Législatives 2019

Elections générales : la classe syndicale fait entendre sa voix

Dans le sillage des élections générales prévues le 7 novembre, la classe syndicale fait aussi entendre sa voix à travers une série de revendications adressées aux principaux partis politiques. Au nom des travailleurs, la Government Services Employees Association (GSEA) et la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP) ont soumis cette semaine leurs cahiers de revendications 

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La principale demande de la GSEA concerne une réforme en profondeur de la Fonction publique avec en priorité, une refonte de la Public Service Commission (PSC), la Discipline Forces Service Commission (DFSC) et la Local Government Service Commission (LGSC). Son président, Radhakrishna Sadien, justifie sa demande en arguant que les recrutements dans le secteur doivent se faire dans la transparence, la méritocratie et les meilleures compétences. À cet effet, il réclame aussi qu’on mette fin à la délégation des pouvoirs de la PSC pour permettre aux ministères de recruter directement leurs personnels. Il estime que cela donne lieu à des abus.

Le président syndical demande avec force l’introduction d’un Public Service Bill. Il regrette que le gouvernement de l’Alliance Lepep n’ait pas tenu sa promesse après en avoir fait un des thèmes principaux de sa campagne électorale en 2014. Il attire l’attention sur le fait qu’une ébauche du projet de loi a déjà été préparée depuis des années à cet effet. 

Il milite aussi pour plus de transparence dans la Fonction publique notamment sur les questions liées à la santé et la sécurité. Il réclame un amendement de l’Occupational Safety and Health Act afin que les syndicats aient une copie des rapports sur les enquêtes menées par les Health & Safety Officers. Il regrette que valeur du jour, ces rapports ne sont remis qu’aux hauts responsables des ministères et restent dans leurs tiroirs. 

Négociations collectives 

Radhakrishna Sadien souhaite que dans le cadre de la réforme demandée, il y ait des vraies négociations collectives dans la Fonction publique. « C’est inquiétant que le rôle des syndicats dans le service civil ne se limite qu’à faire des doléances sur les heures supplémentaires non payées ou autres petits problèmes affectant les fonctionnaires. On doit être capable de négocier avec le PRB sur les conditions de services… » 

Explications claires sur la privatisation des services publics

Il explique que l’autre problème affectant les fonctionnaires, c’est le fait qu’à ce jour, il n’y a pas encore eu d’ajustement salarial suivant l’introduction du salaire minimum. 

Privatisation

Dans son mémorandum, Radhakrishna Sadien demande aux leaders des partis politiques d’expliquer clairement leurs positions sur la privatisation des services publics. Il cite entre autres la Central Water Authority. Il estime qu’une privatisation de ce secteur serait au détriment de la population avec des hausses exagérées des factures d’eau. 

Les autres demandes de la GSEA concernent le changement climatique, le tri des déchets, l’introduction de l’éducation civique dans le cursus scolaire, la délocalisation des maisons de jeux des zones résidentielles et la gratuité de l’éducation préprimaire entre autres.

CTSP

Cette confédération syndicale dirigée par le tandem Jane Ragoo/Reeaz Chuttoo fait du financement des partis politiques par le secteur privé, le point central de ses revendications. Le secrétaire de la CTSP, Reeaz Chuttoo, estime que c’est la gangrène qui affecte la démocratie à Maurice. « Nous exigeons que les partis politiques prennent l’engagement de venir avec une vraie réforme électorale et où l’on bannit une fois pour toute le financement des partis politiques par le secteur privé. »

Expliquant sa position, il avance qu’après les élections, le secteur privé ferait des lobbies en sa faveur auprès du gouvernement du jour au détriment de la classe laborieuse qui constitue le gros de l’électorat. « C’est une perversion de la démocratie », fait-il comprendre. 

Reeaz Chuttoo lance aussi un appel pour que le prochain gouvernement développe un secteur industriel durable dont la transformation agro-alimentaire car selon lui, le pays dépendrait trop sur le secteur des services. Il avance qu’une industrie agro-alimentaire solide pourrait créer des centaines d’emplois durables pour les jeunes. À cet effet, il souhaite que les autorités encouragent davantage les planteurs à cultiver leurs terres pour les besoins de l’industrie agro-alimentaire. Il dit aussi qu’il faut encourager davantage la production des légumes entre les lignes dans les champs de canne après la coupe. 

Femmes

Il propose aussi que les autorités facilitent la mise sur pied des points de vente dans les établissements hôteliers où les artisans pourront vendre leurs produits. Il cite notamment les anciennes ouvrières de la zone franche qui fabriquent des produits textiles à haute valeur ajoutée.

Le dirigeant syndical milite également pour qu’il n’y ait plus de discrimination envers les femmes dans certains secteurs d’activité, dont la construction où on n’accorde des cours de formation qu’aux hommes pour travailler dans des zones spécifiques. Il attire l’attention qu’avec l’apport de la technologie, les femmes sont maintenant capables de faire le même travail que les hommes.  

Travailleurs étrangers

Reeaz Chuttoo lance un appel pour une meilleure protection des travailleurs étrangers. À cet effet, il souhaite l’introduction d’un Employment of Foreign Workers Regulations pour un meilleur contrôle sur les étrangers qui travaillent à Maurice, notamment sur leurs agents recruteurs, les compagnies où ils travaillent et leurs conditions de service. Il estime que ce serait un moyen pour combattre le travail au noir où ils seraient surexploités. Il parle aussi de l’importance de la mise sur pied d’un Migrant Ressource Centre qui s’occuperait, entre autres, du bien-être des travailleurs étrangers à Maurice. 

Éducation 

Le secrétaire de la CTSP souhaite que le prochain gouvernement prenne des mesures pour améliorer les conditions de services des employés des Special Education Need. L’une des mesures serait que le PRB prépare un rapport salarial à leur intention. 

Dans le même chapitre, il demande la gratuité de l’éducation préprimaire. Il se dit concerné par le fait que des familles pauvres n’ont pas le moyen de payer Rs 1,000 à monter pour envoyer leurs enfants dans certaines écoles. Ce qui, selon lui, constitue une discrimination entre les enfants des riches et des pauvres. Il indique que certains pays accordent une importance capitale à l’éducation préprimaire car c’est la base même du succès des enfants dans la vie. 

Sur le plan économique, il réclame l’introduction d’une taxe de 25% sur les produits hyper luxes et des services haut de gamme et que cet argent soit utilisé, entre autres, pour améliorer les conditions de vie des vieilles personnes.

Les autres demandes de la CTSP sont notamment la réintroduction du taximètre, la limitation du mandat du Premier ministre, la modernisation du bazar de Rose-Hill, un meilleur contrôle de l’utilisation des sacs en plastique, un débat sur l’utilisation du cannabis à des fins médicinales et une politique pour encourager les jeunes à avoir plus d’enfants, etc.

 

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