Élèves issus d’un milieu modeste : ces parents qui se sacrifient pour leurs enfants

L’un est lauréat dans la filière scientifique, l’autre classé juste après le lauréat dans la filière HSC Pro. Tous deux sont issus d’un milieu modeste. Et tous deux sont reconnaissants des efforts fournis par leurs parents pour leur offrir le meilleur encadrement possible. Témoignages.

Ils ne jouent peut-être pas d’égal à égal avec leurs camarades en termes de moyens financiers. N’empêche, Surajsingh Podano, lauréat dans la filière scientifique, et Bradley Jean Fabiano Dessalles, classé juste après le lauréat dans la filière HSC Pro, peuvent témoigner des sacrifices consentis par leurs parents pour leur permettre d’étudier dans les meilleures conditions possibles.

Selon Surajsingh Podano, le lauréat du collège Sookdeo Bissoondoyal, c’est sa mère, Maya Noruttun, qui a contribué à le hisser vers le haut. D’un air timide, c’est en toute humilité que cette mère célibataire de quatre enfants raconte le parcours qu’elle a entamé avec son fils cadet. Un parcours non sans embûches. 

« Étant mère célibataire depuis 18 ans maintenant, j’ai réuni tous les efforts pour satisfaire les besoins de mes enfants. Tant au niveau de l’accompagnement, de l’encadrement, que financièrement », explique l’habitante d’Union-Park.

Exerçant comme attendant à l’hôpital Jawaharlal Nehru à Rose-Belle, elle soutient que malgré sa situation financière difficile, elle a « fait des sacrifices afin de pouvoir payer les frais des leçons particulières de Surajsingh ». « Je prévoyais un budget spécifique pour lui chaque mois afin de réunir l’argent nécessaire », ajoute-t-elle. 

Ayant un autre fils au collège, Maya Noruttun confie que c’était difficile. « Mais nous nous en sommes sortis. Mes sacrifices et les efforts de Surajsingh ont porté leurs fruits », dit-elle avec fierté. Et d’ajouter qu’elle en fera de même pour son fils qui est en Grade 10, lui aussi au collège Sookdeo Bissoondoyal. « Il a sa propre vision, mais contribuer à la réussite de mes enfants me tient à cœur et faire leur éducation est ma priorité. Mes enfants sont ma raison de vivre. »

Son travail à l’hôpital Jawaharlal Nehru ne lui laisse pas beaucoup de temps. Mais elle ne s’en plaint pas et garde le sourire. Car c’est ce qui lui permet de répondre aux besoins de sa famille. Malgré son emploi du temps chargé et ses « shifts » à des heures irrégulières, ses enfants passent toujours en premier. « Quand je travaille la nuit, je m’occupe d’eux en rentrant vers 7 h 10. Surajsingh et son frère étant au collège, cela me donne le temps de préparer leur déjeuner avant qu’ils ne quittent la maison à 7 h 30 », raconte-t-elle.   

D’ailleurs, vendredi après la proclamation des lauréats, Maya Noruttun s’est rendue sur son lieu de travail. « Hier, j’ai travaillé de nuit, je n’ai pas dormi. » Mais son immense joie atténue la fatigue. « Je suis très fière de mon fils. Je suis aux anges car le rêve de mon fils a été exaucé. C’est un rêve qu’il caresse depuis la Form IV. En tant que parent, je lui ai seulement donné les outils et le matériel nécessaires pour qu’il puisse aller au bout de ses projets », déclare-t-elle humblement.

Surajsingh Podano n’est toutefois pas du même avis. Il se dit « éternellement reconnaissant » envers sa mère. Il estime d’ailleurs que c’est maintenant à son tour d’aider sa famille. C’est ainsi que, contrairement à de nombreux lauréats qui font le choix de partir à l’étranger après le cycle secondaire, le jeune homme compte poursuivre ses études supérieures à Maurice, du moins les trois prochaines années. 

« Je suis un peu le chef de famille. J’ai encore beaucoup de choses à faire à la maison. Je ne veux pas quitter ma mère de sitôt. De ce fait, je compte rester au pays pendant un bon bout de temps », explique le jeune homme. En revanche, il n’est pas encore fixé sur la filière d’études qu’il souhaite entreprendre. « Mais j’irai à l’université de Maurice. Toutefois, j’irai à l’étranger pour ma maîtrise. »