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Éducation : l’appel des enfants autrement capables est-il entendu ?

Faire des études est important, mais les moyens nécessaires doivent aussi suivre. Des parents ayant des enfants autrement capables considèrent que les autorités doivent faire davantage pour les accompagner. La ministre de l’Éducation précise que les facilités ont été revues.

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Les équipements pour faciliter l’apprentissage des enfants autrement capables dans les écoles manquent drastiquement. C’est le constat du Professeur Armoogum Parsuramen, président de la Global Rainbow Foundation. L’ancien ministre de l’Éducation est d’avis qu’il faut mettre en place un plan d’action pour les écoles du Special Education Needs (SEN) Sector.

Armoogum Parsuramen,
président de la Global Rainbow Foundation.

Il faudra ainsi inclure une formation adéquate pour les enseignants. Il propose que chaque école soit dotée des équipements spéciaux nécessaires. Professeur Armoogum Parsuramen suggère également la préparation d’un programme d’études adapté aux enfants souffrant de handicap.

Leela Devi Dookun-Luchoomun, ministre de l’Éducation, fait, quant à elle, ressortir qu’un Strategy Paper est en passe d’être finalisé pour ce secteur. « Il y a une dernière validation à faire pour le Strategy Paper. Nous offrons tout notre soutien aux élèves handicapés. Dans les cellules intégrées des écoles, il y a des Carers, dépendant de la situation des élèves. Dans certains cas, il y a même un Carer pour un élève. Mon ministère fait de son mieux pour que tous soient pleinement intégrés dans le système formel et les écoles spécialisées. » La ministre affirme qu’un effort spécial est fait cette année au niveau des écoles privées et des facilités offertes aux enfants.

Réussite académique

Les enfants autrement capables sont aussi concernés par les examens académiques. Des moyens sont mis à la disposition des candidats porteurs d’un handicap. Parmi les épreuves auxquelles ils prennent part, il y a le Primary School Achievement Certificate (PSAC), le School Certificate et le Higher School Certificate. Les enseignants confient que les candidats sont appelés à répondre aux mêmes questionnaires que les autres. Mais ils précisent qu’ils ont droit à certaines facilités, telles que du temps additionnel, ainsi qu’une personne pour écrire les réponses ou pour lire les questions.

Programme spécial

Aneeraw Succaran, directeur de l’Association
des parents de déficients auditifs.

Aneeraw Succaran, directeur de l’Association des parents de déficients auditifs (APDA), soutient qu’il est très rare et très difficile pour les enfants handicapés d’obtenir un A+ au niveau du PSAC. « Ils réussissent à travailler la section A du questionnaire. Plusieurs ne sont pas capables de répondre aux autres numéros. »

Comptant 34 années d’expérience avec les sourds, Aneeraw Succaran souhaite que le ministère mette sur pied un programme d’études spécial pour les sourds. « Les enfants sourds ne peuvent pas continuer les études secondaires comme les autres. Il faut donc un programme spécial pour ceux qui débutent le Grade 7. La plupart sont doués pour les travaux manuels et il faut les encourager en ce sens. »

Pour le directeur de l’APDA, l’électricité, la plomberie, la mécanique et l’agriculture sont des domaines qui ne sont pas à négliger. « Le travail manuel n’est pas encouragé, mais il faut se rendre à l’évidence que chaque enfant a un potentiel à exploiter. En lui donnant un métier, il pourra par la suite gagner sa vie.»

Afin de répondre aux besoins des enfants sourds, l’APDA compte introduire des cours dans cette filière. « Nous souhaitons une collaboration étroite avec le ministère. Les centres du Mauritius Institute of Training and Development ont l’expertise voulue et il s’agit maintenant de savoir l’exploiter pour ces enfants. Dans un premier temps, nous le ferons pendant une année », indique le directeur.


Facilités offertes

Le ministère de l’Éducation a des objectifs pour l’intégration des enfants handicapés. La politique veut qu’aucun enfant ne soit laissé sur la touche et que tous aient accès à une éducation de qualité. Le nombre d’enfants avec un handicap admis dans une école spécialisée ou dans le cursus normal s’élève à 2 466. Le Budget 2017-18 prévoit des travaux d’aménagement dans huit collèges afin qu’ils puissent accueillir des enfants handicapés. Les cinq SEN Resource and Development Centres sont pleinement opérationnels à Ferney, Beau-Bassin, Plaine-des-Papayes, R. Gujadhur GS et Rivière-des-Anguilles GS. Ils bénéficient de la collaboration de quatre organisations non gouvernementales enregistrées auprès du ministère. Deux autres centres seront opérationnels à Moka GS et Allée-Brillant GS en janvier 2018. Les enfants bénéficient des services de psychologues, de physiothérapeutes et des ergothérapeutes. Ils ont aussi droit à des équipements spéciaux adaptés à  leur handicap.


