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Drame à Arsenal : six amis dévots unis dans la mort

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Ils avaient consenti à beaucoup de sacrifices pour ériger leur kanwar avec leur groupe d’amis du Trikaal Senna. Abhay Boojeedhur, 21 ans, Vijaysingh Mootia (Nilesh), 19 ans, Keshav Doomun, 20 ans, Luvalesh Seedoyal (Vedish), 20 ans, Avinen Soobrayen, 19 ans, et Luvesh Jugdhur, 18 ans, partageaient la même fervente dévotion pour accomplir le pèlerinage vers le Ganga Talao, à Grand-Bassin. Mais alors que ces jeunes gens, issus de Triolet, Trou-aux-Biches, Morcellement Saint André et Rivière-des-Galets, avaient pris la route le dimanche 3 mars, le malheur a frappé. À Arsenal, leur kanwar a heurté une ligne à haute tension. La structure s’est embrasée, ne laissant aucune chance aux six amis. Leur disparition est une perte immense, d’autant plus qu'ils étaient tous promis à un brillant avenir.


Avinen Soobrayen, toujours prêt à aider

AvinenPlus rien ne sera comme avant. À la rue Trou-aux-Biches, chez la famille Soobrayen, le temps s’est arrêté. Avinen, âgé de 19 ans, était le pilier de sa famille. Sa sœur Yana est dévastée par sa soudaine disparition. « Mo frer mo lavi sa », lâche la jeune femme après ce drame. Après ses études, le jeune homme avait trouvé de l’emploi dans un hôtel. 

Il a toujours été présent pour sa sœur et ses amis. « Il avait le cœur sur la main. Chaque fois qu’un ami avait besoin d'aide, il répondait présent », explique-t-elle. Un trait de caractère qui montre la grande générosité du jeune Avinen. Toujours souriant, il apportait de la joie autour de lui. « Il était quelqu’un de jovial », dit sa sœur.

Il y a environ un mois, avec des amis, ils se sont mis à la fabrication d’un kanwar en marge du pèlerinage vers le lac sacré à Grand-Bassin pour la Maha Shivatree. C’était des jeunes issus de la région, qui se donnaient à fond pour mener à bien cette réalisation. « Lorsqu'il terminait le travail, il rentrait à la maison, puis ressortait pour poursuivre la fabrication du kanwar avec ses amis », relate sa sœur, le cœur lourd.

La veille de leur départ, frère et sœur étaient rentrés du travail au même moment. « Il m’avait dit que ses amis allaient venir récupérer ses vêtements dimanche. Ce matin, je l’ai aperçu, mais nous n’avons pu nous parler », se souvient-elle. Ce qui devait être un moment de réjouissance s’est transformé en un véritable cauchemar pour la famille. Quelques heures après avoir pris la route vers Grand-Bassin, tout a basculé. « J’étais encore au travail quand un ami de mon frère m’a appelée », lâche-t-elle. Son monde s’est écroulé en entendant la terrible nouvelle.

 


Vedish Seedoyal : un dévot qui était un bon vivant

Vedish SeedoyalLuvalesh (Vedish) Seedoyal, 20 ans, faisait également partie de ces jeunes qui sont morts. À l’annonce de cette nouvelle tragique, proches, amis et connaissances se sont rués à la rue Dispensaire, à Triolet, où il réside. 

Depuis un mois, avec ses amis, ils se retrouvaient pour la fabrication du kanwar. « Il était joyeux et prêt à rendre service. Avec ses amis, ils se sont investis dans la fabrication de ce kanwar. Chacun a apporté sa contribution », relate un membre de sa famille. Il était un jeune amical, jovial, qui profitait de chaque instant de la vie.

Le jeune dévot ne manquait jamais une occasion de montrer sa foi. Il participait aux fêtes religieuses avec dévotion. Il postait souvent des vidéos sur la plateforme TikTok. « Li ti kontan fer tiktok », ajoute son oncle. À chaque fois qu’il avait l’occasion, ils se rendaient auprès de son ami Abhay pour peaufiner le kanwar. Mais le destin s’est montré cruel envers lui et ses amis.


Abhay Boojeedhur projetait d’aller étudier en Malaisie

Abaye Boojedhur 1Au domicile d’Abhay Boojeedhur, 21 ans, à la rue New Market, Triolet, l’atmosphère est tout aussi pesante. La réalisation du kanwar a été faite à l’arrière de sa maison. Avec ses amis, ils se retrouvaient au quotidien pour être prêts le jour de leur départ. « Depuis des semaines, ils préparaient ce kanwar. Ils ont fait un grand sacrifice », indique Krishna, un proche d’Abhay.

