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Éducation secondaire : pourrait-on éviter la fermeture des cinq collèges privés ?

Des élèves du Lycée de Beau-Bassin dans la cour.
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Cinq collèges privés ne percevront plus de subventions de l’État à compter de janvier 2024. Les conséquences sont importantes pour les administrateurs, élèves, enseignants et non-enseignants. Ces établissements auraient-ils pu garder la tête hors de l’eau ? Éléments de réponse.

En janvier 2024, le paysage éducatif du secondaire privé connaîtra des bouleversements majeurs. En effet, sur les 111 établissements privés existants (88 grant aided et 23 fee paying), l’avenir de cinq d’entre eux est en suspens suite à la suppression des subventions de l’État. Les collèges concernés suivants sont : Mauritius College Boy’s Department, Curepipe ; Mauritius College Girl’s Department, Curepipe ; Merton de Pamplemousses ; Lycée de Beau-Bassin et Medco Cassis. Ils sont surveillés de près par la Private Secondary Education Authority (PSEA). 

Comme révélé par le Défi Quotidien du mercredi 12 juillet dernier, les raisons ayant poussées la PSEA et le ministère de l’Éducation à cette décision sont multiples. Les collèges Mauritius College Boy’s Department et Mauritius College Girl’s Department de Curepipe sont sanctionnés à cause des relations industrielles tendues. Malgré les nombreuses tentatives des autorités pour ramener l’ordre, la situation n’a pas évolué. 

Toutefois, les responsables de cet établissement ne comptent pas rester les bras croisés. Ils affirment étudier les possibilités légales. Quant aux trois autres établissements, c’est le nombre d’élèves qui fait défaut. Ces derniers ont moins de 175 élèves pour le mainstream et l’Extendend Programme. 

Éviter la fermeture 

Avec les conditions actuelles, la fermeture de ces établissements semble inévitable, toutefois, plusieurs pédagogues soulignent que cette situation aurait pu être évitée. Parmi, on retrouve Soondress Sawmynaden, un recteur à la retraite. Selon lui, pour respecter le critère concernant le nombre d’élèves, imposé par les autorités, il  aurait fallu tenir des classes réduites. « Il faut garder tous les collèges privés ouverts, car il ne faut pas ignorer leur contribution dans le paysage éducatif. Au lieu d’avoir plus de 30 élèves dans une salle de classe, il aurait fallu diminuer ce nombre. Cela permettrait aux enseignants d’accorder une attention personnalisée aux élèves », indique-t-il. 

Le pédagogue retraité souligne l'importance de ne pas oublier que le nombre d'élèves diminue d'année en année, comme le démontre la démographie. De plus, les élèves sont tenus d'obtenir cinq crédits au niveau du School Certificate (SC) afin de poursuivre leur scolarité. Selon lui, cela décourage les élèves les plus faibles de fréquenter les cours. En outre, la pandémie de Covid-19 a également entraîné une demande croissante d'admission des enfants dans les établissements privés payants.

Pour sa part, Arvind Bhojun, le président de l’Union of Private Secondary Education Employee (UPSEE), souligne avoir un sentiment mitigé quant à la fermeture des collèges. « Je dois d'abord être sincère en disant que nous ne souhaitons pas la fermeture des collèges privés. Nous devons tous tenir en compte leur contribution à l'éducation, ainsi qu'au développement de notre pays.  Il existe de nombreux collèges privés bien gérés et qui produisent encore de grands citoyens et qui réalisent des performances exceptionnelles », dit-il. De plus, fait-il remarquer, ces collèges investissent massivement dans leurs infrastructures. Ainsi, il souhaite qu’ils aient la possibilité de continuer à soutenir leurs projets dans l'intérêt des apprenants. 

