« Nous faisons face à un manque de médecins-spécialistes dans le service de santé publique. » C’est le constat que fait le Dr Bhooshun Ramtohul, vice-président de l’Association des consultants en charge. Mais il se trouve que des médecins spécialisés dans divers domaines exercent en tant que médecins-généralistes, faute de poste vacants.
Publicité
Outre le manque de médecins spécialistes, le service de santé publique est confronté à un autre problème : des médecins spécialisés dans divers domaines sont embauchés en tant que médecins-généralistes. Cela parce qu’il n’y a pas de postes vacants et qu’ils doivent attendre que leurs prédécesseurs partent à la retraite pour pouvoir aspirer à être nommés.
Selon le Dr Bhooshun Ramtohul, il y a une dizaine de médecins orthopédiques qui attendent d’être titularisés en tant que spécialistes. parce que toutes les places disponibles dans le service étant prises. Cette situation inciterait les spécialistes à travailler dans le secteur privé à la fin de leurs études, soutient le Dr Bassoodev Goolaub, membre de la Private Medical Practionners’ Association. Un avis que partage également un médecin-spécialiste du service public qui a tenu à garder l’anonymat. « Si le service a besoin de 20 cardiologues par exemple, il est impossible d’en recruter davantage et ils doivent attendre avant de pouvoir être nommés », dit-il.
Dès qu’il y a des places vacantes, ils doivent alors faire acte de candidature auprès de la Public Service Commission, ajoute notre interlocuteur. Selon lui, l’attente ne dure pas plus de quatre à cinq ans. Le Dr Bhooshun Ramtohul considère qu’il faut revoir la situation avec le nombre de patients qui ont augmenté. « Il y a un manque aigu de spécialistes dans divers domaines dans le service public », dit-il. Parmi les domaines où la situation est la plus critique, il cite la gynécologie, l’anesthésie, la chirurgie-cardiaque, la neurologie, la neurochirurgie et la néphrologie.
« Il faudrait au moins cinq à sept gynécologues par hôpital, mais il n’y en a que quatre à cinq actuellement », soutient-il. D’autres domaines de spécialisation font face à presque la même situation en raison du manque de prévoyance, selon le Dr Ramtohul. Le médecin-spécialiste qui témoigne sous le couvert de l’anonymat considère qu’il n’y a pas une véritable pénurie de médecins-spécialistes. Cela d’autant plus, dit-il, qu’il y a des recrutements qui ont été effectués récemment. S’il admet qu’en gynécologie il y a un manque de médecins, il affirme qu’il n’y en a pas non plus sur le marché. Il affirme que le ministère de la Santé a fait des efforts pour recruter un certain nombre de médecins et de spécialistes afin de remplir les postes vacants.
À ce propos, le Dr Ramtohul explique que le ministère de la Santé avait pris l’initiative de recruter des médecins spécialistes indiens. Le projet n’a pas abouti, car le salaire n’était pas attrayant, selon lui. « Les spécialistes ne sont pas assez bien payés. C’est ce qui les incitent à aller vers la double pratique publique/privée », affirme-t-il.
Il trouve que pour changer la donne, il faut penser en termes de médecine de haute technologie et la super-spécialisation. Avec la hausse des accidents de la route, l’augmentation de la population et la hausse de certaines maladies, le nombre de spécialistes par hôpital doit aussi être revu à la hausse. Il incombe au ministère de la Santé et à celui de la Fonction publique de décider sur ce sujet, selon lui.
Liste des médecins spécialistes
Anatomy | 1 |
Anesthésie | 123 |
Biochemistry | 1 |
Cardiologie | 59 |
Chirurgie cardiovasculaire | 4 |
Chirurgie générale | 116 |
Chirurgie pédiatrique | 1 |
Chirurgie thoracique cardiaque | 8 |
Chirurgien orthopédique | 67 |
Chirurgien plastique | 17 |
Dermatologie | 41 |
Endocrinologie | 10 |
Family Medicine | 1 |
Forensic Medicine | 13 |
Gastroentérologie | 7 |
Gériatrie | 4 |
Gynécologie-obstétrie | 108 |
Médecine interne | 121 |
Médecine préventive | 3 |
Médecine respiratoire | 7 |
Néphrologie | 12 |
Neurochirurgie | 16 |
Neurologie | 10 |
Nuclear Medicine | 1 |
Occupational Medicine | 2 |
Oncologie | 4 |
Ophthalmologie | 56 |
Otorhinolaryngologie | 27 |
Pathologie | 31 |
Pédiatrie | 86 |
Pneumologie | 14 |
Psychiatrie | 54 |
Pysical Medicine | 5 |
Radiologie | 61 |
Radiothérapie | 13 |
Rhumatologie | 13 |
Urologie | 7 |
Virologie | 1 |
Total | 1125 |
Dr Shyam Purmessur, président du Medical Council : «Le Medical Council n’est pas un organisme législateur»
Un sous-comité a été mis en place afin de standardiser les règlements du Medical Council aux législations des autres organismes régulateurs dans le domaine médical. C’est ce que nous a affirmé le Dr Shyam Purmessur, président du Medical Council.
« Ce sous-comité a pour mission de passer en revue les normes en vigueur dans tous les pays. Et, selon les provisions de l’article 12 (b) de la Medical Council Act, nous allons conseiller le ministre de la Santé sur la nécessité de revoir la législation. » dit-il. Il ajoute que le régulateur mauricien envisage également d’intégrer l’International Association of Medical Regulatory Authorities, qui regroupe une grande partie des organismes de régulateur des médecins.
Il explique que le Medical Council ne fait qu’appliquer la loi et n’est pas un législateur. Pour répondre à Xavier-Luc Duval après sa PNQ, il dit « qu’il n’y a que deux ou trois médecins qui ont fait des études en France dont les dossiers sont actuellement en train d’être examinés », nous-a-t-il affirmé. Le Dr Purmessur souligne aussi que le Medical Council ne fait pas de partie pris, mais que la Medical Council Act stipule que tout médecin spécialiste désirant exercer à Maurice doit au préalable faire son internat de 18 mois en tant que médecin-généraliste avant de pouvoir faire une demande pour être nommé « spécialiste », selon l’article 23 (a) de la Medical Council Act. Le postulant doit alors faire face au Post Graduate Board qui va par la suite soumettre ses recommandation.
Selon lui, le problème qui se pose avec ceux qui ont fait leurs études en France, c’est le phénomène de Pre-Registration, car ce qui se pratique dans ce pays ne s’imbrique pas dans le système légal du Medical Council.
326 médecins spécialistes dans le service public en 2017
Le pays comptait 1 125 spécialistes en 2018 (voir tableau). Selon le Health Statistics Report de 2018, il y avait 2 927 médecins enregistrés auprès du Medical Council en 2017 ce qui représentait un taux de 23,1 médecins par 10 000 habitants. De ce chiffre, 1 514 (51,7 %), incluant 326 spécialistes, étaient employés dans le secteur public.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !