Depuis environ deux ans, une tendance inquiétante se développe dans le trafic de drogue à Maurice : des résidus d’héroïne sont mélangés à des produits synthétiques fabriqués en laboratoire. Cette nouvelle combinaison, difficile à identifier, gagne du terrain sur le marché. Du côté de la Special Striking Team (SST), on indique que ce phénomène a émergé peu après la pandémie de COVID-19.
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Les experts dans le domaine de la lutte contre la drogue sonnent l’alerte. Les consommateurs de drogue ignorent souvent la composition exacte des substances qu’ils ingèrent, lesquelles ont des effets dévastateurs sur leur cerveau. « Le pire, c’est la drogue synthétique. Les composants de ces mélanges sont souvent non identifiés et particulièrement dangereux », souligne un observateur du phénomène.
Les consommateurs de drogue, qu’ils fument ou s’injectent ces substances, se confient parfois aux travailleurs sociaux. « Ils disent que l’effet n’est plus le même que celui de l’héroïne d’autrefois », explique Danny Philippe, chargé de plaidoyer chez DRIP (Développement, Rassemblement, Information et Prévention). Les informations recueillies révèlent que les substances consommées sont souvent méconnues, et les risques d’overdose augmentent de façon alarmante. La méthamphétamine forme-t-elle partie de ces mélanges ? Danny Philippe plaide en faveur de « recherches afin de comprendre l’ampleur de ce fléau ».
Identification des composantes
Imran Dhanoo, du centre de traitement Idrice Goomany, abonde dans ce sens. « Il est impératif que le Forensic Science Laboratory (FSL) identifie les composants de ces mélanges et partage ses résultats dans un cadre bien défini. Cela permettrait aux travailleurs sociaux et aux professionnels de santé de mieux comprendre la situation pour améliorer les stratégies de prévention et de traitement », dit-il.
L’impact de ces drogues sur le corps humain est redoutable, selon lui. « Ces mélanges ont des effets cumulatifs sur le système cardiovasculaire et pulmonaire, provoquant des complications mortelles. La concentration est trop forte, ce qui affecte directement le rythme cardiaque », explique Imran Dhanoo, alertant sur la gravité de la situation.
Face à cette « crise », les spécialistes réclament une action urgente et concertée pour prévenir de nouvelles tragédies liées à la drogue. Le Défi Quotidien à sollicité le FSL pour une réaction. Mais en vain.
Résidus d’héroïne
Au niveau de la Special Striking Team (SST) de la force policière, on avance ce mélange de drogues est sur le marché depuis environ trois ans, soit peu après le passage de la COVID-19. « La plupart des fournisseurs mauriciens s’approvisionnent en Afghanistan. Mais pendant tout le long de la pandémie, la drogue est restée en stock et s’est déshydratée. Li nepli leroyinn. Lerla bane trafikan-la inkorpor sa sibstans-la avek sintetik. Les résidus d’héroïne sont en train d’être trafiqués », fait-on comprendre.
La stratégie des partis politiques en cette année électorale
À l’approche des élections générales, le fléau de la drogue s’invite de plus en plus dans les débats politiques. Les deux principaux blocs, conscients de l’urgence, se trouvent face à un défi colossal : proposer une réponse efficace et crédible face à une crise qui gangrène la société, affectant des milliers de familles à travers le pays.
Du côté du gouvernement, la stratégie semble se concentrer sur les saisies de drogues, malgré les critiques faites sur la Special Striking Team. « Nous n’allons pas flancher et encore moins céder. Nous allons toutefois garder notre approche humaniste afin d’aider les consommateurs de drogue. Le Premier ministre suit de près ce combat », indique-t-on.
En réponse, l’opposition critique l’approche répressive actuelle et appelle à une réforme plus globale et à des politiques sociales complémentaires. Le Parti travailliste propose une révision des méthodes répressives, affirmant qu’elles sont insuffisantes sans une véritable politique de réduction des risques.
« La lutte contre la drogue sera le cheval de bataille de l’alliance PTr-MMM-ND et éventuellement de ReA. Nous devons adopter une approche globale, incluant une politique de prévention et de réinsertion, avec une perspective régionale et internationale », a déclaré Arvin Boolell.
Le leader du Reform Party, Roshi Bhadain, a également été sollicité pour une réaction. À jeudi soir, il n’avait pas encore répondu aux sollicitations pour une réaction officielle sur cette question.
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