Effets de la crise ukrainienne : le secteur TIC/BPO entre opportunités et déconvenues

La guerre entre l’Ukraine et la Russie a amené des entreprises étrangères à délocaliser leurs activités à Maurice.Cependant, les limites locales en termes de main-d’œuvre qualifiée restent problématiques. 

Le conflit russo-ukrainien influe sur le secteur TIC/BPO à Maurice. Ashvin Pudaruth, Managing Director de SD Worx Mauritius, affirme que la perception de stabilité dans notre pays a augmenté en raison de l’instabilité en Europe de l’Est. Certaines activités qui, avant la crise ukrainienne, s’effectuaient dans cette région auraient été délocalisées chez nous.

Shateeaum Sewpaul, General Manager de Harel Mallac Technologies, explique que plusieurs multinationales considèrent Maurice comme une destination intéressante. « Il y a des pourparlers avec les autorités locales à ce propos. Certaines entreprises, notamment celles qui développaient leurs projets via l’Ukraine ou la Russie, envisagent de déplacer leurs activités à Maurice », fait-il ressortir. Et selon nos informations, deux sociétés ukrainiennes auraient d’ores et déjà déplacé leurs opérations ici. Disposant d’une bonne réputation et en tant que référence pour traiter avec différents horaires, Maurice tirerait ainsi avantage du conflit à la frontière de l’Europe.

Toutefois, ces entreprises ukrainiennes puiseraient dans le peu de ressources humaines disponibles pour le secteur TIC/BPO. Selon Shateeaum Sewpaul, ces grosses compagnies provoquent un déséquilibre de la grille salariale. « Elles disposent d’une forte capacité financière et paient en dollar ou en euro. Nous souffrons de cette situation, car elles puisent dans notre bassin de ressources. Les sociétés qui sont déjà établies risquent de perdre leurs clients dans l’éventualité que leurs ressources migrent vers ces multinationales », déplore-t-il. Ashvin Pudaruth ajoute que recruter du personnel qualifié est devenu tellement difficile que certains opérateurs souhaitent pouvoir embaucher des étrangers.

Le secteur TIC/BPO a su tirer son épingle du jeu malgré la crise sanitaire. Cependant, Roshan Seetohul, vice-président d’Euro CRM, concède que l’activité est ralentie en l’absence d’une main-d’œuvre adéquate, mais aussi en raison de la conjoncture internationale. « On se bat sur tous les fronts pour que le secteur progresse. Nous devons maintenir le cap et poursuivre la progression. Toutefois, on ressent les effets d’une récession sur le marché mondial et notamment européen », dit-il.