Le jeune homme, comme ses amis, était très populaire dans la région. Ces jeunes se démarquaient par leur engagement et leur dévotion. Abhay voulait poursuivre ses études à l’étranger. « Cette année, il devait partir en Malaisie pour ses études. Il voulait faire de la programmation », poursuit notre interlocuteur. 

Krishna revient sur ce jour tragique. Il escortait le jeune homme et ses amis dans un véhicule quand le drame s’est produit. « Je les escortais et à un moment donné, sur la route à Arsenal, ils se sont arrêtés pour se reposer mais des véhicules derrière eux n’ont cessé de klaxonner pour pouvoir passer. Ils avaient pris toutes les précautions pour avancer », explique-t-il. Toutefois, alors que la bande d'amis voulait faire de la place pour que des véhicules puissent circuler, le malheur est survenu. « Ils ont touché un câble à haute tension », dit-il. Tout s’est produit en une fraction de seconde. Les jeunes qui soutenaient la structure se sont effondrés et des étincelles ont provoqué un feu qui s’est vite propagé. « Je suis sorti pour voir ce qui s’était passé. J'ai touché la structure et j'ai ressenti une vibration », poursuit-il. « Cela m’attriste de voir ce qui s’est passé », confie avec peine un oncle du jeune homme.


Lavlesh Jugdhur : brillant dans ses études

Luvlesh Jagdhur 1Lavlesh Kumar Jugdhur venait de célébrer son 18e anniversaire le 9 janvier. Il est le plus jeune parmi les défunts. Il habitait à Morcellement Saint-André et fréquentait le collège Adolphe de Plevitz. « La famille compte un jumeau et lui », indique son oncle, dévasté par sa mort. Comme chez ses amis, après le drame, de nombreuses personnes ont afflué chez lui.

« Il avait la tête sur les épaules et était un jeune très brillant dans ses études et tout ce qu’il entreprenait. Il apprenait très vite », poursuit son oncle. « Il ne voulait pas perdre de temps, le jour même de ses 18 ans, il est allé faire sa carte d’identité », explique ce dernier. Il était persévérant dans ses études. « Il nous a dit qu’il allait travailler très dur pour pouvoir obtenir six unités cette année. C’était son objectif. »
Le jeune Lavlesh désirait rejoindre son frère au Canada. « Lavlesh voulait aller rejoindre son frère et celui-ci se faisait une joie de l’accueillir », ajoute l’oncle. Mais tous ses rêves et projets se sont envolés le dimanche 3 mars.

 


 

Keshav Doomun : le premier pèlerinage

Keshav DhomunKeshav Doomun, 20 ans, faisait la fierté de sa famille et du village de Rivière-des-Galets. Il venait de finir ses études secondaires et avait obtenu de bons résultats aux examens du Higher School Certificate. Ce fils unique avait perdu son père il y a deux ans et il était très proche de sa mère. Sa mort afflige profondément ses proches.

Son cousin Sunny parle d’une perte immense. « Nous avons grandi dans la même maison. Nous nous voyions tous les jours », explique le jeune homme. Plusieurs membres de la famille de Keshav Doomun habitent à Triolet. « Depuis janvier, ils avaient commencé à fabriquer un kanwar à Triolet. Keshav donnait un coup de main. Il en était à sa première participation », explique le cousin.

Ainsi, le samedi mars, il s’est rendu à Triolet. « Li ti ankouraze pou li ale. Zot ti bizin sorti 6 er di matin dimans, mais pa ti ankor fini. Zot finn sorti impe pli tar. Tou in dekale. Li ti pe dir ki pli importan nou sorti ansam », explique le cousin. Le malheur a frappé. 

« Je n’ai pas de mots pour décrire ce que nous ressentons. C’était un jeune très motivé. Il avait trouvé un emploi. Keshav s’intéressait à tout », dit Sunny. Il ne tarit pas d’éloges sur le jeune homme. Lundi, la dépouille du jeune homme a quitté son domicile pour se rendre à la New Market, chez son cousin Abhay Boojeedhur. Les deux funérailles ont eu lieu en même temps.


Gopika Mootia, la mère de Nilesh : « Li al marse Grand-Bassin depi ki li ena 10 an »

Nilesh laisse une mère et deux frères accablés derrière lui.
Nilesh laisse une mère et deux frères accablés derrière lui.

Le village de Triolet est en deuil après la tragédie qui a coûté la vie à Nilesh Mootia, 19 ans, à Arsenal. Six pèlerins, dont Nilesh, ont été électrocutés après que leur kanwar a été en contact avec un câble à haute tension le dimanche 3 mars. Un rescapé, traumatisé après ce drame, s’est, lui, enfermé dans le mutisme. Par ailleurs, les auditions des autres jeunes commenceront la semaine prochaine.