Cependant, Arvind Bhojun dit condamner le comportement non professionnel de certains gestionnaires qui ont une attitude inhumaine envers le personnel et les apprenants. « Priver les élèves et les éducateurs de certaines facilités provenant des subventions du gouvernement est inacceptable. De plus, le nombre croissant de plaintes industrielles n’est pas encourageant pour le travail », ajoute-t-il.
Le président exprime son appréciation envers la ministre pour sa prise de position concernant les collèges Mauritius et le Lycée de Beau-Bassin. Il déclare : « On s'y attendait depuis des années et finalement c'est arrivé. En ce qui concerne les gestionnaires des collèges ayant une telle attitude, nous croyons que la démarche de la ministre est une indication très claire pour d’autres ». Il salue la décision de remettre le redéploiement à janvier 2024 afin de ne pas déranger le déroulement du calendrier scolaire. 

Inquiétudes 

Les 930 collégiens et les 212 membres du personnel enseignant et non enseignant de ces cinq collèges ciblés attendent avec impatience les décisions que comptent prendre les autorités à leur égard pour les prochaines années. Lucas, qui fréquente le Mauritius College (B), va participer aux examens du School Certificate (SC) cette année. Il confie qu’il s’attendait à une telle décision. « En tant qu’élève, je m’attendais à cette décision. L’atmosphère n’était pas au beau fixe au sein du collège à cause de l’attitude des administrateurs. Il y a eu beaucoup de manquements qui poussent à la démotivation », confie cet élève qui préfère, pour le moment, se concentrer sur ses études. 

Angeli Balgobin, une élève de Grade 10 à Medco Cassis, est attristée. « Je suis bouleversée par cette nouvelle. J'adore mon école. Avec un nombre d'élèves réduit, les enseignants peuvent nous accorder plus de temps. Je suis inquiète pour mon avenir, car je ne sais pas quel collège me sera attribué l'année prochaine », dit-elle.

En effet, c’est au troisième trimestre que les élèves recevront leur lettre pour leur nouvelle affectation. Ils seront admis dans des établissements se trouvant à proximité de leur résidence. Quant aux enseignants, ils seront redéployés vers la Mauritius Educational Development Company Ltd (MEDCO). Ensuite, ils seront réaffectés dans d'autres établissements. Certains avancent que cette situation pourrait constituer une solution au problème actuel de pénurie d'enseignants dans le secondaire.

Ramdass Ellayah : « Avec la menace de fermeture des cinq collèges, les établissements sont dans le rouge »

Ramdass EllayahRamdass Ellayah, le président de la Fédération des managers des collèges privés, est inquiet après l’annonce de l’arrêt des subventions de l’État à cinq collèges privés. Il met en exergue les inquiétudes des managers sur de nombreux sujets. 

Les autorités ont pris la décision d'arrêter de subventionner cinq collèges privés en janvier 2024. Est-ce que vous approuvez cette décision ? 
Dans un premier temps, il est compréhensible que les autorités prennent des mesures à l'encontre des collèges Grant-Aided qui ne respectent pas les normes requises et où des pratiques inappropriées sont observées de la part de certains responsables. Lorsque ces établissements ne parviennent pas à satisfaire ces conditions, il est légitime que des actions soient entreprises.

Le critère qui semble prévaloir ici est celui de la « rentabilité ». Cependant, posons-nous la question suivante : combien d'écoles sont réellement « rentables » ? Et qu'en est-il des écoles publiques qui disposent de plusieurs salles de classe vides ? Pourquoi ne pas fermer ces écoles ? Ne pensez-vous pas que cela représente une perte pour elles ? Par conséquent, il serait avantageux pour elles que les écoles privées ferment leurs portes pour accueillir leurs élèves. Il est essentiel que les mêmes critères s'appliquent aux écoles primaires et secondaires, qu'elles soient privées ou publiques. Avec la menace de fermeture des cinq collèges, j’appréhende l’avenir pour les autres établissements secondaires privés.  

La publication du rapport du Fact Finding Committee sur le Mauritius College n’a jamais été rendue publique. Mort lente ou mort subite, la situation est alarmante. Selon moi, chaque problème a sa solution. Plutôt que de fermer le Mauritius College, la PSEA dispose d'une clause dans la loi du PSEA qui lui permet de prendre en charge l'école, évitant ainsi toute perturbation majeure.

