59 948 ménages, 12 488 commerçants et 53 286 industriels paieront l’électricité plus cher à partir de ce 1er février. Une augmentation des tarifs qui devrait affecter le pouvoir d’achat des consommateurs et augmenter les coûts de production des entreprises.
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Qui sont concernés par la hausse des tarifs ?
Abonnés commerciaux
- Nombre total d’abonnés : 46 714
- Ceux qui paieront plus cher : 12 488 abonnés commerciaux. Ces derniers consomment plus de 400 unités. Les 34 226 restants ne seront pas touchés par cette hausse.
- L’augmentation qui sera appliquée : Entre 6,4 % et 11,5 %
Abonnés industriels
- Nombre total d’abonnés : 53 286
- L’augmentation qui sera appliquée : La hausse se fera par phases sur deux ans.
Abonnés résidentiels
- Nombre total d’abonnés : 410 000
- Ceux qui paieront plus cher : 14 % des abonnés résidentiels, soit 59 948 ménages, vont devoir payer l’électricité plus cher. Ainsi, 350 052 ménages (86 % des abonnés) sur un total de 410 000 abonnés résidentiels en seront exemptés. Ils consomment moins de 300 unités, soit moins de Rs 1 804 par mois.
A retenir
510 000 C’est le nombre total d’abonnés que compte le CEB.
Les factures déjà salées pour les ménages
En recevant leurs factures en janvier, plusieurs ménages ont constaté une hausse (voir exemples plus loin). Au CEB, on fait comprendre que la facture reçue en janvier concerne le mois de décembre. « Décembre est un mois chaud, mais aussi un mois festif où les gens utilisent davantage les ventilateurs, les climatiseurs, les karchers, les fours, les guirlandes, entre autres. Ils veillent aussi plus tard et reçoivent des invités. Tous ces éléments entrent en jeu. Ce qui explique une hausse dans leurs factures », indique-t-on au CEB. Dans un communiqué, l’organisme indique : « il se peut que les factures pour les mois de janvier 2023 à mars 2023 soient comparativement plus conséquentes ». « En raison des températures élevées pendant les mois d’été, la consommation d’électricité est généralement supérieure à la normale avec l’utilisation de climatiseurs et de ventilateurs, ainsi que des réfrigérateurs fonctionnant à plein régime », explique la direction du CEB.
Les raisons derrière l’augmentation des tarifs
La flambée des prix des matières premières telles que l’huile lourde ou encore le charbon sur le marché international a affecté les coûts de production du CEB. C’est la principale raison qui a poussé l’organisme à revoir ses tarifs à la hausse.
L’augmentation qui sera appliquée pour les consommateurs
ceux qui utilisent entre 301 unités et 500 unités
- La hausse qui sera appliquée : 19,2 %
- Le nombre de consommateurs concernés : 44 356
- Le montant que paient actuellement ces consommateurs : environ Rs 2 681 par mois
- Bon à savoir : Pour chaque unité additionnelle après la barre des 300 unités, il faudra compter Re 1,69 par unité. À titre d’exemple : une personne qui consomme 400 unités devra payer pour les 100 unités additionnelles, soit l’équivalent de Rs 169 en plus.
