À 17 ans, cette Nordiste fait le plus vieux métier du monde pour pouvoir se payer sa drogue. Son modus operandi : faire le tour des maisons de jeux, cibler des Bangladais et se prostituer avant de les dépouiller… Elle a été arrêtée le 6 juillet par la CID de Trou-aux-Biches.
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Nous la rencontrons en compagnie de sa mère. Neha (prénom fictif) vit avec ses parents dans une petite pièce dans le nord de l’île. Son père est gardien et sa mère travaille dans un snack. Son frère aîné, 19 ans, est actuellement en cellule policière pour une affaire de vol et le benjamin, 15 ans, a abandonné ses études. Idem pour Neha : il y a deux ans, elle quitte l’école pour apprendre un métier. Cependant, ses fréquentations vont la mener à sa perte…
2015 : Neha fait la connaissance de quelqu’un qui devient son ‘ami’. Et sa vie bascule car ce dernier l’initie dans l’univers de la drogue. « Dans un premier temps, c’était du Subutex et ensuite, j’ai pris de l’héroïne et du cannabis. »
La drogue est chère. Il est plus facile, pour moi, de me faire de l’argent en me prostituant »
L’enfer lui ouvre les portes et elle ne peut plus se passer de ses doses quotidiennes. Pour cela, il faut de l’argent. Pour s’en procurer, Neha fait travailler sa tête et trouve des astuces. « La drogue est chère et le plus facile, pour moi, c’était de me prostituer pour gagner vite de l’argent à chaque fois que j’en avais besoin, soit entre Rs 500 et Rs 1 000, dit-elle. Parfois, il m’est arrivé de voler… Parfwa pena kas e si mo pa gayn mo doz, mo pa kapav, mo malad ! »
Neha a vite fait de cibler des ouvriers bangladais qui fréquentent des maisons de jeux. Elle en fait le tour, choisit ses proies, leur fait du charme et leur donne rendez-vous dans... son lit. Lors de la deuxième rencontre, c’est un autre scénario : à l’aide de son ‘ami’ qui lui a fait connaître le monde de la drogue, ils dépouillent les pigeons bangladais de leur argent.
Les victimes redoutent la déportation
Comment, en tant que mineure, peut-elle avoir accès dans des casinos ? « Les maisons de jeux que je fréquente, ne vérifient pas si on a sa carte d’identité, explique Neha. Je me faufilais à l’intérieur parmi un groupe qui entrait et je cherchais des Bangladais car ils sont plus naifs. » Neha a été récemment arrêtée après la plainte de deux ouvriers bangladais à la police la dénonçant ainsi que son ‘ami’ qui habite la même localité. Dans leurs dépositions, ils ont expliqué avoir rencontré Neha dans une maison de jeux avant qu’elle ne leur propose des relations sexuelles avec elle. Après négociation, ils ont échangé leur numéro de téléphone afin de prendre rendez-vous. « Nous avons eu des rapports sexuels avec elle contre paiements et elle nous a invités à revenir, indiquent-ils. Nous avons accepté mais lors de la deuxième rencontre, un homme encagoulé et Neha nous ont agressés avant de nous voler notre argent et nos cellulaires. D’autres compatriotes ont été piégés de la même facon, mais ils n’osent se plaindre à la police de peur de se faire déporter. »
Arrêtée par les hommes de l’inspecteur Seegoolam, Neha a craché le morceau avec moult détails tout en révélant l’identité de son complice et ami, Amit A. (20 ans). Celui-ci est passé aux aveux, mais a nié avoir porté une cagoule. Il y a deux mois, il a été incarcéré sous une charge provisoire de ‘larceny armed with offensive weapon while being masked’. Quant à Neha, elle est provisoirement inculpée de complot. Elle a été libérée après avoir fourni une caution.
« Malheureusement, je ne peux vivre sans me droguer, confie la jeune fille. Mo pa ti coner mem ki ve dir la drogue mais kan mo fine tombe ladan, mo bizin sa pou viv. Ma mère a essayé de m’aider et j’ai fait des efforts pour m’en sortir mais en vain. Je veux quitter cet enfer, je vis un calvaire tous les jours… »
« Sortir ma fille de l’enfer »
Sa mère se dit bouleversée. « Je suis très triste pour ma fille, je ne sais pas comment elle est devenue une droguée, lâche-t-elle en sanglotant. Mo latet fatigue e mo pa koner ki pou fer. Je lui ai dit à maintes reprises de ne pas sortir avec des inconnus car c’est dangereux. Mo pa kapav vey li 24/7. Toultan mo dir fer ban kitsoz ki pou lev mo latet me mo pe bizin bes latet marse. Je ne peux voir ma fille vivre dans de telles conditions, je suis stressée. Neha est ma fille unique et je ferai tout pour qu’elle sorte de cet enfer. Mais j’ai besoin d’aide. Aidez-moi ! »
L’enquête, menée par le sergent Ramdany, est supervisée par l’inspecteur Sailesh Seegoolam. Le dossier sera envoyé au bureau du Directeur de poursuites publiques pour décider de la marche à suivre dans cette affaire.
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