En plus des modifications apportées aux subventions, la manière de les calculer et à leur intégration dans l'administration des écoles, nous assistons maintenant à l'asphyxie des collèges privés. Jusqu'à quand ces établissements privés pourront-ils tenir sous perfusion ? La fermeture de ces collèges représente certainement la disparition de décennies d'efforts continus, de sacrifices et d'investissements.

En ce qui concerne les élèves et les enseignants, ils seront redéployés vers d'autres établissements, mais qu'en est-il des managers/fondateurs/propriétaires des écoles ? Est-il juste de compenser toutes les parties prenantes de l'école sauf les managers et les fondateurs/propriétaires ? Comment peut-on oublier l'extrême dévouement et la persévérance de tous ceux qui ont travaillé pour établir des écoles secondaires privées à l'île Maurice ? Rappelons-nous que les collèges privés ont constamment pris le risque de combler le vide laissé par les écoles élitistes et confessionnelles, en accueillant ceux qui avaient été exclus.

Pensez-vous qu'il soit possible d'éviter la fermeture des collèges ?
Absolument, il est tout à fait possible d'éviter la fermeture des collèges. Tout d'abord, il est essentiel de revoir le processus d'attribution des collèges en répartissant équitablement le nombre d'élèves issus du PSAC. Il est crucial de s'assurer qu'il n'y ait aucune mainmise sur la répartition des élèves. De plus, il est grand temps de promouvoir une éducation qui ne se limite pas à l'instruction académique. Il est nécessaire de repenser notre système éducatif afin que les élèves puissent s'épanouir à travers une éducation à la fois technique et académique. Dans cette optique, les collèges privés pourraient être autorisés à se convertir en écoles préprofessionnelles.

Certaines critiques avancent que les subventions de l’État aux collèges privés sont mal utilisées. Êtes-vous d'accord avec ce constat ?
Ces affirmations ne sont que des slogans utilisés par certains pour se dédouaner de leurs propres incapacités ou pour servir leurs propres intérêts. Il suffit de visiter ces écoles pour constater l'énorme investissement réalisé à tous les niveaux : infrastructures, équipements, technologies de pointe, formation, facilités, ressources humaines et bien d'autres encore.

En conclusion, il est important de se rappeler que depuis l'avènement de l'éducation gratuite, les écoles secondaires privées ont joué un rôle essentiel en aidant notre pays à tirer pleinement parti des avantages d'un système éducatif qui répond aux objectifs pour lesquels il a été créé.

Les allocations allouées 

Les gestionnaires et propriétaires des collèges privés expriment leur mécontentement concernant les modalités d'attribution des subventions qui leur sont accordées. Rappelons qu'une décision du Conseil des ministres en date du 4 mars 2022 a été prise concernant les formules de subventions et le prêt octroyé par la Development Bank of Mauritius (DBM). Ainsi, les collèges privés ont droit à une valeur locative annuelle de Rs 300 000 dans le cadre de la Formule de Subvention Globale de 2020-2023. Une autre décision qui ne fait pas consensus est la possibilité pour ces collèges de bénéficier d'un prêt pouvant atteindre Rs 15 millions, avec un taux d'intérêt de 2,75 % par an, auprès de la Development Bank of Mauritius (DBM). Ce prêt peut être utilisé pour la construction de nouveaux bâtiments ou pour effectuer des travaux d'entretien.

Un manager souligne qu’il faut, certes, règlementer pour plus de transparence, mais il soutient que la révision de Rs 217 000 à Rs 300 000 est toujours insuffisante. Selon les nouvelles conditions, les responsables doivent soumettre leurs demandes chaque trimestre pour être remboursés. Cependant, ils sont nombreux ceux qui déplorent que les finances ne suffisent pas pour gérer un collège.

Les collèges ayant  fermé leurs portes

Réception pour les lauréats - Pravind Jugnauth : « Revenez au pays après vos études » 

Une réception a été donnée le jeudi 13 juillet 2023 à la State House à Réduit aux cinquante et un lauréats pour leur remarquable réussite aux examens du Higher School Certificate (HSC) en 2022. Dans son discours de circonstance, le Premier ministre (PM), Pravind Jugnauth, leur a demandé d’être des « ambassadeurs du pays » pendant leur séjour à l’étranger. « Revenez après vos études », leur a-t-il ensuite lancé, précisant qu’il existe « de nouveaux secteurs prometteurs ». 

