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Échiquier politique : Pravind Jugnauth sera PM avant les élections générales

La possibilité que sir Anerood Jugnauth quitte ses fonctions de Premier ministre, cette année, à l’âge de 86 ans, pour laisser la place à son fils Pravind est étudiée. Dans ce cas, cela se ferait vers la fin de l’année.

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Si ce départ se concrétise, sir Anerood Jugnauth aura occupé le poste de Premier ministre pendant 18 ans. Pravind Jugnauth, 54 ans, prendra alors les rênes du pays après avoir servi trois fois comme ministre des Finances, trois ans comme ministre de l’Agriculture, et quelques mois comme ministre de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation. Il est aussi le leader du Mouvement socialiste militant (MSM) depuis 2003, après avoir succédé à son père.

L’installation de Pravind Jugnauth comme chef du gouvernement devrait se dérouler sans heurts. Non seulement le leader du MSM fait l’unanimité au sein de son parti, mais il jouit en plus du soutien indéfectible des partenaires du MSM au sein de l’Alliance Lepep. Que ce soit au Parti mauricien social démocrate (PMSD) ou au Muvman Liberater, le remplacement de sir Anerood Jugnauth par Pravind Jugnauth ne pose aucun problème. Cela était déjà convenu entre les leaders des trois partis quand l’Alliance Lepep a été formée en 2014. Ni Xavier-Luc Duval ni Ivan Collendavelloo n’ont l’ambition de revendiquer le poste de Premier ministre.

Les supputations notées dans certains milieux par rapport à la légalité de l’accession de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre ne tiennent pas, selon les spécialistes. « La Constitution est très claire au sujet de la nomination d’un Premier ministre », explique un juriste. L’article 59(3) indique que le « président de la République, agissant de son propre jugement délibéré, nommera comme Premier ministre le membre de l’Assemblée qui selon lui, a le soutien de la majorité des membres de l’Assemblée nationale ».

Dans la configuration actuelle, c’est le MSM qui est majoritaire à l’Assemblée nationale. Pravind Jugnauth étant son leader, il a le soutien d’une majorité de députés. Il peut donc prétendre au poste de chef du gouvernement. à lui seul, le MSM compte 33 députés sur 69 élus que compte le Parlement.
Pour que Pravind Jugnauth ne puisse jouir d’une majorité, il faut que le PMSD et le Muvman Liberater s’allient au MMM, au Parti travailliste et au Mouvement Patriotique. Tous ensembles, ils ont 34 députés. Mais ce scénario est tout à fait improbable.


Pas d’élection partielle

Lorsque sir Anerood Jugnauth démissionnera de son poste de Premier ministre, il continuera cependant à œuvrer comme député de la circonscription no 7 (Piton/ Rivière-du-Rempart). SAJ occupera-t-il un siège au sein du Conseil des ministres comme ministre de l’Intérieur, par exemple ? Aucune décision n’a été prise à ce sujet, mais on laisse entendre que la probabilité la plus sérieuse est qu’il siège comme « backbencher » pour montrer qu’il a bel et bien cédé la place. « Il peut très bien faire comme David Cameron qui officie aujourd’hui comme simple député après avoir démissionné en tant que Premier ministre le 13 juillet », confie une source bien informée à l’hôtel du gouvernement.


Réactions

Xavier-Luc Duval : « Aucun débat à ce sujet »

Xavier-Luc Duval
« Il est tout à fait normal que Pravind Jugnauth devienne le Premier ministre si SAJ se retire. Il est le leader du MSM, qui est le plus grand parti. La question ne se pose pas. Il n’y a aucun débat à ce sujet », déclare Xavier-Luc Duval, Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme.

Ivan Collendavelloo : « Il est évident que le ML soutiendra Pravind Jugnauth »

Ivan Collendavelloo

« Il était bien compris depuis la formation de l’Alliance Lepep qu’en cas de victoire, SAJ serait le Premier ministre mais la possibilité qu’il rende le tablier à mi-chemin n’avait pas été écartée. En cas de vacance du pouvoir, la Constitution prévoit que c’est celui qui réunit la majorité à l’Assemblée nationale qui devient le Premier ministre. Il est évident et incontestable que c’est Pravind Jugnauth. Sa nomination se fera dans la discipline et le respect. Il est évident que le Muvman Liberater soutiendra son partenaire dans cette transition », déclare Ivan Collendavelloo, vice-Premier ministre et ministre des Services publics.

Paul Bérenger : « Pas de réaction pour le moment »

Paul Bérenger

« Je préfère ne pas réagir pour le moment. Je souhaite savoir ce qu’il a dit exactement avant de donner ma réaction », dit Paul Bérenger, leader de l’opposition et du MMM.

Patrick Assirvaden : « Maurice n’est pas un héritage »

Patrick Assirvaden

« Aux élections générales de 2014, sir Anerood Jugnauth avait été présenté comme Premier ministre et Vishnu Lutchmeenaraidoo comme ministre des Finances. Aujourd’hui, ce dernier n’occupe plus ce poste et SAJ ne sera bientôt plus chef du gouvernement. Pravind Jugnauth deviendra un Premier ministre imposteur car il n’a pas été élu pour occuper cette responsabilité. S’il doit devenir Premier ministre, qu’il passe par des élections générales pour le devenir de manière légitime. C’est au peuple de décider qui doit être son Premier ministre. Le peuple n’avait jamais été mis au courant de cet arrangement. On ne peut pas donner le pays en héritage de la sorte. Maurice n’est pas un heritage », commente le président du Parti travailliste, Patrick Assirvaden.

 

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