Drame à Beau-Plan - Sanjay : «Ma sœur se faisait souvent battre par son mari»

Le double drame qui s’est joué devant le Mahogany Shopping Promenade, à Beau-Plan, le vendredi 4 novembre, a suscité l’émoi général. Un homme de 27 ans a tenté d’égorger son épouse de 20 ans, avant de se planter le couteau en plein cœur. Cela s’est produit sous les yeux de leur fille de deux ans. Sanjay, le frère de la jeune femme, raconte le calvaire qu’elle vivait. 

Le pronostic vital de Sushmita (prénom d’emprunt), âgée de 20 ans, était engagé à samedi soir. Elle a été agressée à l’arme blanche par son époux, le vendredi 4 novembre en face du Mahogany Shopping Promenade, à Beau-Plan. « Elle n’arrive pas à dire un mot à cause de sa blessure à la gorge », témoigne Sanjay, 22 ans, l’un des frères de la jeune femme. 

Cette dernière, qui se trouve à l’hôpital, a une profonde lacération à la gorge et plusieurs autres sur les bras. Elle a aussi reçu des coups de poignard au thorax. C’est son époux Ajay (prénom d’emprunt), un habitant de Plaine-des-Papayes de 27 ans, qui lui a infligé ces blessures avant de mettre fin à ses jours. « Ma sœur a été victime de violence domestique. So misie ti pe bat li souvan », affirme Sanjay. 

Selon lui, cela fait presque deux semaines que la jeune femme avait déserté le toit conjugal pour élire domicile chez son père à Cottage. « Kan noun demann li kifer, linn zis dir li pe gagn tro boukou problem avek so misie ek so belfami. Me li pann donn plis detay ki sa », soutient Sanjay. 

Le lundi 31 octobre 2022, poursuit-il, Ajay était venu récupérer sa sœur. « Linn vini. Linn sipliy mo ser retourn kot li. Linn dir li ki zame li pa pou rebat li ankor », avance Sanjay. Dans la nuit de lundi à mardi, Sanjay confie avoir reçu un appel téléphonique de sa sœur. C’était peu après 2 heures. 

« Linn dir mwa li dan Cottage, me li pa pe kone kot sa. Linn dir mwa linn gagn bien bate ek so misie ek li pe marse tousel. Linn demann mwa vinn rod li. » Sanjay, qui est chauffeur d’autobus, s’apprêtait alors à se rendre au travail. « Pris de panique, j’ai sollicité l’aide de quelques amis, qui sont aussitôt partis à la rescousse de ma sœur. » Mais il regrette ne pas y être allé lui-même. 

Après le travail, il s’est entretenu avec sa petite sœur. Selon lui, elle lui a raconté que son mari était venu pour essayer de la convaincre de retourner chez eux. « Linn dir mwa ki linn fors li pou rant dan enn taxi. Ajay pann amen li kot zot, me enn lot plas. Laba linn bien bat li. Linn trenn li lor sime, apre linn kit li anplas. » 

Il se souvient qu’elle avait le visage boursouflé et des ecchymoses. Dès le lendemain matin, Sushmita s’était rendue au poste de police pour porter plainte. « Je ne sais pas quelle action la police a prise », déplore Sanjay. Il dit avoir conseillé à sa sœur de rester chez leur père et de ne pas retourner vivre chez son mari. 

« Monn dir li ki zot pou an sekirite, so tifi ek li, lwin ek problem e ki so latet pa pou fatige. Linn dir mwa wi. Me apre linn ale san dir nanie », poursuit-il. Sanjay ajoute qu’à sa connaissance, sa sœur a porté plainte à deux reprises contre son mari pour violence domestique. 

