Législatives 2019

Élections 2019 : aucun favori dans une campagne rapide

Lutte à trois et moins d’un mois de campagne. C’est la nouvelle configuration des prochaines élections. Pravind Jugnauth a pris tout le monde de court en annonçant la dissolution du Parlement un dimanche après-midi. Or, les prochaines élections seront atypiques, selon les observateurs. 

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L’historien et observateur politique, Jocelyn Chan Low, souligne que c’est un acte bien calculé de la part du Premier ministre. « Il a agi selon un timing précis, il a inauguré plusieurs projets alors que le pays attend le jugement de la Cour sur le cas des coffres-forts de Navin Ramgoolam ». Pour l’observateur, Pravind Jugnauth dispose d’un arsenal prêt à être utilisé dans une campagne rapide même s’il « surfe sur une vague de ‘feel good factor’ artificiel ». Jocelyn Chan Low s’explique : le gouvernement a inauguré de nombreux projets ces dernières semaines, dont le métro alors que le monde file vers une crise économique inévitable à partir de 2020. 

L’autre point négatif, c’est l’aspect communaliste des prochaines élections. Les élections de 2020 se tiendront sans « mini-amendement ». Contrairement aux législatives de 2014, les candidats devront « fort probablement » déclarer leur appartenance ethnique. « Cela jouera contre lui car il y a de nombreux jeunes qui sont contre ce système et des membres des partis de gauche ne pourront être candidats ». 

Or, dans une lutte à trois, on risque de se retrouver dans une nouvelle configuration. Selon Jocelyn Chan Low, ce sera très difficile de les départager. « Il y a de très fortes probabilités qu’aucun parti ne parvienne à obtenir une majorité confortable », dit-il. Dans ce cas, cette configuration jouera dans le sens de la stratégie du MMMqui se pose comme un joker ou la pièce manquante pour compléter le puzzle. Deux choses qui reviendront selon l’historien, c’est que dans une lutte à trois, un candidat pourra être élu avec 35 % des voix et qu’il n’y aura pas de « vote bloc » donc, pas de 3-0 dans les circonscriptions. 

Situation à son avantage

Mais Pravind Jugnauth doit craindre une seule chose. « Si jamais Navin Ramgoolam remporte son procès, il sera revigoré et Pravind Jugnauth se retrouvera en danger car il n’est pas aussi charismatique que Navin Ramgoolam », souligne Jocelyn Chan Low. 

Pour le Dr Roukaya Kasenally, spécialiste en démocratie, un Premier ministre dissout toujours  le Parlement quand il sent que la situation est à son avantage. « Il y a beaucoup de spéculations mais il faut aussi savoir que c’est aux urnes que le combat se jouera ». 

Pour l’observatrice, une telle annonce était prévisible car depuis quelques semaines, le gouvernement ne cesse d’inaugurer des projets. Mais le Dr Roukaya Kasenally souligne que cela n’empêchera pas les gens de noter que les prochaines élections se dérouleront sans mini-amendement. « Dans l’empressement, l’amendement n’a pas été voté et c’est triste que le pays s’engage dans une autre joute électorale sans la réforme », affirme l’observatrice. Selon elle, obliger les candidats à déclarer leur appartenance ethnique est contraire à l’avis des Nations unies.

D’ailleurs, ce qui est nouveau mais tout aussi inquiétant, c’est la campagne électronique (en ligne). Les risques de dérapages sont réels. « Depuis deux à trois mois, les réseaux sociaux croulent sous les messages des politiciens et des activistes. Cela peut dégénérer et engendrer des conflits d’une autre nature qui peuvent mettre en péril la paix. Il faut que les gens agissent de façon responsable et ne se laissent pas emporter ». 

Aussi, nous nous dirigeons vers une élection où, pour la première fois, ceux qui sont nés au XXIe siècle pourront voter. « J’espère que les jeunes voteront pour des programmes d’idées au lieu de se laisser emporter par le clash entre les personnalités. Les citoyens doivent ‘pousser’ pour un discours alternatif ». 

 

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