Une lettre, faisant état d’irrégularités liées à un projet de culture de coraux, a atterri à l’Icac le 8 décembre. Elle a été adressée par la direction de Supam Export Ltd. L’Adaptation Fund de l’UNDP a aussi été alerté.
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La firme réclame une enquête sur des irrégularités alléguées liées au projet de culture de coraux. Un dossier contenant des documents, des échanges de courriels et des lettres, a été envoyé à diverses entités : bureau du chef de la Fonction publique, ministère de l’Économie océanique et Board of Investment (BoI). Un rapport a aussi été envoyé à l’Adaptation Fund de l’United Nations, Development Programme (UNDP), soutenu par la Banque mondiale.
L’allégation a pour origine « l’annulation » du projet présenté par la Supam Export ltd en collaboration avec un investisseur étranger. La directrice Sulakshna Ramtohul soutient que son projet a été rejeté pour que des institutions étatiques continuent à travailler sur le même type de projets et bénéficient de soutiens financiers d’organismes internationaux. « Il n’y a pas de doute : la demande d’aide financière pour les projets des institutions étatiques contient des informations trompeuses. Ce sont de fausses déclarations, selon les règlements sur la fraude et la corruption de la Banque mondiale », affirme la responsable. « Les règlements de la BM stipulent qu’il ne doit pas avoir de duplication des projets. »
Des correspondances ont été adressées au chef de la Fonction publique pour dénoncer des techniciens et de hauts fonctionnaires. Contacté, le Senior Chief Executive Nayen Coomar Ballah souligne avoir référé ces correspondances aux institutions citées. « Je laisse l’Icac faire son travail ». D’ailleurs, une responsable du bureau recueille tous les documents reçus afin de monter un dossier. Une enquête interne sera diligentée.
Or, le BoI ne voit pas l’affaire du même œil. Selon un responsable, « le projet de Supam Export Ltd n’est pas annulé. La culture de coraux implique le prélèvement, la culture et l’exportation des coraux. C’est un sujet sensible. Nous avons réclamé l’avis du ministère de l’Économie océanique et du centre de recherches d’Albion. » Vu la sensibilité du projet, ajoute-t-il, des études doivent être menées avant d’autoriser ce type d’activité dans nos lagons. « Supam Export Ltd est passée par le fast-track committee en 2016. Le BoI n’a pas bloqué le projet. Il n’y a aucune duplication, ce projet concerne la culture de coraux, les institutions étatiques s’attachent à la réhabilitation des coraux.»
Un préposé à la communication au ministère de l’Économie océanique affirme que notre requête a été envoyée au Senior Chief Executive du ministère et qu’il reviendra vers nous.
Un projet durable
Le projet de Supam Export Ltd nécessite un investissement de Rs 50 M. 30 % de sa production iront au gouvernement pour restaurer les récifs, soit 891 000 fragments de corail sur cinq ans. Selon Sulakshna Ramtohul, les études montrent que « c’est un projet écologique, respectueux de l’environnement, contrairement à l’aquaculture.»
Sulakshna Ramtohul, directrice de Supam Export Ltd : «Nous irons jusqu’au bout»
Pourquoi avoir écrit à l’Independent Commission against Corruption ?
Nous voulons dénoncer un abus d’utilisation de fonds, sous prétexte de recherches menées pour l’économie bleue. Comment des institutions publiques ont-elles pris des décisions qui vont à l’encontre de la Vision 2030 ? J’ai découvert des irrégularités sur un fonds de $ 4,9 millions pour la restauration des coraux. J’ai alerté les autorités concernées, à travers l’Adaptation Fund de l’UNDP.
Comment êtes-vous liés à ces projets?
Depuis 2007, les institutions mènent des recherches pour promouvoir la culture des coraux. Nous avons proposé notre collaboration en 2008. Elles ont carrément refusé notre aide et notre expertise. En janvier 2017, nous avons soumis au gouvernement un projet de culture et d’exportation de coraux. Projet qui a été mentionné dans le Budget. Les Rs 50 millions nécessaires seront investies par des étrangers. 30 % de notre production serviraient à la restauration des coraux : soit plus de 800 000 coraux sur cinq ans, sans que l’État ne paie un sou. Des techniciens travaillant sur la demande d’aide au fonds de la BM ont tout fait pour faire capoter cette requête. Ces personnes avaient elles-mêmes réclamé des fonds pour leurs projets. J’ai dénoncé ces irrégularités. Leur demande a été, par la suite, annulée.
Les autorités sont-elles venues vers vous après la dénonciation?
C’est l’Adaptation Fund qui m’a informée que le gouvernement a retiré sa demande. Ce projet devait-être débattu le 11 octobre 2017 par l’Adaptation Fund Board en Allemagne. L’application contenant des éléments frauduleux, j’avais soumis un rapport au secrétariat de l’Adaptation Fund.
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