Après un mois de la rentrée des classes en présentiel, certains acteurs du secteur font un bilan de la situation. Le niveau des élèves, l’indiscipline, l’angoisse, sont autant de défis qu’ils doivent relever au quotidien. Toutefois, ils ne baissent pas les bras…
Un mois après la rentrée des classes en présentiel, les acteurs du secteur sont confiants. D’abord, avec la pandémie de Covid-19, beaucoup de mesures ont été prises pour limiter la transmission. Les gestes barrières restent de rigueur.
Publicité
La rentrée des classes en présentiel a été d’abord un exercice d’observation de la part des enseignants envers leurs élèves. Puis, ce fut la mise en place avec la consolidation.
Au niveau des recteurs, le Dr Mehdi Manally, de l’Union of Rectors and Deputy Rectors des collèges d’État, souligne qu’il y a eu un fort taux d'absences au niveau des élèves, aussi bien que des enseignants. « Concernant l’emploi du temps, les arrangements sont caducs et ne servent à rien. D'autant plus que certaines écoles attendent que les enseignants soient postés par le ministère. »
Par ailleurs, les recteurs ont remarqué une baisse d’intérêt chez les élèves. « Les élèves ont décroché dans l'attente des examens qui se tiendront au mois de novembre prochain. Les enseignants manquent d'inspiration, car, selon eux, ils ont complété le cursus avec les classes en ligne. L'école a perdu de sa vivacité parce qu’il n'y a pas d'activité et il y règne une morosité. »
Le secrétaire de l'Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), Mansoor Kurrimboccus, fait ressortir qu’il y a beaucoup de cas positifs qui ont été enregistrés et que les enseignants sont en isolement. Toutefois, il est d’avis que le programme d’études sera complété dans les temps. « Il est vrai qu’il y a des élèves qui ont pu suivre les cours en ligne, mais il y a aussi ceux qui n’ont pu le faire faute d’une connectivité adéquate. Nous faisons de notre mieux pour les aider et leur permettre de terminer le programme. »
Au primaire, le président de la Mauritius Head Teachers' Association (MHTA), Anand Seewoosungkur, soutient qu’il y a maintenant une stabilité dans le taux de présence, contrairement aux premiers jours. « Les cas que nous enregistrons ont bien diminué. Autrefois, il y avait deux ou trois cas positifs par jour, mais maintenant, il y en a un ou deux. La ‘testing team’ est de moins en moins sollicitée. »
L’instituteur Vishal Baujeet précise que les élèves ont repris le chemin de l’école après une longue attente. « Depuis le 7 février dernier, les élèves ont repris le chemin de l'école en présentiel après une longue attente. Actuellement, c'est la suite du troisième trimestre de l'année académique 2021-2022. Les cours ont été perturbés avec les récents événements et le nombre croissant de cas positifs à l'école, mais avec le calendrier étendu, le retard peut être rattrapé. »
Le programme d’études sera complété."
Il explique que c’est difficile de continuer le programme d’études avec les absents. Cependant, avec le calendrier étendu, les enseignants peuvent couvrir le programme. « La solution n'est pas la fermeture des écoles. Comme on peut l'observer à l'échelle mondiale, le secteur de l'éducation s'adapte à la situation pandémique afin qu'il y ait une continuité dans l'éducation des élèves. Avec un travail régulier et une révision continue, les enseignants peuvent garder les élèves connectés au programme. Aussi, proposer quelques exercices pratiques complémentaires peut éveiller plus de confiance chez les élèves », soutient Vishal Baujeet.
Anand Seewoosungkur soutient qu’avec la remise à niveau qui s’est tenue les deux premières semaines, les écoliers sont mieux armés. « Les enfants sont maintenant habitués à venir à l’école. Les enseignants font de leur mieux pour répondre aux besoins des enfants et les aider à compléter leur programme d’études. »
Indiscipline
Pour l’enseignant Brian Pitchen, il faut casser les habitudes obtenues à la maison. « Certains élèves ont perdu l’habitude de venir en classe cinq jours par semaine entre 8h30 et 14h30. Il faut les motiver à travailler et à aimer l’école. »
L’indiscipline des élèves est également présente. « Certains élèves ont décroché. Ils n’étaient pas connectés avec les cours en ligne et ont pris de mauvaises habitudes. En tant qu’enseignant, il faut gérer les absences de certains élèves qui n’ont pas été à l’école à cause d’un problème de santé. »
Avec la Covid-19, il faut régulièrement expliquer aux élèves le protocole en place, car beaucoup ne le connaissent pas. À la rentrée, les responsables ont aussi fait face aux problèmes que les élèves ont rencontrés. Brian Pitchen explique que « certains élèves ont connu des problèmes sociaux, puisque les parents ont perdu leur emploi. Ils n’ont pas les moyens financiers pour s’acheter à manger. Il y a aussi des problèmes de violence qu’ils ont connus et qu’il nous faut gérer. »
C’est ainsi qu’il propose que les autorités organisent certaines activités, comme la méditation, pour permettre aux élèves de faire autre chose.
Brian Pitchen souhaite que les parents prennent leurs responsabilités et communiquent avec les enseignants pour un suivi régulier à la maison.
Mansoor Kurrimboccus souligne avoir remarqué certains cas d’indiscipline parmi les élèves. « Parmi les jours où les cours étaient dispensés en ligne, il y a eu des élèves qui n’étaient pas connectés et qui étaient livrés à eux-mêmes. Lorsqu’ils sont retournés à l’école, nous avons remarqué un changement dans leur comportement. Il nous a fallu leur parler, les comprendre, et maintenant, les choses commencent à s’améliorer. »
Promotion
Dans les écoles primaires, il y a, en ce moment, des cours dispensés aux enfants nés entre janvier et mai 2015 et ayant déjà atteint l’âge de sept ans. Ces derniers pourront passer en Grade 2, en suivant des classes spéciales qui sont actuellement en place. Une évaluation se tiendra à la fin de ce premier trimestre pour connaître le niveau académique atteint.
Anand Seewoosungkur précise que les enseignants désignés à faire ces classes utilisent les ‘learning packs’ déjà distribués. Toutefois, ils sont créatifs et produisent leur propre ‘worksheet’ pour compléter leur programme scolaire. La promotion concerne aussi les élèves de Grade 5 qui souhaitent passer en Grade 6, ceux de Grade 10 qui souhaitent prendre le School Certificate (SC) et ceux de Grade 12 qui souhaitent prendre le Higher School Certificate (HSC). À ce niveau, des recteurs affirment que si certains souhaitent franchir le pas, beaucoup hésitent encore.
Remise à niveau
Yugeshwur Kisto, président de la Government Secondary School Teachers' Union (GSSTU), affirme, pour sa part, que dès la reprise, les enseignants se sont immédiatement mis à l’ouvrage pour une remise à niveau. Cependant, le constat est que : « le “décrochage” des élèves n’est qu’une théorie qu’on peut bien se passer. Certes, il y a une proportion non-majoritaire des élèves qui, pour une raison ou une autre, n’ont pu être au diapason des cours en ligne, mais l'allongement du calendrier scolaire aidera à rattraper. Il y a plus de temps à l’engagement pédagogique. »
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !