Échiquier politique en ébullition - Nando Bodha : «Cela a revigoré l’opposition» 

La révocation de Vikram Hurdoyal du poste de ministre de l’Agro-industrie, suivie de sa démission comme député, permet aux partis de l’opposition de se revigorer. C’est le sentiment exprimé par Nando Bodha, leader du Rassemblement Mauricien, sur Radio Plus le vendredi 16 février 2024. Il était l’invité de Jugdish Joypaul dans l’émission « Au cœur de l’info ». 

« Révocation et démission : Quelle sera l’évolution sur l’échiquier politique ? » C’était le thème de l’émission « Au cœur de l’info » du vendredi 16 février 2024. Référence est ici faite à la révocation de Vikram Hurdoyal comme ministre de l’Agro-industrie et à sa démission comme député. « Cela démontre que la maîtrise du pouvoir de Pravind Jugnauth a été ébranlée. ‘Pouvwar inn fini esap li’ », a répondu Nando Bodha, invité de Jugdish Joypaul. 

Le leader du Rassemblement Mauricien (RM) a reconnu que la révocation d’un ministre reste la prérogative du Premier ministre. « Certes, par cela, il a voulu affirmer son autorité », a-t-il dit. En revanche, a-t-il précisé, le chef du gouvernement rencontre des difficultés. « Cela ne manque pas de donner du courage à l’opposition (…) ‘Li revigor lopozision’ », se réjouit l’ex-secrétaire général du Mouvement socialiste militant (MSM). 

Élection partielle 

Nando Bodha est d’avis que le Premier ministre aurait perdu sa discrétion de repousser les élections générales jusqu’en 2025, une éventualité que ce dernier a évoqué maintes fois. « Akoz li bizin ‘deal’ ek sa parsiel la », a lancé le leader du RM. 

Pour lui, si Pravind Jugnauth souhaite réellement donner une élection partielle et aligner un candidat du MSM comme il l’a affirmé le mercredi 14 février 2024 (à l’issue de la cérémonie de prestation de serment de Naveena Ramyad comme ministre au château de Réduit ; NdlR), le seul créneau plausible serait entre avril et mai. « C’est le seul moyen pour lui de regagner sa marge de manœuvre et de retrouver le calendrier qu’il avait en tête, c’est-à-dire dissoudre l’Assemblée nationale en novembre et organiser les élections en 2025 », a expliqué Nando Bodha. 

Une éventualité sur laquelle il reste toutefois sceptique. « Osera-t-il affronter l’électorat dans les mois qui viennent ? Il faut tenir compte du fait que nous sommes dans une année électorale où la population demande et est prête pour un changement », a-t-il indiqué. 

Le leader du RM ne pense pas que le Premier ministre mettra en marche la « machinerie » pour cette éventuelle élection partielle. « Je ne vois pas Pravind Jugnauth mobiliser toutes ses troupes, notamment ses ministres, pour une partielle comme c’est habituellement le cas, où chaque ministre obtient la responsabilité d’un centre de vote. »

Réformes

Nando Bodha a néanmoins laissé entendre que Linion Moris reste focalisé sur le fait que la population réclame un changement. « Au niveau de Linion Moris, nous nous tenons prêts pour des élections générales et nous participerons à la partielle (s’il y en a une ; NdlR) », a-t-il déclaré.

Le leader du RM souligne l’importance de bien préparer « l’après-MSM ». « Ils sont nombreux à dire qu’il faut mettre dehors Pravind Jugnauth. Mais après ? Nous bouclons un cycle de 50 ans. Il y a des réformes en profondeur à apporter. C’est sur cet aspect-là que nous nous différencions de manière fondamentale de l’opposition parlementaire », a-t-il détaillé. 

Il a aussi exprimé le souhait de présenter une nouvelle équipe à la population pour une « nouvelle ère de progrès ». « J’ai été ministre pendant 15 ans, notamment celui du Tourisme, de l’Agro-industrie, des Infrastructures et des Affaires étrangères. Je souhaite désormais consacrer mon énergie à apporter ces changements fondamentaux. Ce qui fait que je crois dans une bataille à trois », a-t-il conclu.