Selon lui, le couple avait une relation conflictuelle bien avant le mariage. Sushmita, issue d’une fratrie de cinq enfants, était très jeune quand elle est tombée amoureuse d’Ajay. Elle ne travaillait pas à l’époque. Quelque temps après, elle est tombée enceinte. Ce n’est qu’après la naissance de leur fille qu’ils se sont mariés civilement. La jeune femme a emménagé chez son mari à Plaine-des-Papayes. « Fer zis 4 mwa ki zot finn marye reliziezman. » 

« Je savais qu’elle se faisait souvent tabasser. Ils se disputaient souvent, et ce, bien avant le mariage », insiste Sanjay, qui se rappelle que lorsque sa sœur venait trouver refuge chez leur père, Ajay rappliquait pour la supplier de revenir : « Mo finn deza trouv li tom lor lipie mo ser pou demann li ekskiz. Lerla mo ser ti real ek li. » 

Sanjay affirme que son beau-frère ne l’appréciait pas. « C’est parce que j’étais contre leur relation depuis le début. On s’adressait à peine la parole. » Il dit ignorer pourquoi Ajay a agressé Sushmita. « Mais peu importe la raison de leur dispute, je ne cautionne pas son attitude. Je ne le pardonnerai jamais pour ce qu’il a fait à ma sœur. Sans compter le fait que cela s’est produit sous les yeux de leur fille. C’est inadmissible. S’il aimait ma sœur, il n’aurait jamais fait une telle chose », déplore-t-il. 

Après le drame, Sanjay dit s’être entretenu avec les collègues de Sushmita. « Ils m’ont expliqué qu’elle venait souvent au travail avec des ecchymoses et des boursouflures au visage. » Un des collègues a même dit à la police que la jeune femme lui racontait comment elle se faisait battre par son époux. 

La sœur du jeune homme : « Elle lui avait annoncé qu’elle en aimait un autre » 

La sœur d’Ajay a accepté de se confier sous le couvert de l’anonymat. « Quelques jours après le mariage religieux, ma belle-sœur a annoncé à mon frère qu’elle était amoureuse d’un autre homme », avance-t-elle, avant d’ajouter que Sushmita a ensuite abandonné le toit conjugal, laissant son enfant et son mari, pour se réfugier chez son père. 

« Le jour du drame, elle avait appelé mon frère pour lui dire qu’elle avait envie de voir sa fille. Ajay, ma mère et ma nièce sont allés à sa rencontre », raconte la jeune femme, qui était alors à un rendez-vous. « À un moment donné, j’ai appelé ma mère. Elle était en larmes. Elle m’a dit : ‘Vinn vit, bann-la inn fini touy to frer’. » En arrivant sur les lieux, elle a constaté la présence de la police et elle a vu qu’un corps, celui de son frère, gisait sur le sol, recouvert d’un tissu blanc. 

La CID en possession d’enregistrements de vidéosurveillance 

Des caméras de vidéosurveillance, dont la Criminal Investigation Division (CID) de Pamplemousses a recueilli  les enregistrements pour les besoins de l’enquête, ont filmé toute la scène, le vendredi 4 novembre. Selon une source proche du dossier, on y voit Ajay, sa mère et sa fille de deux ans à un arrêt d’autobus non loin du Mahogany Shopping Promenade. 

Quelques minutes plus tard, Sushmita arrive dans une voiture. Elle descend ensuite du véhicule. Une dispute éclate entre mari et femme. Sur les images, Ajay est vu retirant une arme blanche pour infliger des coups à son épouse avant de lui trancher la gorge. 

La mère du jeune homme prend la fillette dans les bras avant de se sauver. Sushmita, entre-temps, s’est écroulée. Des badauds s’approchent pour réprimander Ajay qui court vers un buisson. Ce dernier commettra l’irréparable en s’infligeant un coup de couteau au cœur. 

La zone où il s’est donné la mort n’est toutefois pas couverte par les caméras. Ce sont plusieurs témoins qui ont confirmé qu’il s’est tué. L’autopsie pratiquée vendredi soir a attribué le décès à une « stab wound to the heart ». Les funérailles ont eu lieu le samedi 5 novembre 2022.