 

Moyens pour les sourds

L’Association des parents de déficients auditifs (APDA) accueille 52 filles et garçons sourds, âgés entre cinq et 17 ans. Situé à Curepipe, l’école encourage ses instituteurs à suivre des formations pour être en mesure de répondre aux besoins des élèves. Aneeraw Succaran, directeur de l’association, affirme qu’un enfant sourd a des besoins spécifiques. Cependant, les enseignants qui travaillent avec eux doivent suivre une formation spécialisée. Ils sont des General Purpose Teachers et ne savent pas comment s’occuper de ces enfants. « Les enseignants font de leur mieux, mais comme ils travaillent avec des sourds, ils sont obligés d’apprendre le langage des signes. » Il déplore toutefois le fait que les enseignants ne restent pas toujours à l’APDA. Après quelques années, ils sont transférés dans des écoles de cycle normal. Aneeraw Succaran trouve que c’est une perte de temps pour le centre et pour les enfants. « L’enfant sourd a d’autres types d’intelligence qu’un enfant normal. Il faut le comprendre et lui donner les moyens de s’épanouir pour réussir. »

Les besoins des aveugles

Chez les enfants aveugles, la demande est aussi grande. Au Centre Lizie dans la main, les besoins sont là. Reynolds Permal, le directeur, souhaite une meilleure collaboration avec le ministère de l’Éducation. « Lorsqu’un enfant est aveugle ou malvoyant, il a besoin d’être entouré. Nous souhaitons recevoir la visite de pédiatres et de psychologues pour aider les enfants. » Au cours de leur année scolaire, les enfants avec un handicap visuel reçoivent leurs manuels. Ils sont soit en braille, soit publiés avec des caractères plus gros.


Considérations spéciales

Cette année, le Mauritius Examinations Syndicate (MES) a enregistré 131 demandes de considérations spéciales pour les examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC). Ces épreuves se tiendront du 24 au 27 octobre. Parmi ceux qui réclament une attention particulière, 23 répondront à des questionnaires imprimés en gros caractères, trois en braille, 11 ont recours à une personne qui écrit pour eux et 32 à quelqu’un qui lira les questions pour eux. D’autres auront besoin d’un temps additionnel.


Témoignages

Twaher : «Difficile pour ma fille d’avoir un collège»

Twaher Nandoo, qui habite Eau-Coulée, est aveugle et à la retraite. Il a exercé comme téléphoniste pendant 28 ans à la Barclays Bank. Il a deux enfants qui ont eux aussi des problèmes visuels. Sa fille Shabneez, qui est âgée de 20 ans, est aveugle.

Twaher Nandoo confie qu’il est difficile pour elle d’obtenir une place dans un établissement secondaire. « J’ai frappé à plusieurs portes pour que ma fille puisse avoir une place pour faire son School Certificate. Malheureusement, elle n’a pas été reçue. Le problème est que les enseignants ne peuvent pas lui donner le soutien voulu. Ils affirment qu’il faut qu’elle soit admise dans une école spécialisée. »

Twaher ne l’entend pas de cette oreille. Il soutient que les moyens existent pour l’intégration des aveugles dans des classes normales. Cela aide les enseignants dans leur quotidien. Le fils de Twaher, qui est malvoyant, avait obtenu 23 unités aux examens du Certificate of Primary Education en 2015. L’adolescent est au collège Sir Abdool Rahman Osman, à Phœnix.  Son père souhaite que les autorités fassent de leur mieux pour accorder le soutien voulu à ses deux enfants. « Il existe beaucoup de facilités aujourd’hui pour l’intégration des aveugles. La formation est importante pour le développement d’un individu. Si nous avons le soutien voulu, nous pourrons avancer. »

Reshaa : «Mon fils passait ses journées en classe»  

Le fils de Reshaa Koheeallee est un handicapé moteur. Âgé de 17 ans, il est aujourd’hui cloîtré à la maison. La mère de famille déplore le manque de considération à l’égard de son enfant. « Il a fréquenté trois écoles, mais les enseignants n’étaient pas formés. Il passait sa journée en classe, à regarder des magazines. Personne ne l’aidait à sortir. Il en a eu marre et maintenant il reste à la maison. »

Pourtant, elle est certaine qu’il est capable d’accomplir des choses extraordinaires. D’ailleurs, elle a pu trouver un enseignant qui vient aider son fils à apprendre le Coran en arabe. « Les autorités peuvent investir pour le progrès des enfants handicapés. J’ai une fille qui est en Form II. Lorsque je vois tout ce qui est investi dans l’éducation des enfants normaux, je me dis que cela aurait dû être le cas pour tous les enfants de Maurice, qu’ils soient handicapés ou pas. »

En chiffres

2 466. C’est le nombre d’enfants autrement capables admis dans des écoles spécialisées et du Mainstream.

Nombre d’établissements accueillant des élèves handicapés

24 écoles primaires

25 collèges

13 Integrated Units

54 SEN Schools (NGO)

5 SEN Resource and Development Centres

 

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