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Ehsan Juman : «On s’acharne contre Ramgoolam parce qu’il est le seul adversaire crédible»

Ehsan Juman sur le plateau de Radio Plus.

Quel impact le nouveau procès intenté à Navin Ramgoolam dans l’affaire des coffres-forts aura-t-il sur l’avenir du leader du Parti travailliste (PTr) et, plus généralement, sur les rapports de force politiques ? C’était la question posée ce lundi dans l’émission « Au cœur de l’info ». Pour tenter d’y répondre, les journalistes Ruth Rajaysur et Patrick Hilbert recevaient sur le plateau Ehsan Juman, député du PTr. Les observateurs politiques Dharam Gokhool et Jean Claude de l’Estrac, l’historien Jocelyn Chan Low et Abdallah Goolamally, chargé de cours à la Curtin University, sont également intervenus dans le débat.

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« Le seul adversaire politique de Pravind Jugnauth est Navin Ramgoolam. C’est la seule personne qui puisse le déboulonner. C’est ce qui explique l’acharnement contre lui. Rappelons qu’à ce jour, il n’y a eu aucune condamnation », déclare Ehsan Juman, en précisant que le PTr reste focalisé sur ses objectifs. 

Selon Dharam Gokhool, ce nouveau procès représente certes un contretemps pour Navin Ramgoolam, mais son rôle sur l’échiquier politique reste incontournable. « Quelques ajustements sont à faire sans remettre en question la stratégie globale du PTr ou encore le leadership du parti », estime-t-il.

Abdallah Goolamally, lui, pense que Navin Ramgoolam devrait se retirer de la tête du PTr. « La présomption d’innocence est là mais pour une question de principe moral, le rôle de Navin Ramgoolam doit être revu », dit-il. « Que se passera-t-il s’il est élu Premier ministre et qu’il est ensuite reconnu coupable dans cette affaire ? Le pays sera alors pris en otage », prévient-il.

Mais par qui remplacer l’actuel leader du PTr ? « À ce niveau aussi, il y a un problème. Le fonctionnement du PTr ne laisse pas la possibilité à un nouveau leader d’émerger. On bloque le processus démocratique pour que cela n’arrive pas », explique Abdallah Goolamally. On observe la même chose dans tous les partis, ajoute-t-il, d’où le besoin de « réformer pour que tout ne tourne pas autour d’un seul homme ».

Pour Jocelyn Chan Low, on revient à la case départ. « Il faut voir maintenant si ce procès va remettre en cause l’unité de l’opposition. » Démissionner parce qu’il y a un procès en cours n’est pas dans notre culture à Maurice, souligne-t-il. De plus, « quand un leader de parti ‘step down’, cela mène à une lutte de pouvoir en interne et donc à des divisions au sein du parti. »

Le PTr est aujourd’hui affaibli par ce revirement de situation, soutient Jean Claude de l’Estrac. « L’affaire des coffres-forts est un boulet politique que traîne Navin Ramgoolam. Deux jours après le congrès du PTr où l’on a vu un Ramgoolam requinqué, son pire cauchemar a resurgi. » 

Du même coup, poursuit-il, l’entente entre les partenaires de l’opposition est affectée. « Le discours de Paul Bérenger a déjà changé. Il joue maintenant la carte de Nando Bodha qu’il avait gardée comme un ‘stepney’ depuis quelque temps. C’est clair qu’il change de stratégie et qu’il est presque impossible qu’il aille avec Navin Ramgoolam. » L’ancien homme de presse affirme toutefois que rien n’est joué d’avance et qu’il faut attendre la suite de l’histoire.

 

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