Drame à Plaine-Verte : «Monn vid lesans me ti deza ena enn ti dife dan kiosk»

Ceux présents au jardin de Plaine-Verte et ses alentours ont été témoins d’une scène effroyable mercredi après-midi. Fou de rage, Pravin Haguthee, récidiviste notoire, n’y est pas allé de main morte pour se venger de Dinesh Juttun.   

Arrêté par la CID de Plaine-Verte jeudi après-midi, Pravin Haguthee, âgé de 36 ans et sans domicile fixe, est vite passé aux aveux. Confronté à des preuves, notamment des images des caméras Safe City, il a justifié les raisons de cette démonstration de violence commise de sang-froid.

Il nourrissait une profonde colère à l'encontre de Dinesh Juttun depuis quelque temps. Ce dernier, un habitant du village de Cent Gaulettes à Sébastopol, était au mauvais endroit, au mauvais moment, mercredi après-midi. Fabriquant des ouvertures en aluminium et maçon à ses heures perdues, Dinesh Juttun a connu une fin tragique.

Depuis quelque temps, cet homme âgé de 27 ans s’était mis à fréquenter des individus louches dans la région de Plaine-Verte et de Vallée-Pitot. À plusieurs reprises, ce sans domicile fixe dormait sur place dans la capitale. Avec l’aide de son bourreau, il a pu trouver un endroit pour dormir à la route des Pamplemousses, Plaine-Verte, une fois la nuit tombée.

Mais Pravin Haguthee, qui vivait avec son épouse et ses deux enfants âgés de quatre et sept ans à la belle étoile, était excédé par l’attitude de Dinesh Juttun envers ces derniers. Le suspect reproche à la victime d’avoir volé ses vêtements et aussi les effets personnels de ses enfants, notamment leurs pulls. Dans sa déposition aux hommes de l’ACP Madhow et de l’inspecteur Golap, il dit n’avoir pas digéré les remarques désobligeantes de la victime envers sa famille.

C’est alors que mercredi, il a profité que Dinesh Juttun se trouvait dans un kiosque du jardin pour lui régler son compte. Sans crier gare, il s’est saisi d’une bouteille en plastique et s’est dirigé vers une station-service. La police a visionné des caméras de surveillance et a confirmé que le suspect avait entre ses mains une bouteille d’essence.

Fou furieux, Pravin Haguthee, récidiviste notoire, a débarqué dans le kiosque où se trouvaient Dinesh Juttun et d’autres individus. « Zot ti pe kwi enn brown. Ti ena deza enn ti dife laba ». À l’aide de ses deux mains, d’un air menaçant, il a aspergé de l’essence sur sa cible tout en lui proférant des menaces. En l’espace de quelques secondes, la victime s’est transformée en torche humaine. 

Ce drame s’est joué à quelques pas du poste de police de Plaine-Verte. C’était l’horreur et le choc dans le jardin de Plaine-Verte. La fumée provoquée par cet incendie s’est répandue. Des témoins de la scène ont tenté de venir au secours de la victime, grièvement brûlée sur plusieurs parties de son corps. Affolé, Dinesh Juttun, pieds nus, s’est mis à chercher de l’aide et du secours sur place. « Eh zet delo lor li, eh linn bril sa dimounn la », ont témoigné avec effroi des habitués des lieux. 

Le policier Sohawon, qui se trouvait au poste de police de Plaine-Verte, est alerté par des appels de détresse. Il a constaté un incendie dans le jardin. Sans perdre de temps, il s’est emparé d’un extincteur et s’est rué sur place. Au même moment, des personnes ont tenté de circonscrire les flammes en versant de l’eau sur la victime. Grâce à son extincteur, le policier Sohawon est parvenu à éteindre le feu. Il a utilisé un drap pour couvrir la victime avant de l’engouffrer dans un véhicule de police et a démarré en trombe jusqu’à l’hôpital Dr A. J. Jeetoo. 

En route, Dinesh Juttun a révélé que c’est un homme, père de deux enfants, qui l’aurait aspergé d’essence avant de l’immoler. Peu de temps après, la victime s’est évanouie. Vu son état jugé grave, il a été transféré à l’hôpital Victoria, Candos, où il a été placé sous respiratoire artificiel à l’unité des soins intensifs. Dans la matinée du jeudi, Dinesh Juttun a poussé son dernier soupir. L’autopsie pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, responsable du département médico-légal, a attribué le décès à un « shock due to extensive burns ».

Son forfait commis, le présumé meurtrier, Pravin Haguthee a pris son épouse et ses deux enfants et a quitté les lieux. Les limiers Chumroo, Ramcheram, Boodhoo, Ramasawmy, Dookee, Ameenah et Ramjattan ont été déployés dans Plaine-Verte et ses alentours pour retracer le suspect. Mais en vain. 

Finalement jeudi, les recherches ont mené les enquêteurs dans la région de Camp Fouquereaux, Phoenix, où il est cueilli. Vendredi, il a été inculpé de meurtre devant le tribunal de Port-Louis. Il demeure en détention policière sous les ordres du sergent Rummun et du caporal Jaygobin. La bouteille d’essence que le suspect avait abandonnée sur les lieux du drame a été saisie pour les besoins des examens par des policiers du Scene of Crime Office. 

Lors de cette agression mortelle, un second habitant de Plaine-Verte, présent dans le kiosque a, lui aussi, été grièvement brûlé. Après des soins à l’hôpital, ce rescapé, les deux mains plâtrées, a pu regagner sa maison.

Depuis mercredi, chez les proches du défunt à Cent Gaulettes, Sebastopol, la vie s’est arrêtée. Un des frères de la victime dit avoir déjà mis en garde son frère sur ses fréquentations d’individus louches. Il relate que dans le passé, Dinesh avait quitté sa maison pour vivre dans la capitale. « Ena enn madam ki rest Por-Lwi ti pe fatig mo frer. Sak fwa li dir li vinn laba. Monn deza al sers mo frere laba. Se bann dimounn bien danzere. Plas la bien sal. sa madam la 100% ena so lamin ladan. Linn deza dir li li pou touy li si li pa kit lakaz isi pou al rest laba », dit notre interlocuteur au Defi Plus. Il explique que dans le passé son frère, en danger, avait sollicité son aide pour le secourir dans ce faubourg de la capitale « Dan le pase mo ti al sers li laba. Mo ti extra per », relate-t-il.