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‘Drogue du zombie’ : la force policière appelée à inclure la xylazine sur la liste des drogues

La hausse alarmante de la ‘drogue du zombie’ préoccupe fortement les travailleurs sociaux.

La préoccupation concernant la ‘drogue du zombie’ ne cesse de croître dans le pays depuis environ un mois et demi. Ce mélange toxique, associant héroïne et xylazine, se propage rapidement, faisant des ravages sur son passage. Une vingtaine de cas ont été recensés par les autorités en l’espace de trois semaines. Selon des informations très fiables obtenues par Le Défi Plus, la force policière a été appelée à inclure la xylazine sur la liste des drogues, nécessitant ainsi des amendements à la Schedule 2 du Dangerous Drugs Act.

La xylazine, aussi appelée drogue tranquille, est un médicament utilisé par les vétérinaires pour détendre ou endormir les animaux. Des travailleurs sociaux et autres professionnels de la santé tirent la sonnette d’alarme, en mettant en garde contre les conséquences dévastatrices de ce nouveau stupéfiant. Malheureusement, il est actuellement impossible de poursuivre les consommateurs, car ce mélange n’est pas encore officiellement identifié comme une drogue. D’ailleurs, sa non-classification a été soulevée par un haut gradé de la Special Striking Team (SST) dans une déclaration. « Comme la drogue du zombie vient de faire son apparition dans le pays, elle ne figure pas sur la liste des drogues reconnues en raison de sa composition chimique inconnue », a-t-on précisé. 

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Ainsi, pour remédier à cette situation préoccupante, une demande formelle, par le biais d’une correspondance, visant à classer la xylazine sur la liste des drogues reconnues énumérées dans le Dangerous Drugs Act, a été envoyée à la police. « Les autorités concernées ont été informées de l’abus de xylazine par des consommateurs de drogue. Il est actuellement impossible de poursuivre ces derniers, car ce mélange n’est pas encore officiellement identifié comme une drogue. La force policière a pris connaissance de la situation, et selon une source très proche du dossier, le ministère de la Santé et du Bien-être devra modifier la Schedule 2 de la DDA afin d’inclure cette nouvelle substance dans la classification des drogues », indique-t-on. 

Entre Rs 250 et Rs 350 la dose

Les régions telles que Karo Kalyptis à Roche-Bois, Résidence Ste-Claire à Goodlands, Mahébourg, Caroline, Résidence Barkly ou encore le jardin de Plaine-Verte, entre autres, sont identifiées comme des points chauds où la ‘drogue du zombie’ menace de prendre racine. Selon le président de l’ATSM (Association des Travailleurs Sociaux de Maurice), Ally Lazer, cette drogue est non seulement fumée, mais injectée dans les veines par les consommateurs. Il indique aussi qu’elle se vend comme de petits pains dans certaines régions du pays. « La demande est grandissante. Toutefois, ces amateurs de sensation forte n’ont aucune idée des composantes chimiques qu’ils sont en train de consommer », déplore-t-il. Pire encore, certaine personnes mélangent la ‘drogue du zombie’ aux substances synthétiques. Quid du prix de cette nouvelle drogue ? Étant mélangée à de l'héroïne, elle se vendrait au même tarif, c'est-à-dire entre Rs 250 et Rs 350 la dose. 

Une grosse cargaison de xylazine introduit dans le pays

Mais pourquoi les trafiquants s’adonnent-ils au mélange de xylazine et de l’héroïne ? Selon le Dr. Anil Jhugroo, psychiatre et addictologue à l’hôpital Brown Sequard de Beau-Bassin, le but est de faire perdurer le plaisir. « Le mélange d’héroïne et de xylazine permet aux consommateurs de drogue de ressentir une sensation de longue durée et d’intensité. Malheureusement, il est destructeur  pour le corps humain », explique-t-il. En effet, si certaines personnes s’évanouissent après avoir consommé cette substance, d’autres sont sujettes à des vertiges, font des crises d’épilepsie ou encore connaissent des arrêts cardiaques sur place. 

