Ce mercredi 22 août, la communauté musulmane observe l’Eid Ul-Adha. En ce jour spirituel, elle perpétue la tradition du prophète Abraham. Les préparatifs de ce sacrifice rituel démarrent quelques jours avant.
D’épais nuages gris pèsent sur Saint-Martin. Le sentier, menant vers la ferme de Socovia Bellevue Ltée, est bordé de véhicules. Des bruits résonnent et font trembler le camion qui ne tarde pas à quitter la ferme alors qu’une vingtaine de camionnettes attendent patiemment.
Cela fait plus de deux décennies que Socovia, l’un des principaux importateurs de bétail à Maurice, livre des bœufs. Depuis une heure depuis que l’équipe Franzin de Terre-Rouge est sur les lieux. Les membres sont tous vêtus d’un t-shirt personnalisé. Zubeur Sheik Rosson est accompagné de son épouse Naila Wozir, son fils de six mois et sa belle-sœur, Naida. « Nous venons tous les ans à Socovia pour récupérer les bœufs et j’emmène ma famille pour leur faire découvrir les coulisses. » Sa camionnette peut transporter jusqu’à six bœufs qui seront ensuite livrés aux proches et amis. « Un bœuf de 400 kg coûte au moin Rs 70 000 et il est réparti en sept parts. »
Fadil Jummun et son épouse, Sharmeen Cheddee, sont de Grand-Bois. Leurs enfants dans les bras, ils confient : « Nous sommes venus pour choisir le bovin que nous allons sacrifier pour Eid Ul-Adha, et nos aînés nous accompagnent pour nous guider dans notre choix. » Pendant que certains veillent le couloir, d’autres vont s’approvisionner chez les marchands. Sous une marquise, ils vendent des gato delwil, tikas, pains kebabs et barbes à papa.
Meilleures conditions possibles
« Nous commençons très tôt le matin et depuis dimanche, nous faisons des allers-retours chez Socovia », explique Farhan Jumanally, 66 ans, propriétaire de Farhan Transport qui est dans ce domaine depuis son enfance. « En deux jours, nous en avons enchaîné une douzaine sans arrêt, sans rechigner. » Avant chaque trajet, il vérifie, nettoie et embellit sa camionnette. « Le véhicule doit être très robuste afin de pouvoir transporter cinq à six bœufs, et les membres de l’équipe s’équipent d’une solide corde pour les tirer. Une rampe est utilisée pour débarquer l’animal. Tout est fait dans le respect car l’animal ne doit pas être blessé », précise Farhan Jumanally.
Les employés de Socovia s’assurent que les bœufs quittent la ferme dans les meilleures conditions possibles. Une odeur fétide en émane. Certains animaux ruminent pendant que d’autres font la sieste. Tishen, le directeur, est coiffé d’un chapeau de cowboy et chaussé de bottes. « Le prix d’un bœuf est de Rs 70 000 à monter et c’est après la pesé qu’on fait le paiement. Depuis plus d’un mois, les clients commencent à choisir leur animal par rapport à sa couleur, son poids et sa race, entre autres. Cette année, nous avons fait provision pour 5 000 bœufs importés de l’Afrique du Sud », indique-t-il.
Plus loin, un troupeau est dépêché vers la balance Livestock Scale. Une fois cette étape achevée, il est dirigé vers le couloir. Le camion d’Emirates Cowboys se prépare à l’accueillir. Les grilles sont soulevées. Les bœufs musclés accourent vers le véhicule et s’y entassent. Leur meuglement se fait entendre. Une poignée de secondes après, ils essaient tant bien que mal de résister. En vain !
Ridwaan Oozeerally, d’Emirates Cowboys, et son équipe, veillent au bon déroulement de la livraison. Il indique que 22 familles ont sollicité leur service. « Nous devons nous munir des cordes et vérifier si le camion est en bon état avant d’effectuer le trajet. Nous procédons également au Qurbani. Je ferai le sacrifice chez moi d’abord avant de me rendre chez les autres habitants de Midlands. Puis, nous irons dans d’autres endroits où nous sommes demandés. »
Le symbolisme de l’Eid Ul-Adha
« L’Eid-Ul-Adha est bien plus que le sacrifice du bétail. Après 80 ans, le prophète Abraham a eu un enfant. Sa foi est mise à l’épreuve quand il faut sacrifier son fils. Ce n’est pas l’action mais l’effort spirituel qui est considéré », explique l’imam Zayd Imamane. Les musulmans se réveillent très tôt pour l’occasion. Ils jeûnent et prient avant de procéder au Qurbani. Puis, un repas est préparé avec cette viande qui servira à rompre le jeûne. Ceux qui n’ont pas les moyens se contentent d’un mouton, d’un bouc ou d’un cabri.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !