Live News

Échappé de l’enfer de la drogue : sous un badamier, Aslaam trouve chaussure à son pied

Aslaam Aslaam rêve d’aider les sans-domicile-fixe qu’il côtoie à se trouver un refuge pour la nuit.

Pêcheur, maçon, marchand ambulant pour finir… cordonnier. À 56 ans, Aslaam Hossenboccus a trouvé chaussure à son pied sous un badamier, pour gagner sa vie.

Publicité

Il est séparé de sa femme et de sa fille pour raisons familiales. Aslaam Hossenboccus ne veut pas marcher à côté de ses… pompes. « Je préfère vivre seul. C’est mieux ainsi, » explique l’homme, qui s’est reconverti au métier de cordonnier.

6 heures. Aslaam se lève. Sa priorité : nourrir Minie et Raoul. Ce ne sont certes pas des chats bottés, mais les fidèles compagnons de cet habitant de Camp-Yoloff. Après un brin de toilette, il boit son thé avant d’enfourcher sa motocyclette pour se rendre sous un badamier dans la capitale.

Cela fait cinq ans maintenant qu’Aslaam répare les chaussures dans les rues de la capitale. Une fière chandelle qu’il doit à son défunt ami Bab, qui lui a appris les rudiments de la cordonnerie. « Je discutais souvent avec Bab, au Marché central. Il m’a encouragé à apprendre le métier. Grâce à lui, je gagne ma vie. »

Aslaam est à la recherche d’un emplacement où exercer son métier décemment. En attendant, il a élu domicile à l’ombre d’un badamier centenaire, tous les jours de 9 heures à 15 heures. « Le dimanche, je me repose. Je regarde des films indiens à la télé. Je m’occupe de mes fougères. Je joue avec Minie et Raoul. »

Cordonnier depuis 10 ans, ce n’est que depuis cinq ans qu’il a pris ses marques à Port-Louis. Ses clients : des employés des banques aux fonctionnaires. Il restaure les chaussures, remplace une semelle, coud des ceintures ou les sacs à main de ces dames, ou raccommode baskets et sacs des écoliers. « Je rends service à tous. À 11 heures, je m’accorde une pause déjeuner. Je prends un thé et avale un roti chaud. Tout le monde me connaît ici. J’ai des clients fidèles à travers le pays. Mes tarifs sont adaptés à toutes les bourses. Ils sont à  partir de Rs 50 »

Descente aux enfers

Aslaam ne se plaint pas et prend la vie comme elle vient. Son plus grand rêve : aider les sans-domicile-fixe qu’il côtoie à se trouver un refuge pour la nuit. Il n’est pas insensible à leur situation et les aide de son mieux. Il leur offre à manger ou leur donne des vêtements, des couvertures pour braver le froid de l’hiver.

Derrière cette âme charitable, ce cache un être sensible qui a nous confie la tragédie qu’il a vécue.

Très jeune, Aslaam se retrouve dans un milieu familial difficile, livré à lui-même. « La séparation de mes parents a été un drame. Je suis allé vivre avec mon père. J’ai connu la misère. Je dormais souvent le ventre creux », relate le quinquagénaire.

Après le CPE à la Jean Lebrun G.S., il quitte les bancs de l’école. Ses parents sont désargentés, il faut travailler pour vivre. Il sera petite main chez un grossiste, puis maçon. À 16 ans, il goutte à la cigarette et à sa première bière. La drogue entre bien vite dans sa vie, dès l’âge de 18 ans, il consomme du cannabis, puis des psychotropes, « pour faire face à mon mal-être », justifie-t-il.

À 20 ans, il goutte à l’héroïne. En 1985, il est pris dans les filets de la police pour complicité de vol. Direction : la prison à Beau-Bassin pour six mois. En 1987, il se marie et cache sa dépendance à la drogue à sa femme, qui n’est toutefois pas dupe.

En 1998, il écope de cinq ans de prison pour trafic de drogue, en sus d’une amende de Rs 50 000. En prison, il réfléchit à ses actes et prend conscience de l’importance de la liberté. En 2003, il veut se donner une nouvelle chance dans la vie. « Je suis passé à autre chose. » Se sentir bien dans ses pompes est devenu sa priorité. « On apprend de ses erreurs. Je ne suis pas parfait, mais j’essaie au quotidien d’aider les autres pour qu’ils ne sombrent pas dans l’enfer que j’ai vécu. »

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !