L’histoire se répète, mais avec une intensité décuplée. L’Alliance du Changement a marqué un tournant décisif en infligeant au Mouvement socialiste militant un 60-0, le troisième depuis l’indépendance. Bien plus qu’une défaite électorale, cette humiliation rebat les cartes du paysage politique, avec des écarts impressionnants entre les candidats.
La « maison orange » s’est effondrée tel un château de cartes. Le Mouvement socialiste militant, à la tête de L’Alliance Lepep, encaisse pour la seconde fois un 60-0. Une défaite plus éclatante encore qu’en 1995, lorsque le tandem Ramgoolam-Bérenger l’avait déjà emporté de manière écrasante. Celle de 1982 avait été subie par le Parti travailliste. Cette victoire de l’Alliance du Changement a été célébrée par des scènes de liesse populaire à travers tout le pays.
À Triolet, reconquis par Navin Ramgoolam après sa défaite de 2014, des milliers d’habitants ont fêté jusqu’aux petites heures, scandant « Allez Navin », « Navin napa kile », ou encore en entonnant « BLD » avec ferveur. Le pays était uni dans cette victoire, refusant un système, appelant à un grand changement, et nourrissant un espoir immense pour l’avenir. Si Pravind Jugnauth avait déjà connu la défaite en 2005, n’ayant pas été élu malgré sa position de vice-Premier ministre, cette fois-ci, c’est l’humiliation.
Ce troisième 60-0 depuis l’indépendance rappelle celui, historique, de 1982, avec des écarts impressionnants entre les troisièmes élus et les quatrièmes, comme cette année-là. Un exemple frappant est la circonscription n°4 (PortLouis Nord/MontagneLongue), où Ludovic Caserne, troisième, devance Adrien Duval, quatrième, de 11 555 voix. Au n°8 (Quartier-Militaire/ Moka), le Premier ministre sortant, Pravind Jugnauth, a été défait dans son propre fief avec un écart de 3 726 voix, devancé par le novice Govinden Venkatasami. Alan Ganoo, invaincu depuis 1982, a également subi une lourde défaite dans son bastion de la circonscription n°14, battu avec un écart de 15 182 voix par rapport à la troisième élue, Véronique Leu-Govind.
Quant à Ivan Collendavelloo, il termine en septième position au n°19 (Stanley/Rose-Hill), avec 8 373 voix de moins que Sydney Pierre, élu en troisième position. Et Xavier-Luc Duval ? Sa rupture avec Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, suivie de son choix de reformer L’Alliance Lepep avec Pravind Jugnauth, lui aura été fatale. Son virage à 180 degrés – passant du rôle de leader de l’opposition, critiquant le gouvernement, à celui de soutien du bilan de ce même gouvernement – lui a coûté cher. Élu quatre fois dans la circonscription n°18 (Belle-Rose/Quatre-Bornes), il termine cette fois-ci en quatrième position avec un retard de 15 999 voix sur le troisième élu, Veda Baloomoody. Le taux de participation à cette élection, de 79,30 %, est aussi remarquable. Sur les 1 002 857 électeurs inscrits, 795 243 se sont rendus aux urnes, marquant le taux le plus élevé depuis les élections générales de 2010. Lors du dernier 60-0, en 1995, le taux de participation était de 79,40 %, tandis qu’en 1982, il atteignait 88,84 %.
Les chiffres du Bureau du Commissaire électoral indiquent une mobilisation plus forte dans les zones rurales et semi-rurales. Alors qu’aucune des quatre premières circonscriptions n’a dépassé les 76 % de participation, dix circonscriptions allant du n°5 (Pamplemousses/Triolet) au n° 16 (Vacoas/Floréal) ont franchi la barre des 80 %, avec un taux maximal de 84,98 % pour le n°8, suivi de près par le n°13 (Rivière-des-Anguilles/Souillac), où les ministres Renganaden Padayachy et Kailesh Jagutpal étaient en lice, avec 84,55 % de participation. Pour les cinq dernières circonscriptions, le taux retombe à moins de 78 % avec Rodrigues qui enregistre le chiffre le plus faible du pays avec 69,07 %.
Ces chiffres tendent à démontrer que le désir de participer pour sanctionner aura été particulièrement fort dans les circonscriptions qui enregistrent plus de 80 %.
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