Rien ne va plus, ou presque, pour le premier partenaire régional de Maurice. Aux remous politiques secouant l’Afrique du Sud s’ajoute une énième menace économique.
L’agence américaine Moody’s Investors Service se dit prête à revoir à la baisse la note de l’Afrique du Sud. L’impact sur Maurice oscille entre le bon et le mauvais. « L’affaiblissement de l’économie sud-africaine découle d’un contexte politique instable et des nominations – trois ministres des Finances en une semaine – sont mal perçues par le monde des affaires. L’Afrique du Sud se reprendrait avec un changement à la tête du pays », estime l’économiste Eric Ng. « Pour Maurice, c’est un couteau à double tranchant. »
Deuxième économie de l’Afrique sub-saharienne en termes de Produit intérieur brut (PIB), l’Afrique du Sud est le partenaire économique par excellence pour Maurice. La valeur des exportations est passée à Rs 6,3 milliards en 2015 contre Rs 5,1 milliards l’année précédente. Elle arrive en tête des fournisseurs, avec des importations de Rs 11,34 milliards. Le nombre de touristes venant du pays de Nelson Mandela a atteint quelque 102 000.
Sous la présidence du contesté Jacob Zuma, l’Afrique du Sud vit dans l’instabilité. Le taux de chômage est de 25 %. La croissance serait inférieure à un pourcent en 2016, selon les projections de la Trésorerie publique. Le pays subit les effets d’une baisse sévère des prix des matières premières sur le marché mondial. Le rand est en chute libre. Par rapport à la roupie, le taux de change est passé à Rs 2,4 pour un rand.
« Dans le court et moyen termes, avec la dépréciation continue du rand, ce sont les exportations mauriciennes vers l’Afrique du Sud qui sont à risques. Le volume de produits exportés serait inférieur d’une année à l’autre, résultant en moins de revenus pour les entreprises locales », fait ressortir Eric Ng. « Sur le volet touristique, les visiteurs sud-africains pourraient dépenser encore moins avec ce taux de change défavorable. »
Si la situation d’instabilité se prolonge, on assisterait à des départs de la classe supérieure sud-africaine. Les richissimes hommes d’affaires opteraient pour Maurice, une destination qui n’est qu’à quatre heures de vol des trois principales villes de l’Afrique du Sud que sont Johannesburg, Cape Town et Durban. Le pays est la troisième source d’investissements directs étrangers vers Maurice après la France. De janvier 2010 à fin septembre 2015, le flux d’investissement de ce pays a été de Rs 13,8 milliards, selon les données de la Banque de Maurice.
« Sur le plan positif, une conjoncture économique, politique et sociale difficile inciterait les riches Sud-Africains à venir s’installer au pays. Donc, on verrait une hausse dans la vente des résidences haut de gamme, que ce soit villas, bungalows ou appartements. Maurice aurait une entrée d’investissements directs étrangers », souligne notre interlocuteur.
« Concernant les conglomérats sud-africains, ils pourront délocaliser leurs bureaux à Maurice, avec des avantages tels acquisitions de bureaux, emploi de Mauriciens et utilisation des services. »
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