D’une valeur de Rs 2 millions : 12 000 paquets de cigarettes bloqués à l’entrepôt de la prison

L’entrepôt de la prison centrale contient actuellement une cargaison de 12 000 paquets de cigarettes coûtant environ Rs 2 millions. Ces cigarettes avaient été achetées par l’administration pénitentiaire pour être utilisées comme mode de paiement, aux détenus.

L’abolition de la consommation de tabac en prison, en vigueur depuis le 1er février 2019, a fait que la cargaison est restée intacte. Sollicité par Le Défi Quotidien, la direction de prison explique que c’est « au ministère des Finances de décider si ces cigarettes seront détruites ou renvoyées vers d’autres commerces. »

Une enquête menée par Le Défi Quotidien révèle qu’environ 12 000 paquets de cigarettes sont bloqués à l’entrepôt de la prison centrale de Beau-Bassin depuis un an. Soit depuis que l’interdiction de la consommation de cigarettes est entrée en vigueur en milieu carcéral. Selon des renseignements, ces cigarettes étaient destinées aux détenus. Ces derniers, poursuit, une source basée à la prison centrale, étaient jadis payés, partiellement, avec ces cigarettes.

« Les détenus sont catégorisés en fonction de leurs aptitudes et leur temps d’incarcération. Les nouveaux venus sont catégorisés par la lettre C (Unskilled) et avaient droit à environ neuf cigarettes, comme « salaire », par semaine. Ceux de la catégorie B (semi-skilled) avaient droit à 16 cigarettes, tandis que ceux de la catégorie ‘Skilled’ (catégorie A) avaient droit à 20 cigarettes », explique un haut gradé de la prison centrale. Outre les cigarettes qui sont utilisées comme mode de paiement, d’autres marques de cigarettes (Matinée, Pall Mall, 555, Matelot, et depuis quelques années, Savera) sont commercialisées dans les cantines des diverses prisons.

Mauvais calcul 

Mais depuis le 1er février, l’administration pénitentiaire a aboli l’achat, le paiement ainsi que la consommation de cigarettes dans les cellules et les cours des prisons. « Cette cargaison de cigarettes, qui est restée bloquée au département Procurement and Supply de la prison, vaut beaucoup d’argent. Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour qu’autant de cigarettes soient toujours en stock ? La date de l’abolition du tabac en prison a-t-elle été bien calculée ? » se demande un des gardiens.

« Je ne suis pas au courant si des cigarettes sont toujours en stock étant donné que les lieux sont gérés par des civiles », fait ressortir la responsable de la prison de Beau-Bassin, la Deputy Commissioner of Prisons (DCP) Guneeta Aubeeluck. Mais ces cigarettes, achetées par l’administration de la prison pour environ Rs 1,8 à Rs 2 millions, seront-elles détruites ? « Je ne suis pas en mesure de vous donner ces détails. Adressez-vous au responsable du département Procurement and Supply de la prison », a-t-elle dit.

Sollicité au téléphone, le responsable du département concerné a confirmé que « 12 000 paquets de cigarettes sont toujours en stock à la prison ». Notre interlocuteur souligne que « c’est au ministère des Finances de décider de ce qu’on va faire de ces cigarettes. »   Il s’avère, selon des renseignements, que des cigarettes étaient vendues entre Rs 3 000 et Rs 4 000 le paquet parmi les détenus, peu avant l’abolition du tabac en prison. « Mais seuls les gros bonnets pouvaient se permettre un tel luxe », fait ressortir un gardien basé à l’Eastern High Security Prison de Melrose.