Il les a appelés à « devenir la force motrice du pays pour permettre à Maurice d’atteindre de nouveaux sommets de succès grâce à leurs nouvelles perspectives et idées ». Selon le PM, les jeunes ont la capacité de faire prospérer le pays et d’explorer les possibilités des technologies émergentes. Il a souligné que « le gouvernement tient à libérer l’énorme potentiel de l’économie bleue, à soutenir la croissance dans un environnement technologique moderne et à prendre les devants dans le secteur des nouvelles technologies ». 

Il a précisé avoir apporté plusieurs réformes, telles que la gratuité des transports et l’éducation gratuite pour « offrir le meilleur environnement aux jeunes afin qu’ils réalisent leur plus haut potentiel et qu’ils aient des emplois épanouissants ». 

Le président de la République, Prithvirajsing Roopun, a souligné que la performance des lauréats est « l’aboutissement d’années d’efforts inlassables, de dévouement, de persévérance, de travail acharné et d’innombrables heures d’études ». Il a précisé que pour la première fois, deux bourses nationales dans le domaine de l’économie, en hommage à sir Anerood Jugnauth, ont été décernées. 

Projet de volontariat : les jeunes de la diaspora appelés à contribuer au développement du pays

Celine Lemmel.
Celine Lemmel.

Le coup d'envoi du projet de volontariat des jeunes de la diaspora, intitulé « Nou Rasinn : Look Forward Give Back », a été donné, mercredi. Cela, par Alan Ganoo, ministre des Affaires étrangères, et la chef de mission du bureau de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Maurice et aux Seychelles, Celine Lemmel. C’était lors d'une conférence de presse tenue au siège de Coworking à Port-Louis.
Le projet, financé par l’OIM pour USD 300 000 sur une période de 18 mois allant jusqu’en septembre 2024, vise à aider le gouvernement mauricien à s'engager auprès de sa diaspora et à exploiter son précieux potentiel. « Grâce à ce projet, des jeunes de la diaspora auront l'opportunité de se connecter et de contribuer à leur pays d'origine, c'est-à-dire l'île Maurice. Cela renforcera les liens culturels et émotionnels des jeunes volontaires mauriciens avec leur pays d'origine et facilitera leurs contributions à la vie locale et au développement national », affirme Alan Ganoo.

Il souligne aussi que le gouvernement reconnaît que la diaspora est un atout précieux pour l'économie, ajoutant que grâce à ce projet, elle est encouragée à contribuer au développement socio-économique durable de Maurice. À ses yeux, la diaspora devrait « devenir un partenaire important de la mère patrie pour le transfert de compétences, l'investissement et le renforcement des capacités dans divers secteurs de l'économie ».

Celine Lemmel déclare que dans le cadre du projet, les ONG et le secteur privé ont été invités à postuler en tant qu'organisations d'accueil via un appel ouvert en mars 2023. « Suite à cet appel, un comité de sélection a examiné les candidatures, garantissant un processus équitable et transparent. Parmi les candidatures reçues, des organisations potentielles ont été présélectionnées pour accueillir les volontaires entrants de la diaspora de jeunes Mauriciens », dit-elle.

Les volontaires seront accueillis d'ici octobre 2023 pour une période de trois mois. Des appels à candidatures seront publiés ce mois-ci. Des critères spécifiques pour chaque poste ont été définis en fonction des compétences, des qualifications et de l'expérience requises. L'objectif est que 15 à 20 volontaires, âgés de 18 à 35 ans, rejoignent le projet de volontariat de cette année et travaillent dans les secteurs prioritaires pré-identifiés nécessitant une expertise, notamment l'environnement et le changement climatique ; les énergies renouvelables et l’économie circulaire ; l’éducation ; l’agriculture et l’agro-industrie ; les services maritimes ; les personnes âgées, le handicap et la protection sociale ; santé et médecine ; et les secteurs bancaire et financier.

 

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