ceux qui utilisent entre 501 unités et 1000 unités
- La hausse qui sera appliquée : 21,8 %
- Le nombre de consommateurs concernés : 13 000
- Le montant que paient actuellement ces consommateurs : Environ Rs 7 000 par mois
ceux qui utilisent entre 1 001 unités et 1 500 unités
- La hausse qui sera appliquée : 24,4 %
- Le nombre de consommateurs concernés : 1 800
- Le montant que paient actuellement ces consommateurs : Environ Rs 11 000 par mois
ceux qui utilisent entre 1 501 unités et 2 000 unités
- La hausse qui sera appliquée : 26,9 %
- Le nombre de consommateurs concernés : 483
- Le montant que paient actuellement ces consommateurs : Environ Rs 12 328 par mois
ceux qui utilisent plus de 2 000 unités
- La hausse qui sera appliquée : 29,5 %
- Le nombre de consommateurs concernés : Très peu de consommateurs
- Le montant que paient actuellement ces consommateurs : Environ Rs 16 713 par mois
Les conséquences de la hausse des tarifs décortiquées par…
…le Dr Vinaye Ancharaz, économiste
« L’électricité est une commodité essentielle, qui est à la fois un produit fini, mais qui sert aussi d’intrant dans la fabrication d’autres produits. Plus l’électricité est chère, plus le coût de production augmente. Ce qui fait monter les prix de divers produits. Il y aura donc une pression sur les consommateurs qui vont réclamer une hausse des salaires. Ce qui entraînera une poussée inflationniste. C’est un cercle vicieux. L’inflation persistera inévitablement. D’autant plus qu’il y a d’autres facteurs qui influent toujours sur l’inflation tels que la guerre en Ukraine et ses conséquences sur les prix de certaines denrées. À Maurice, les prix ont aussi grimpé en raison de la dépréciation de la roupie. Si nous appliquons une bonne politique monétaire, l’inflation sera moins élevée. Par ailleurs, si d’un côté, l’électricité coûtera plus cher, de l’autre, les prix des carburants devront baisser tôt ou tard. Il y aura donc des facteurs opposés. L’inflation devrait descendre à 6 %, voire 7 %, d’ici la fin de l’année. Mais, attention, une baisse de l’inflation ne signifie pas que les prix vont baisser. Elle indique juste que les prix continuent à augmenter, mais à un rythme plus ralenti. »
...Nalini Burn, socio-économiste
« D’abord, bon nombre de consommateurs ne sont pas visés par cette hausse. Ce sont surtout les gros consommateurs domestiques qui sont concernés et ils sont parfaitement capables de payer dans la mesure où l’utilisation de l’électricité corresponde de manière directe avec leur niveau de revenus. Cela dit, parfois, il y a des utilisateurs qui vivent dans une grande maison, mais qui n’ont pas forcément beaucoup d’argent. N’oublions pas aussi qu’on a demandé aux gens de travailler de chez eux, de pratiquer l’enseignement en ligne… Ce qui implique plus d’utilisation d’énergie. La question à poser est quel sera l’impact de l’augmentation des tarifs d’électricité sur toutes les catégories de business, en sachant que certaines compagnies sont très énergivores ? Vont-elles répercuter ces coûts sur les prix ou vont-elles l’absorber ? Est-ce que ce sont des articles de première nécessité qui seront concernés si jamais ils revoient leurs prix à la hausse ? Quel impact alors sur les plus vulnérables ? Il faudrait aussi voir si des entreprises ne vont pas profiter de la situation pour monter les prix. Par ailleurs, une hausse des tarifs permet de faire des économies d’énergie. Encore faut-il que le gouvernement vienne de l’avant avec des mesures compensatoires. Il y a tous ces aspects à prendre en considération. De même, il faudra distinguer entre les tarifs qui augmentent et l’effet en chaîne que provoquera cette hausse. Est-ce que le taux d’accroissement des prix sera de 1 % ou de 4 %, voire 5 % ? Cela dit, si les producteurs absorbent les coûts, il n’y aura aucun impact sur les prix de vente. Attendons voir ! »
…Shaktee Ramtohul, expert-comptable et consultant en affaires
« Il faut voir si les commerçants et gérants des supermarchés vont passer les coûts aux consommateurs. Ce qui impactera l’inflation. Je ne vois pas l’inflation baisser en dessous du double chiffre dans les mois à venir. L’inflation en glissement annuel va définitivement s’aggraver au cours du premier semestre de l’année. Il faudrait dans la même foulée accélérer la transition vers l’énergie renouvelable, car si les tarifs ont grimpé, c’est en raison d’une hausse des prix des matières premières. Or, nous avons huit à neuf mois de soleil constant par an et cette ressource est sous-utilisée. Cela doit être une priorité immédiate. »
Il a dit
Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs
« Il y a une unanimité qu’il n’y aurait jamais dû avoir une augmentation des tarifs de l’électricité. On vient assommer davantage les consommateurs qui souffrent déjà d’une hausse du coût de la vie. La compensation salariale sera vite engloutie. »
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