Les rivières font entre cinq et 27 kilomètres de long. Ajouté à cela, dix réservoirs ont une capacité totale de 67,37 millions de m2. Pourtant, les réservoirs peinent à se remplir en raison d’une baisse drastique du débit des rivières et une diminution du taux de ruissellement de l’eau de pluie.
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«2017sera l’année la plus sèche de l’Océan indien, selon les agences météorologiques françaises », explique Yousouf Ismaël, directeur général de la Central Water Authority. Il n’exclut pas le fait que certaines rivières pourraient s’assécher. Yousouf Ismaël souligne qu’il faut que de grosses averses frappent le pays dans les semaines à venir pour éviter un assèchement de certaines nappes phréatiques et autres rivières. Il confirme que le débit de celles-ci a chuté de plus de 50 %. « Il faudra se serrer les coudes et utiliser l’eau de façon responsable », fait valoir Yousouf Ismaël.
Vassen Kaupayymuthoo, ingénieur en environnement, explique que Maurice récolte 1 800 millimètres de pluie par an sur les plaines. Dans la région de Curepipe, ce taux est de 3 800 à 4 000 mm et de 800 mm sur les côtes. L’eau s’écoule de trois façons : le ruissellement à la surface vers les rivières, l’absorption par les nappes phréatiques et l’évaporation. La période humide se situe entre janvier et avril. Cependant, Maurice fait face à un déficit hydrique important depuis deux ans.
La raison, c’est que le phénomène de la Nina dans le Pacifique pousse un courant froid vers notre région et bloque la formation de basse pression, qui est à l’origine des cyclones. Pas de cyclones, pas de pluies diluviennes, pas d’eau ! Toutefois, l’eau des pluies éparses qui surviennent est absorbée par les nappes phréatiques. Cette eau est constamment pompée. « Le niveau des nappes phréatiques baisse dangereusement », affirme le scientifique. Il rappelle que 70 % de l’eau potable provient des nappes souterraines, qui sont aussi les sources des rivières alors que les pompages assidus diminuent le débit d’eau des rivières du fait qu’elles alimentent les réservoirs directement et indirectement. Vassen Kaupayymuthoo ajoute qu’en une année, le débit d’eau des rivières a chuté de 50 à 90 %. « Cela fait un an que nous avons ce déficit. » Vassen Kaupayymuthoo craint pour les nappes souterraines. Il souligne que certaines nappes du Nord pourraient être contaminées par l’eau salée, si jamais il y a un pompage excessif. Il faudra alors fermer les puits.
L’hydrologue, Farook Mowlabacus, explique que ses observations ne sont pas rassurantes. L’absence de crues fait que le niveau des rivières et des nappes phréatiques chute drastiquement depuis une année. « Nous avons des averses, mais elles sont de courtes durées. Pour remplir nos nappes et augmenter le débit des rivières, il faudra au moins deux à trois heures de pluie par jour pendant trois jours. » Pour lui, seul un cyclone pourra apporter ce genre d’averses. L’expert ajoute que les rivières alimentent les réservoirs et qu’elles doivent être en crue pour assurer ce rôle alors qu’un débit de base constant ne suffit pas. De plus, si le débit diminue, c’est un gros problème pour Maurice. Pour augmenter le débit, il faut que les nappes phréatiques soient remplies et qu’il y ait des ruissèlements réguliers causant des crues. Or, la quantité de celles-ci est en nette diminution. « Nous avons passé de 20 crues par an, en 1990, à cinq en 2015 et depuis, il n’y a eu aucune rivière qui a quitté son lit. »
Prem Saddul, géomorphologue, avance que la modification des terrains, qui se trouvent près des lacs et des rivières, a affecté la capacité de captage. La déforestation, surtout dans la région de Mare-aux-Vacoas, et le bétonnage de certains terrains ont causé un chamboulement dans le cycle de l’eau. Par contre,Farook Mowlabacus rétorque que le bétonnage des terrains est bénéfique, car il empêche l’eau de pénétrer le sol et cause un ruissellement vers les rivières, causant des crues bénéfiques aux réservoirs. Mais pour cela il faut d’abord qu’il pleuve.
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