Les professionnels de l’éducation interrogés dans l’émission Au Cœur de l’Info sont unanimes : il n’était pas nécessaire d’étendre le premier trimestre. Ils ont également abordé d’autres thèmes comme la violence en milieu scolaire, le manque d’enseignants et l’Extended Programme.
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Quel est le bilan du premier trimestre de l’année scolaire malgré les difficultés rencontrées par les élèves et les enseignants ? C’est le thème qu’ont abordé les journalistes Jane Lutchmaya et Annick Rivet, responsable du dossier éducatif au Défi Media Group, dans l’émission Au Cœur de l’Info sur Radio Plus et Télé Plus le mercredi 5 avril 2023. Elles ont accueilli sur leur plateau Arvin Bhojun, secrétaire de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE). Jacques Daniel Sungaren, Manager des collèges Lorette de Quatre-Bornes et de Rose-Hill, Aurélie Jouana, professeur de français et d’allemand au collège Bhujoharry, et Brian Pitchen, enseignant de l’Extended Programme, sont intervenus par téléphone.
Extension du premier trimestre
Selon les intervenants, les trois jours d’extension du premier trimestre suite aux jours de fermeture pour alerte cyclonique ou de fortes pluies, n’étaient pas nécessaires dans la majorité des écoles. « L’extension a davantage servi à des activités qu’au rattrapage des jours manqués, car de nombreuses écoles avaient complété le syllabus malgré tout. Il n’y a pas beaucoup d’écoles où des enfants ont été impactés par les jours de fermeture forcée », indique Jacques Daniel Sungaren.
Arvin Bhojun soutient qu’il y a eu des cours en ligne pendant les jours de fermeture. « Nous avons même fait plus que ce que demandait le ministère. Par exemple, au lieu de commencer avec la Grade 9, nous avons commencé avec la Grade 7 », précise-t-il. Il ajoute que les professeurs ont su compléter le syllabus malgré les jours de fermeture. « On se demande d’où vient l’information qu’il y avait un retard dans les cours », lance-t-il.
Aurélie Jouana confirme que grâce aux cours en ligne, les objectifs ont pu être atteints au 31 mars 2023. « Concernant les jours supplémentaires, nous avons été pris au dépourvu. Notre planning a été bouleversé et nous avons utilisé ces jours pour consolider les acquis des élèves », dit-elle.
Violence en milieu scolaire
Selon Arvin Bhojun, le harcèlement en milieu scolaire (bullying) a toujours existé. « Les sanctions annoncées par la ministre sont un signal fort. Certaines parties prenantes ne jouent pas le jeu, des enfants manquent d’encadrement familial », commente-t-il.
Jacques Daniel Sungaren soutient que la violence a augmenté. « Le problème n’est pas au niveau de l’école, mais au niveau de l’environnement et du comportement des personnes qui servent de modèles. Quand on voit des voleurs s’enrichir, on se demande pourquoi être intègre », affirme-t-il.
« Nous avons mis en place un comité disciplinaire au collège. Au moindre souci, les élèves sont repris. Il y a certes des incidents mineurs, mais ils restent mineurs car nous les prenons à temps », explique Aurélie Jouana.
Manque de personnel
Selon Jacques Daniel Sungaren, un autre défi majeur du premier trimestre a été le manque d’enseignants. Il précise cependant que les core subjects ne sont pas réellement concernés. Selon Aurélie Jouana, il manque deux profs dans son collège. « Mais les élèves n’ont pas été impactés, car nous avons pu nous arranger », souligne-t-elle.
Concernant l’Extended Programme et la baisse du taux de réussite au National Certificate of Education (NCE), Jacques Daniel Sungaren estime qu’on ne peut comparer 2022 avec 2021. « Est-ce que les élèves avaient les mêmes facilités ? Est-ce que les papiers étaient du même niveau ? Il est malhonnête de seulement comparer les pourcentages », lance-t-il.
Brian Pitchen clame que les élèves de l’Extended Programme n’ont pas le niveau pour le NCE. « Mis à part dans quelques sujets comme Art & design et le Kreol morisien, ils ont de mauvais résultats. Il faut inculquer d’autres éléments non académiques comme l’électricité et le travail du bois, par exemple. De plus, cela diminuera l’absentéisme. Avec un retour du prévoc amélioré, les élèves réussiront mieux. Il faut des discussions de toutes les parties prenantes. Quand nous lancions l’alerte, personne ne nous a écoutés. Avec la publication des résultats, les faits sont là », déclare-t-il.
Arvin Bhojun estime également que l’Extended Programme n’est pas adapté. « Il est trop académique. Le prévoc avait plus de succès. Maintenant les élèves échouent, ils sont donc frustrés. Mettre les élèves d’Extended programme avec les autres est problématique. Parce qu’ils se sentent humiliés et inférieurs en classe, ils cherchent à se montrer supérieurs en dehors et ils ont tendance à harceler les bons élèves. Sans une surveillance des enseignants, il peut y avoir des blessés », prévient-il.
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