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Élection partielle au No 10 : une question de stratégie politique

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La grande question qui se pose est de savoir si une élection partielle au n° 10 aura bien lieu ou si l’Assemblée nationale sera dissoute avant que cette élection puisse avoir lieu. Deux possibilités se dessinent.

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56 040 électeurs au No 10 en 2023. 

Possibilité 1 : une partielle pour un député qui ne siègera pas à l’Assemblée nationale

Si l’Assemblée nationale n’est pas dissoute avant le 9 octobre, l’élection partielle au n° 10 (Montagne-Blanche/GRSE) se tiendra comme prévu. Le député élu ne pourra cependant siéger que jusqu’au 21 novembre 2024, date de la dissolution automatique de l’Assemblée nationale, soit un mandat d’environ quarante jours. De plus, l’Assemblée nationale est traditionnellement en congé de la mi-juillet à la mi-octobre, ce qui signifie que le nouveau député pourrait ne pas avoir l’occasion de siéger avant la dissolution.

Ce qui fait donc dire à l’opposition que le « nomination day », qui a eu lieu le 11 juillet, est une mascarade. C’est pourquoi l’alliance PTr/MMM/Nouveaux démocrates, le Reform Party et Rezistans ek Alternativ ont décidé de ne pas aligner de candidat.

L’avantage pour le Premier ministre de permettre la tenue de cette partielle est qu’il pourrait repousser les élections générales jusqu’au 15 avril au plus tard. La fin de mandat légal du gouvernement est le 21 novembre. La Representation of the People Act permet au Premier ministre de retarder l’émission du « writ of election » jusqu’au 15 janvier, de fixer le « nomination day » jusqu’au 14 février, et de tenir les élections générales dans les 60 jours suivants, jusqu’à la mi-avril. Le délai minimum pour organiser des élections générales est de trente jours. Ce qui signifie qu’en cas de maintien de la partielle, les élections générales pourraient se tenir au plus tôt le 22 décembre et au plus tard à la mi-avril.

Possibilité 2 : dissolution de l’Assemblée nationale avant la partielle

Pour la majorité des observateurs et pour les membres de l’opposition, l’on assiste à un « remake » de 2019. Cette année-là, l’Assemblée nationale avait été dissoute environ un mois avant la partielle prévue au n° 7 (Piton/Rivière-du-Rempart) après la démission de Vishnu Lutchmeenaraidoo, le 21 mars 2019, comme ministre et député. 

Au lieu d’aller directement vers des élections générales, Pravind Jugnauth avait préféré gagner du temps en passant par la partielle. Un candidat : Vikash Nuckchaddy avait même été nommé par le Mouvement socialiste militant lors du dépôt de candidatures. Mais il n’a finalement pas eu à briguer les suffrages au n° 7. Finalement, c’est au n° 9 qu’il s’est fait élire lors des élections générales qui ont eu lieu le 7 novembre 2019. 

Le chef du gouvernement pourrait réitérer cette stratégie en demandant au président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale avant le 9 octobre, annulant ainsi la partielle.

Selon la Representation of the People Act, une fois l’Assemblée nationale dissoute, les élections générales doivent se tenir dans un délai maximal de 145 jours, soit un peu moins de cinq mois. Le délai minimum pour organiser des élections générales après la dissolution est de trente jours.


Le fil des événements 

Le 11 février 2024, un communiqué annonce la révocation de Vikram Hurdoyal de son poste de ministre de l’Agro-industrie, alors que ce dernier se trouve à l’étranger. Deux jours plus tard, soit le 13 février, il surprend tout le monde en démissionnant de son poste de député du n° 10 (Montagne-Blanche/GRSE), provoquant ainsi une élection partielle dans cette circonscription. 

Aucune raison officielle n’a été donnée pour son limogeage par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à la suite d’un accord entre les deux politiciens. Le 13 février, vers 18 heures, Vikram Hurdoyal envoie une lettre au Speaker, Sooroojdev Phokeer, annonçant sa démission comme député. Il explique, dans une déclaration accordée au Défi Quotidien, qu’il a pris cette décision de manière réfléchie, affirmant avoir sacrifié sa santé et ses ressources pour aider tout le monde, sans distinction de religion, d’âge, d’éducation ou de milieu social. Il annonce également son retrait temporaire de la politique et du social. 

