. Moqueuse, comme seules les filles taquines peuvent l’être : « Maa to pa ti dire ‘la vie commence à 60 ans’ ? »

Et Mamarosa, la reine du timing comique, lâche la réplique finale qui vaut mille likes : « Inn sanze aster, inn vinn a 65 an. »


Le poids de l’âge, version allégée

Petit BlockUne image IA devenue virale. Un vieil homme qui construit un mur… avec des briques miniatures. Et pour cause : si la force baisse, autant réduire le poids.

On y voit un vieil homme, front en sueur, mais regard déterminé, posant des « blocs » pour construire un mur. Enfin… des « blocs » qui ressemblent plutôt à des briques de lait un peu fatiguées. Et pour cause : avec l’âge, tout devient plus petit, sauf les heures de travail.

« Petit block disponible biento. Pli léger ou kapav poz li pli facile. »

L’idée derrière la blague : si on ne peut pas adapter la loi à l’âge des gens, autant adapter les matériaux. Ou comment construire un pays avec des murs en mousse et des retraites en attente.

Des internautes s’interrogent : bientôt des échafaudages avec ascenseur intégré ? Des casques de chantier version orthopédique ? Ou peut-être... un coin sieste après chaque effort ?

On ne sait pas si la photo changera le monde. Mais elle a changé quelque chose : pendant quelques secondes, les 65 ans et plus se sont sentis vus. Et entendus. Même si c’est juste par un algorithme.


« Aster Chacha ! » ou l’art de remixer la foi politique

Après l’image, place à la parole détournée. L’expression de l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth « Aster Chacha ! », est devenue le jingle non officiel de la galère post-électorale. Internet s’est régalé. Nitish, lui, a résumé l’ambiance comme un oracle créole. « Aster Chacha ! » ... version remixée

Cette expression a désormais une nouvelle carrière… sur Internet. Ce qui était à l’origine une réplique de leader est devenu un cri de guerre sarcastique, recyclé à toutes les sauces, surtout depuis l’annonce du report de la pension universelle à 65 ans.

Parmi les perles du moment, celle de Nitish, partagée sur TikTok et Facebook, fait mouche : « Aster Chacha ! 60 ans pansion naibaa ! 65 ans simitier baa ! Reflesi lor la ! »

D'autres variantes fusent : « Aster Chacha, mo pa gagn retret, mo gagn rhumatisme. » « Aster Chacha, mo boss inn donn mwa boni : enn minerv e enn patch so. »

Conclusion ? Le peuple a l’art de retourner les slogans. Et quand le pouvoir parle, le peuple répond. Avec humour. Avec piquant. Et souvent, avec un « Aster Chacha » qui claque comme un fou-rire un peu amer.


Deeya Jeebun « Pran nissa »

Deeya jeebunQuand les supporters changent de ton, Deeya sort son clavier. Sa cible ? Ceux qui criaient « Changement ! » hier et qui pleurent « Déception » aujourd’hui. Et elle, elle n’a rien oublié. Elle a balancé une publication qui fait l’effet d’un claque-pie dans un mariage calme. « Enn mari nissa sa kan get ban ki ti pe lev pavion e sant Kas Kas Nicholas plore lor Facebook. Enn lot nissa mem sa. »

Son message ? Une pierre bien calibrée lancée dans le jardin de ceux qui, il y a à peine quelques mois, portaient fièrement l’étendard de l’Alliance du Changement… et qui aujourd’hui, les larmes aux yeux, font défiler des statuts tristes comme un dimanche sans briani.

Dans la nouvelle ère post-électorale, les souvenirs de campagne reviennent avec une drôle de saveur. Ceux qui chantaient « Kas Kas Nicholas » doivent maintenant apprendre les paroles de « Ki mo pou fer mo lavenir ? »

Et Deeya ? Elle regarde, elle rit, elle commente. Pas parce qu’elle se réjouit. Mais parce qu’elle avait vu venir le retournement de veste… avant même que le veston ne soit payé. 


