Eddyssen Pachee, 39 ans, est mort aux petites heures de lundi 26 mars à l’hôpital SSRN, Pamplemousses. Un policier était posté en sentinelle à son chevet. Il a été arrêté samedi pour ‘drug dealing’. En voyant les limiers, il aurait avalé une certaine quantité de drogue synthétique. Sa famille, elle, allègue qu’il a été victime de brutalité policière.
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Le rapport d’autopsie indique que le présumé trafiquant est mort d’un œdème cérébral. Son corps portait des traces de blessures à la tête et aux pieds. La Major Crimes Investigation Team est sur le coup.
Asha (38 ans), qui a perdu son époux Eddyssen dans des circonstances tragiques, réclame une enquête approfondie pour « connaître la vérité sur le décès de mon mari. » Selon ses dires, elle a rencontré son époux au poste de police de Rivière-du-Rempart. Il lui a confié qu’il a été victime de brutalité policière. « Linn dir mwa bann polisie finn amen li lor lagar. Zot finn zet li, zot finn batt li plizir koud pwen ». Selon Asha, les policiers auraient laissé entendre qu’il fallait le rouer de coups là où il n’y a pas de caméras de surveillance.
La veuve ne cache pas sa douleur. Entourée de ses proches, elle répète sans cesse : « Banla finn tir lavi mo mari ». Et d’ajouter : « Il faut voir comment il a été blessé. Son linge était couvert de sang. S’il n’a pas été battu, d’où vient tout ce sang ? » dit-elle. « Mon mari a connu une mort injuste. Je ne sais pas si Eddyssen a fauté, mais il ne fallait pas le traiter ainsi. C’est un acte de barbarie. Il y a plein de zones d’ombre dans cette affaire. »
La veuve souhaite que l’enquête soit menée dans la transparence. « Je pense que les coups reçus et les blessures ont causé la mort d’Eddyssen. Après avoir lu le rapport d’autopsie, je me suis évanouie. »
L’examen post mortem pratiqué par le chef du département médico-légal, le Dr Sudesh Kumar Gungadin et le médecin légiste, le Dr Prem Chamane, ont attribué le décès du défunt des suites d’un œdème cérébral. Des traces de blessures ont été décelées à la tête, à l’œil gauche et au pied gauche. Des échantillons ont été prélevés et envoyés au Forensic Science Laboratory pour analyses, afin de voir s’il y a des traces de drogue synthétique dans le sang du défunt.
Rappelons que samedi, les limiers de l’Anti Robbery Squad de la Northern Division ont perquisitionné la demeure de la mère d’Eddyssen à Temple Road, Rivière-du-Rempart. Ils l’ont pris en flagrant délit en train de fabriquer de la drogue synthétique.
« Ladrog simik la pou mo mem sa »
Interrogé, Eddyssen aurait répondu : « ladrog simik la pou mo mem sa, mo ti pe prepare pou al vande ». Pris de panique en voyant les policiers, il aurait avalé une certaine quantité de drogue synthétique.
Eddyssen Pachee n’est pas inconnu de la police. Il est le cousin d’Arvind Hurreechurn, le policier arrêté le mardi 25 octobre 2016 à l’aéroport en possession d’un colis de Rs 35 millions d’héroïne. Il s’était donné la mort par pendaison dans sa cellule peu après.
Jayantee Hurreechurn, 59 ans, habitant Rivière-du-Rempart, est en larmes. Elle relate que son fils Eddyssen avait l’habitude de venir la voir durant le week-end. « Mo vev e mo garson vinn kit enn ti cash pou mwa. Mo pa kone si li ti enn trafikan parski zame mo pann trouv li fer sa ban travay la », dit-elle.
Sa sœur Ravini, 20 ans, se dit étonnée par le comportement des policiers. « Personne n’était à la maison. Nous ignorons qu’Eddyssen allait venir. En rentrant chez nous, mon oncle, qui habite non loin, dit avoir entendu du bruit provenant de notre maison. Je m’y suis précipitée et j’ai tiré les rideaux. J’ai aperçu des policiers en civil qui maîtrisaient mon frère. Il appelait notre mère. Ban polisie la pa finn bat li, zot ti pe zis metriz li. Eddyssen voulait de l’eau à boire. Il a convaincu les policiers et on a pu lui en donner. »
Son cousin Karounen affirme qu’Eddyssen ne l’a pas reconnu quand il lui a rendu visite samedi au poste de police de Rivière-du-Rempart. « J’étais choqué qu’Eddyssen ne me reconnaisse pas. Il pouvait à peine marcher, il avait été agressé par les policiers », allègue-t-il.
Ce dossier a été référé à la Major Crimes Investigation Team. Les enquêteurs veulent recueillir toutes les informations nécessaires avant d’interroger les policiers et les témoins. Les proches d’Eddyssen seront entendus dans les jours à venir.
Sollicité pour une réaction, l’inspecteur Shiva Coothen du Police Press Office indique qu’il ne peut commenter cette affaire pour l’heure. « Je n’ai pas en ma possession le rapport d’autopsie et je ne peux rien dire pour l’heure », indique-t-il au Défi Quotidien.
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