Toutefois, le 1er mai, il sera, tout d’orange vêtu, sur la plateforme gouvernementale pour le meeting qui a lieu à Vacoas. Le 14 février, après la prestation de serment de Naveena Ramyead comme ministre des PME, Pravind Jugnauth confirme qu’il y aura une élection partielle au n° 10. Il laisse entendre qu’il s’attend à ce que Navin Ramgoolam soit candidat, rappelant que ce dernier avait été battu dans cette circonscription lors des élections du 7 novembre 2019. 

Le 15 février, lors d’une conférence de presse, Navin Ramgoolam annonce qu’il ne sera pas candidat en cas d’élection partielle au n° 10 et que son alliance n’alignera pas de candidat non plus. Le 12 mai, la présidence de la République émet le Writ of Election pour l’élection partielle dans la circonscription n° 10, conformément à l’avis du Premier ministre comme stipulé dans la Constitution. Ce document fixe les dates du dépôt de candidatures et de l’élection. Le 11 juillet marque la date du dépôt des candidatures pour l’élection partielle au n° 10, tandis que l’élection elle-même est prévue le 9 octobre.


Résultat des élections au n° 10 depuis l’Indépendance : une circonscription qui a flirté avec le rouge, l’orange et le mauve 

Au fil des décennies, la circonscription Montagne-Blanche/GRSE a connu plusieurs tendances. Si pour les élections générales du 7 août 1967, les dernières avant l’Indépendance, le n° 10 était fortement rouge, en 1982, en revanche, il penche pour le mauve pour revenir vers une alliance Mouvement socialiste militant (MSM)/Parti travailliste (PTr) en 1983. Cette dernière remporte les trois sièges en faisant élire de justesse, c’est-à-dire avec la plus faible des majorités, soit 51 % et des poussières. En 1987, la circonscription reste fidèle à l’alliance rouge/orange. 

Par contre, en 1991, le mauve, qui est en alliance avec le MSM, domine de nouveau. En 1995 et 2000, le Mouvement militant mauricien (MMM), d’abord en alliance avec les travaillistes et ensuite avec le MSM, reste au rendez-vous pour perdre un peu de terrain en 2005 lorsque deux travaillistes se font élire. Ajay Gunness, candidat MMM, réussit quand même à se placer en troisième position, en alliance avec le MSM. 

Toutefois, depuis 2010, ce sont à nouveau le MSM et le PTr qui dominent. Deux membres des rouges, Rajesh Jeetah et Cader Sayed-Hossen, parviennent à se faire élire, ainsi que Jim Seetaram, alors membre du sérail orange. 

En 2014, le MSM rafle les trois sièges. En 2019, il obtient deux sièges, avec Vikram Hurdoyal et Sunil Bholah. Le troisième élu de la circonscription est le membre du Muvman Liberater, Zahid Nazurally, qui fait bonne figure en alliance avec le MSM. 

Cette année-là, la circonscription a montré sa distanciation avec le PTr de manière fort symbolique. Son leader, qui y avait posé sa candidature, y a été battu avec une différence de 638 voix par rapport au troisième candidat de L’Alliance Morisien, Sunil Bholah, et 5 716 voix par rapport au premier, Vikram Hurdoyal.


Nombre d’électeurs du n° 10 

La circonscription n° 10 abrite les villages de Camp-de-Masque, Médine-Camp-de-Masque, Camp-de-Masque-Pavé, Grande-Rivière-Sud-Est, Bel-Air-Rivière-Sèche, Montagne-Blanche, Melrose, Sébastopol, Olivia, Clémencia, Bramsthan, Écroignard et Trou-d’Eau-Douce. Comme c’est le cas pour beaucoup de circonscriptions, la population électorale de cette région ne cesse d’y croître. 

Année    Nombre d’électeurs

2023     56 040
2022     54 868
2021     53 688
2020     53 989
2019     52 835
2018     51 742
2017     50 959
2016     50 483

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