SanBoss 22 frappe fort : « Voler pansion ? »

SanBoss 22Avec sa verve de rappeur fâché et son ton de vérité brute, SanBoss 22 frappe là où ça fait mal. Pas de demi-mesure. Pour lui, voler la pension, c’est le summum du vol. SanBoss 22 ne fait pas de poésie. Il balance.

Et cette semaine, sa phrase tourne en boucle : « Tou kalite voler nou inn tande... me voler pansion vie dimoun !!! Enn lot level sa. »


Adi Deeviana chante la tension : « Monte hogal baa… »

Adi Deevina DiganoUne autre voix s’élève : Adi. Foulard sur la tête, elle parodie avec brio la fameuse déclaration de Jyoti Jeetun. La hausse du coût de la vie « Monte hogal baa ». L’ironie ? Elle aussi, monte en flèche.
Il y a des phrases qui marquent une campagne électorale. Et puis, il y a « Monte hogal baa », la désormais mythique expression lâchée en bhojpouri par la ministre Jyoti Jeetun sur Radio Plus, pour illustrer la détresse de sa vieille mère face à la vie chère.

L'intention était noble. L’effet… mémorable.

Depuis, les internautes s’en donnent à cœur joie. Le bhojpouri de la ministre est devenu un mème national, une unité de mesure de tout ce qui dérape.

Et parmi les reines de cette moquerie, on retrouve Adi Deeviana Digano, qui en a fait une version chantée – entre TikTok et théâtre de rue :
« Pansion vieyes wa ke lazwa monte hogal baa. »
« Respirasion wa monte hogal baa. »
« Deklarasion wa monte hogal baa. »
« Cout de la vie wa monte hogal baa. »
« Baaa… Baaa… »

Adi joue une version remixée de la misère avec un sourire cynique. La satire, ici, n’est plus un simple rire : c’est un exutoire, une manière de dire « on n’a peut-être pas de pouvoir, mais on a des punchlines ».


Rire pour tenir debout

À travers tous ces sketchs, répliques, montages et commentaires, une chose ressort : le rire est devenu un réflexe de survie.

Face à un avenir qui s’éloigne à chaque réforme, les gens ne pleurent pas toujours. Ils filment. Ils postent. Ils rient — un peu jaune parfois, mais toujours avec cette intelligence populaire qui fait mouche.

Vieillir, oui. Rire encore plus. Parce qu’à défaut d’une pension assurée, il nous reste l’imagination sans limite.


Yasine : « Mo pe gete mo krwar… »

YasinePlace à la jeunesse. Ou plutôt à son désenchantement précoce. Yasine se demande s’il verra un jour sa pension. Il a résumé en une phrase ce que toute une génération pense tout bas : la retraite, c’est devenu un mirage. Un truc qui recule plus vite que la ligne de bus.

Dans une vidéo postée en story, selfie à bout de bras, Yasine balance : « Mo pe gete mo krwar kan pou ariv mo tour pou gagn pansion... zafer la pou fini ariv 85 an sa. »

Un rire nerveux suit. Puis un silence. Le genre de silence qui veut dire « mo pe blage, me mo pa vreman pe blage. »


« Morisien pa mandian ? »

Et puis il y a les mots qui vieillissent mal. Joanna Bérenger avait proclamé fièrement que « Morisien pa mandian ». Mais aujourd’hui, certains seniors se demandent s’il ne faut pas... devenir un peu mendiant pour survivre jusqu’à la pension.

Durant la campagne, Joanna Bérenger s’était montrée inspirée. Très inspirée même. Dans un élan de fierté nationale, elle avait lancé :
« Morisien pa mandian li !
Morisien pa kontan tal lame li !
Morisien ena dignite. »

La formule, bien que solennelle, a depuis été recyclée par les internautes... en sketch de rue.

Parce qu’après l’annonce du report de la pension universelle à 65 ans, beaucoup de seniors se sont demandé si tendre la main à l’État pour survivre jusqu’à leur pension, ce n’était pas justement devenu... être un peu « mandian » malgré soi.

Les mots de campagne sont beaux. Mais dans la vraie vie, ‘kan to bizin travay ziska 65 an pou gagn to minimam’, certains se disent : la dignité, c’est bien. La sécurité à la retraite, c’est mieux.

 

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