Faits Divers

Du Lannate à la prison de Melrose ? - Vinod Appadoo : «Les caïds veulent ma tête»

La police, la Commission Lam Shang Leen ainsi que l’Hôtel du gouvernement sont unanimes face aux dernières allégations du caïd Siddick Islam. Il y a une tentative des trafiquants de drogue emprisonnés de faire partir le Commissaire des prisons, comme il le reconnaît lui-même.   

Les allégations portées contre le Commissaire des prisons, Vinod Appadoo, depuis le début des travaux de la Commission d’enquête sur la drogue a atteint des niveaux stratosphériques. Lors d’une rencontre à la prison de haute sécurité de Melrose avec Sam Lauthan, l’un des deux assesseurs de l’ex-juge Paul Lam Shang Leen, mercredi, le trafiquant de drogue Siddick Islam lui a remis un produit qu’il a présenté comme étant 28 grammes de Lannate.

Siddick Islam aurait un compte à régler avec le Comissaire des prisons.

Aussi connu sous le sobriquet de Nerf, Siddick Islam a assuré à Sam Lauthan que ce puissant pesticide lui a été « donné » par l’ancien patron de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) à travers un gardien de prison. Avec pour instruction d’empoisonner les autres caïds emprisonnés à Melrose. Une enquête a été ouverte par la Commission d’enquête sur la drogue sur cette allégation et la substance a été envoyée au Forensic Science Laboratory (FSL) aux fins d’analyse.

Fabriqué par les laboratoires DuPont, le Lannate est interdit à Maurice depuis une quinzaine d’années. Les autorités s’étaient rendu compte qu’il avait été utilisé dans nombre de cas de meurtres et suicides par empoisonnement. Paul Bérenger avait même allégué lorsqu’il était membre du gouvernement MSM/MMM entre 2000 et 2005 qu’une cargaison de sucre en route pour la Grande-Bretagne aurait été empoisonnée au Lannate par des extrémistes, ce qui lui avait valu une foule de critiques.

Aux Casernes centrales, comme à l’Hôtel du gouvernement, il n’y a pas l’ombre d’un doute que les caïds se sont ligués contre Vinod Appadoo depuis qu’il leur a coupé les ailes et fourni de précieux renseignements sur leurs activités à l’Adsu comme à la Commission d’enquête sur la drogue. C’est en grande partie grâce aux informations transmises par ses services que les 157 kilos d’héroïne importés par Navind Kistnah pour le compte du caïd Peroomal Veeren ont été saisis en mars.

Peroomal Veeren a lui-même porté de graves allégations contre Vinod Appadoo alors qu’il n’est un secret pour personne au sein de la police qu’il a mis la tête de ce dernier à prix. La photo du commissaire des prisons, qui est celui qui l’a arrêté lorsqu’il était à l’Adsu, a été retrouvée dans sa cellule et des messages compromettants ont été découverts dans des bouteilles de lait qui lui étaient parvenues en guise de traitement à cause de ses grèves de la faim en série.

Un compte à régler

À la Commission d’enquête sur la drogue, on n’est pas dupe non plus. « Siddick Islam et Peroomal Veeren ont un compte à régler avec Vinod Appadoo », reconnaît-on. Mieux : le gardien mis en cause par Siddick Islam a fait l’objet d’au moins cinq allégations de la part de Peroomal Veeren qui lui a même intenté un procès en Cour suprême. Le principal homme de main de Peroomal Veeren à la Prison centrale, Gino Bageenath, a accusé un autre proche collaborateur de Vinod Appadoo d’avoir commandité son agression.

« Si quelqu’un d’autre avait porté des accusations contre moi, j’aurais compris. Je n’ai jamais rencontré Siddick Islam, ni l’ai-je arrêté lorsque j’étais à l’Adsu. Je crois que les régimes disciplinaires que je fais  adopter à la prison ne plaisent pas à certains. Je suis en train de faire mon travail, un point c’est tout. Siddick Islam, comme les autres caïds, veut ma tête », déclare le commissaire des prisons au Défi Quotidien.

« Siddick Islam veut jouer au plus fin en faisant une aussi grosse accusation. Malheureusement, même les prisonniers vont avoir du mal à le croire », lance Vinod Appadoo. 

« Auparavant, les caïds pouvaient faire des achats comme dans un supermarché grâce à des mandats-postes. J’ai rédigé une liste de 50 produits essentiels et demandé à ce que les mandats-postes soient envoyés uniquement par les proches des détenus. Certains recevaient jusqu’à Rs 4 000 par mois. Ces privilèges sont bel et bien terminés. Les produits illégaux ne sont pas nouveaux en prison. Si c’est bien du Lannate qu’il a remis à la Commission d’enquête, c’est qu’il a dû préparer son coup bien à l’avance. Il se peut qu’il ait bénéficié d’une complicité interne. Évidemment une enquête sera initiée au niveau de l’administration carcérale », ajoute Vinod Appadoo.

 

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