Les recrutements effectués à l’Economic Development Board sont actuellement passés à la loupe. Ces derniers sont jugés opaques et déconnecté des principes de méritocratie. 38 recrutements considérés comme douteux, concernant des proches de l’ancien gouvernement ont été recensés.
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Le Bureau du Premier ministre (PMO) a pris en main le dossier de l’Economic Development Board (EDB), un organisme public initialement créé pour rationaliser la planification économique et promouvoir les investissements. Depuis sa création en 2017, sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre, qui était alors aussi ministre des Finances, Pravind Jugnauth, l’EDB est critiqué pour sa politique de recrutement, jugée opaque et déconnectée des principes de méritocratie.
Selon des sources proches du dossier, pas moins de 38 recrutements considérés comme douteux ont été recensés. Ils concernent des proches de l’ancien gouvernement. Parmi eux, plusieurs bénéficieraient de contrats lucratifs avec des salaires dépassant les Rs 200 000 par mois. « Nous avons découvert que les salaires ne correspondent pas du tout au travail qui devait être fait. Certaines personnes se sont enrichies sans avoir apporté de résultats », confie un proche du dossier. Ces pratiques sont désormais dans le viseur du Bureau du Premier ministre, qui procède à une analyse minutieuse des dossiers individuels.
Des informations révélées par Le Défi Quotidien le 6 décembre dernier mettent en lumière l’ampleur du phénomène. Parmi les cas recensés, on retrouve des proches de figures politiques influentes : le fils et la belle-fille d’un ancien ministre du MSM nommés sur une base permanente, les deux filles d’un ancien Parliamentary Private Secretary, nommées respectivement manager et senior manager, le neveu d’un ambassadeur MSM recruté dans la même capitale étrangère que son oncle, l’épouse d’un haut cadre de l’EDB, promue au poste de manager.
Ces recrutements soulèvent des interrogations sur l’usage de l’EDB comme un outil de récompenses politiques. Une source interne qualifie cet organisme de « véritable fourre-tout pour les copains-copines ».
Créé par la fusion de plusieurs entités — le Board of Investment, Enterprise Mauritius, la Financial Services Promotion Agency (FSPA) et le Mauritius Africa Fund — l’EDB avait pour mission de simplifier les démarches administratives liées aux investissements et de garantir une cohérence dans la politique économique. Mais, selon le Bureau du Premier ministre, l’organisme est aujourd’hui largement surstaffé et loin d’atteindre les objectifs fixés à sa création.
Cette situation a conduit à la demande de démission de Ken Poonoosamy, CEO de l’EDB, le 4 décembre dernier. Celui-ci est critiqué pour avoir toléré ces pratiques de recrutement.
Contacté en décembre, il avait laissé entendre qu’il ne commenterait pas, car il ne fait plus partie de l’EDB.
L’objectif du PMO est désormais de « nettoyer » l’organisme tout en limitant les risques financiers pour l’État. Une étude approfondie des contrats est en cours afin d’éviter des litiges pour licenciement abusif, susceptibles d’aboutir à des indemnités coûteuses.
Pour les autorités, cette tâche s’avère délicate, car elle doit respecter les cadres juridiques en vigueur tout en réaffirmant l’importance de la transparence et de la méritocratie dans les institutions publiques.
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