Tout porte à croire que les trois jeunes âgés de 16 à 30 ans résidant dans la région de Ville-Noire, à Mahébourg, qui ont récemment perdu la vie par overdose, s’injectaient de la ‘drogue du zombie’. Le psychologue et addictologue Kunal Naik précise : « Nous pensons que cette drogue est disponible dans la région de Mahébourg. Cela s’explique par les cas d’overdoses récemment recensés dans la région. Il est fort probable qu’il y ait des réseaux à travers le pays ». Il redoute le fait qu'il pourrait avoir « un grand nombre d’overdoses dans les semaines à venir, car les individus ne savent pas ce qu’ils consomment ». Notre intervenant n’en démord pas. La xylazine est une drogue importée. Il se peut qu’une grosse cargaison ait été importée à Maurice par un ou plusieurs individus, ce qui fait craindre le pire. 

Pour sa part, le chargé de plaidoyer auprès de l’Ong DRIP, (Développement, Rassemblement, Information et Prévention), Danny Philip, redoute un nombre conséquent de décès liés à la consommation de cette drogue depuis ces dernières semaines. « Selon nos renseignements, les proches des victimes ont honte de dévoiler les causes des décès… », fait-il ressortir.

Approche participative

La Special Striking Team (SST) souligne que « les consommateurs optent pour l’injection afin de ressentir un plaisir maximal le plus rapidement possible, avec une dépendance plus marquée chez les fumeurs », précise-t-on. Cette unité annonce des opérations à l’échelle pour contrer les stratagèmes des trafiquants et maximiser les saisies de drogue à travers le pays. « Les trafiquants se montrent plus astucieux que jamais, élargissant leurs réseaux à des proportions considérables. Ils déploient leurs ‘jockeys’ sur des distances importantes, rendant ainsi nos opérations plus difficiles. Néanmoins, la SST travaille actuellement sur des informations qui entraveront ces organisations », déclare-t-on.

De son côté, Ally Lazer tire « une fois de plus la sonnette d’alarme ». Il plaide pour une approche participative, engageant les autorités portuaires et aéroportuaires, la force policière, mais également les parents et les institutions religieuses dans la lutte contre ce fléau. Il met en garde contre la gravité de la situation, appelant à des actions immédiates pour contenir la menace grandissante. « Les consommateurs doivent être informés de la dangerosité de ce produit », indique aussi Danny Philippe. 

Un danger de plus grande envergure

Le travailleur social et assesseur de la commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, Sam Lauthan, redoute, quant à lui l’entrée du fentanyl dans le pays. « Le Fentanyl, connu pour sa puissance et sa dangerosité, pourrait aggraver la crise liée à la drogue du zombie », précise-t-il. Selon lui, l’apathie actuelle des autorités face à cette menace imminente pourrait entraîner des conséquences préoccupantes sur la santé et la sécurité de la population. « La ‘drogue du zombie’ est en train de causer du tort à un bon nombre de personnes. C’est la raison pour laquelle les autorités doivent une fois pour toutes prendre les actions qui s’imposent », fait-il ressortir.

Un mélange d’héroïne et de xylazine 

« Dans la pratique, les trafiquants de drogue renforcent l’héroïne avec la xylazine de sorte à augmenter les effets », souligne le Dr. Anil Jhugroo, psychiatre et addictologue à l’hôpital Brown Sequard de Beau-Bassin. Selon lui, le but est de  permettre aux consommateurs d’éprouver une sensation intense et de longue durée. « La xylazine, qui n’est ni un opiacé ni une drogue psychoactive, n’est pas addictive. C’est le mélange d’héroïne (qui est un opiacé) et de xylazine (qui est un puissant sédatif pour les animaux) qui est explosif », dit-il. Ainsi, les effets de cette drogue sur le corps humain sont néfastes, voire mortels. Une fois dans l’organisme, ce puissant mélange affecte d’emblée les neurones. « Les muscles du corps se bloquent. L’individu perd tous ses moyens physiques, puis il sombre immédiatement dans une paralysie catatonique. C’est la raison pour laquelle cette nouvelle drogue a été baptisée ‘drogue du zombie’ », indique-t-il. Notre intervenant précise, par ailleurs, que les trafiquants de drogue mélangent la xylazine avec l’héroïne en raison de sa disponibilité sur le marché local. « Mais dans d’autres pays, des trafiquants optent pour le fentanyl au lieu de l’héroïne », ajoute-t-il.

 

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