Chez les Mootia, à Triolet, le temps semble s’être arrêté. La famille est plongée dans une profonde peine depuis cette tragédie qui a emporté Nilesh, 19 ans, le 3 mars dernier. Gopika, sa mère, et ses deux frères peinent à accepter cette perte brutale. Pour cette famille, la religion et les valeurs spirituelles tiennent une place prépondérante et sont inculquées aux enfants dès leur plus jeune âge. « Nilesh al marse Grand-Bassin depi ki li ena 10 an », dira la maman en larmes.

Vijaysingh Mootia, alias Nilesh, avait 19 ans. Il a péri dans le drame, survenu à Arsenal, le dimanche 3 mars, après que leur kanwar a pris feu. Bilan : six morts. Outre Nilesh Mootia, ses amis Paroumal Soobrayen (19 ans), Keshav Dhomun (20 ans), Lavlesh Kumar Jughdur (18 ans), Abhay Bhoojedhun (21 ans) et Koovalesh Seedoyal (20 ans) ont perdu la vie. Si les deux premiers nommés étaient employés comme serveurs dans un hôtel, les autres étaient tous étudiants. 

Gopika est toujours sous le choc. « Depi tipti li ti kontan lapriyer. Tou lokasion li al Grand-Bassin, premie fwa li ti ena 10 an », confie cette mère meurtrie. Pour elle, la fête Maha Shivratri ne sera plus jamais la même. Cette année-ci, elle avait prévu de célébrer l’anniversaire de Nilesh, qui allait souffler ses 20 bougies. Dans son malheur, Gopika dit avoir « une pensée spéciale pour les autres victimes et pour leurs parents ». « Li pa fasil pou trouv zanfan perdi lavi koumsa. Zot ti bien zen, zot tou ti ena gran lavenir divan zot », confie-t-elle. Très pieux, Nilesh se rendait à Grand-Bassin deux fois par an.

Outre Maha Shivratri, Nilesh prévoyait de se rendre à Grand-Bassin pour un deuxième pèlerinage en novembre. « Li ti fini fer promes », dit la mère. Dinesh, le benjamin, âgé de 13 ans, nous parle avec la permission et en présence de sa mère Gopika. Il dira au Défi Plus que « Maha Shivratri ne sera pas célébrée par les siens cette année-ci. Mo gran frer ti fini ranz so kanwar, me nou pa pou ale, bann dimounn landrwa inn pran nou kanwar pou al Grand-Bassin ». D’ajouter : « Nilesh ti pe rant lakaz tou le swar apre minwi. Zot ti pe ranz zot kanwar ». 

« Boukou sakrifis »

Après le travail, Nilesh rejoignait ses amis du quartier pour les préparatifs, notamment la construction du kanwar. Depuis le drame, Dinesh dira comment toute une communauté d'amis, unis depuis des années pour une noble cause, est affligée par la perte de six vies. Il raconte comment Nilesh avait exprimé son engagement à faire le pèlerinage aux côtés de ses amis pour transporter le kanwar, symbole de leur fierté. « Zot inn fer boukou sakrifis pou ranz sa kanwar-la ».

Les auditions des rescapés la semaine prochaine 

L’enquête de la police de Terre-Rouge est toujours à un stade préliminaire. Les enquêteurs ont auditionné deux rescapés jusqu’à présent. Ils ont fait état de leur itinéraire et expliqué comment ils ont construit le kanwar sur plusieurs semaines. Arrivés sur les lieux où le drame s’est produit, les pèlerins du groupe Trikaal Sena de Triolet ont compris qu’il leur serait difficile de passer sous les câbles électriques. Ils ont alors tenté de traverser cette partie de la route. Mais le drame s’est produit. 

Les auditions des rescapés auront lieu à partir de la semaine prochaine. La police a voulu respecter le moment de deuil et la période des prières pour les rescapés. Mais, de leur côté, les experts scientifiques et techniques ont déjà tout enclenché pour l’émission des rapports sur le drame.

Un des rescapés s’enferme dans le mutisme

Un rescapés de 24 ans n’a plus prononcé un mot depuis le drame. Ayant obtenu sa décharge de l’hôpital, il avait raconté avoir secouru deux jeunes de la bande, après que le kanwar a pris feu. Il était avec le groupe Trikaal Sena depuis le début des préparatifs. 

Après avoir quitté l’hôpital, le jeune homme a été victime d’un choc et s’est enfermé dans le mutisme. Il a été reconduit à l’hôpital. La police a tenté de l’auditionner pour les besoins de l’enquête, mais en vain. 

 

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