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Drogue : quand les trafiquants infiltrent les « cool zones »

Drogue Les trafiquants de drogue ciblent désormais les régions moins connues.

Il y a un bon nombre d’opérations par la Brigade anti-drogue dans certains endroits ciblés et les quartiers qualifiés de « hotspots ». Plus récemment, d’autres ont eu lieu dans des « cool zones », des endroits qui n’étaient pas jusqu’ici la proie des trafiquants.

Les « cool zones » sont les quartiers qui ne figurent pas sur la liste des cibles régulières de la Brigade anti-drogue. Dans ces endroits souvent isolés, des opérations à succès ont mis hors d’état de nuire plusieurs trafiquants ainsi que leurs « jockeys », impliqués dans le trafic de stupéfiants. La drogue synthétique ne cesse de gagner en ampleur tout comme l’héroïne qui multiplie toujours les dégâts.  La dernière opération a eu lieu à Résidence Onyx, à Quatre-Cocos, en début de semaine. Un couple, soupçonné d’approvisionner la région, a été arrêté pour possession de 120 doses d’héroïne et de Rs  272 000.

On signale une augmentation  inquiètante du trafic d’héroïne dans certains endroits dont Bel-Air, Caroline, Upper Vale, Bâti à Grand-Gaube et Ti Rodrigues, situé à Résidence La Cure, entre autres. Selon les chiffres de la Brigade anti-drogue, ces lieux témoignent également d’une importante présence de drogues synthétiques. « La drog syntetik pe dominer e ena heroïne ki pe re monte », confie des sources proches impliquées dans la lutte anti-drogue.

On évoque même un tableau, établi à partir du nombre d’arrestations et des saisies de stupéfiants, qui indique cette même tendance. Pour les narcotrafiquants, l’idéal est d’instaurer une base de trafic au sein d’endroits qui ne les intéressaient pas jusqu’ici. Par exemple les villages, les cités ou résidences peu fréquentés et les régions difficiles d’accès sont aujourd’hui dans le viseur des trafiquants qui s’attellent à maintenir leur business dans la discrétion.

Au niveau de la Brigade anti-drogue, on explique que dorénavant, aucune région n’est épargnée et ne peut être négligée. Dès que les activités illicites augmentent et qu’il y a une prolifération de drogue, le QG de l’Anti Drug and Smuggling Unit (Adsu) agit rapidement. « Si nou ranseignemen confirme, nu azir vite vite », explique-t-on dans les couloirs de la Brigade anti-drogue aux Casernes centrales.
Des trafiquants se sont installés à Résidence Sainte-Claire et malgré les multiples opérations coup de poing de la police, les transactions se poursuivent dans les ruelles de ce quartier de Goodlands. De plus, les trafiquants modifient leurs activités à travers le blanchiment d’argent ou en dissimulant leurs revenus dans des meubles ou du béton.

« Pir ki dan bann la vil »

Ally Lazer, travailleur social engagé dans le combat contre la drogue constate un manque de rigidité. « Zordi bann trafikan la drog nepli per lotorité », dit-il. « La drogue est désormais répandue à travers l’île et dans les régions rurales, c’est pire que dans les villes. » Le travailleur social ajoute que les trafiquants ont instauré plusieurs stratégies pour le bon déroulement du trafic. « La situation a empiré, le trafic s’est diversifié et les trafiquants comptent de nombreux revendeurs », affirme-t-il.

Pour sa part, le sociologue Surendr Nowbuth évoque une perte des valeurs dans notre société. « Zordi valer finn sanzer. Auparavant, l’intégrité et le respect des gens étaient plus importants pour la société. Aujourd’hui, on juge la valeur selon les richesses matérielles et beaucoup sont tentés par l’argent facile, quitte à s’adonner au trafic de drogue. Certaines personnes qui ont subi des échecs se laissent tenter par les voies malhonnêtes. C’est aussi ce qui explique l’introduction des trafiquants dans les villages. » Sur le plan du business, ces endroits représentent une opportunité pour les affaires et une clientèle concentrée de jeunes qui sont plus vulnérables.

L’exploitation de la misère

Les trafiquants exploitent au maximum les habitants de leurs quartiers. Tantôt qualifiés d’intermédiaires dits Max, ces jeunes habitants deviennent les complices et les pions du réseau sans même s’en apercevoir. Les barons comptent ainsi sur le soutien « indéfectibles » des plus démunis. Des sources proches de l’Adsu avancent que certains trafiquants vont même jusqu’à offrir du matériel scolaire aux enfants de leurs « jockeys » et prennent en charge les activités sociales de ces derniers, notamment les mariages, funérailles, etc.

Ces « whistle blowers », ou Max comme on les surnomme, sont en première ligne pour tenter de faire barrage aux descentes policières. Ces « rebelles » bénéficient des privilèges d’argent et d’autres facilités de la part des trafiquants. Concernant le blanchiment d’argent, certaines personnes y sont d’ailleurs spécialisées pour le compte des trafiquants de drogue.


Sylvaine Marie : «Des jeunes se droguent, les trafiquants s’enrichissent»

Sylvaine Marie, conseillère du Village Council de Grand-Gaube, assure que les campagnes de sensibilisation se multiplient. Elle explique que récemment, Kobita Jugnauth, l’épouse du Premier ministre a présidé une causerie lors d’une campagne de sensibilisation dans la localité. « Les quartiers Bâti, Morcellement Sim-Fat et Saint-Joseph sont les plus touchés par le fléau de la drogue » , indique-t-elle. « L’Adsu multiplie les opérations dans ces endroits mais on lui fait souvent de la résistance. » Elle évoque le cas d’un jeune père de famille, décédé d’une overdose il y a quelques semaines. Son cadavre avait été retrouvé trois jours après sa disparition signalée à la police. « L’Adsu pe fer zefor, me bane zenn pe fim plis ek trafikan pe enrissi. » Elle lance un appel pour que la police se concentre davantage sur les trafiquants de drogue au lieu des consommateurs.


Damri Rampersad : «Partou pe vann la drog»

Damri Rampersad, conseiller du village de Goodlands, affirme que la situation est déplorable. « Ena bokou dimoun ek zen droge e partou pe gagn la drog facil », indique-t-il. En plus des régions urbaines, la drogue a infiltré les zones rurales. Je pense que c’est dû aux facilités dont disposent les jeunes d’aujourd’hui. « Parent mem donn zanfan kass fasil. » Il déplore l’accès et la disponibilité des drogues. « A quatre camarad zot pren syntetik pou Rs 100 e met nissa enplis li coute moin ki lalcool », s’indigne Damri Rampersad. Il demande la solidarité de tout le pays  pour combattre la drogue synthétique.

 

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