La tragédie s’est abattue sur la famille Jhuree, à Saint-Pierre. Vidwantee (43 ans) a été frappée à mort, dimanche soir, à Albion. L’autopsie a révélé qu’elle a reçu plusieurs coups de poing à la tête. L’agresseur n’est autre que Pritam Bissessur, son compagnon de 33 ans, arrêté dans le passé pour tentative de meurtre sur la victime.
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Les proches de Vidwantee (Kavita pour sa famille) avaient conseillé cette dernière de quitter son compagnon, celui-ci étant « violent ». Mais Kavita n’en avait cure. Au fil des années, elle était devenue le souffre-douleur de Pritam Bissessur. En 2015, elle avait été agressée par son partenaire. « Agressée au sabre au crâne, elle était tombée dans une fosse », se rappelle Geeta Jhuree, 64 ans et mère de la victime. Malgré cela, elle était retournée vivre auprès de lui dans une maison en bois sous tôle, non loin du domicile familial rue Caprice, à Saint-Pierre.
Dimanche, Kavita a informé sa mère qu’elle se rendait à la plage vers 15 h 30. C’est dans un taxi que le couple s’est rendu à Albion. Ils ont pris place en face du barachois dans un hôtel de la région. Ce qui devait être des instants agréables pour les deux s’est transformé en cauchemar pour cette mère de famille. Pritam Bissessur a relaté à la police avoir acheté des boissons alcooliques. Éméché, le couple aurait commencé à se disputer. Vers 21 h 45, la police d’Albion est alertée qu’un drame s’est joué en face du barachois. Les policiers se sont immédiatement rendus sur place.
«De trwa kalott»
Une fois sur les lieux, les agents découvrent Kavita dans l’eau. Son compagnon se trouvait à quelques mètres. Il puait l’alcool. Interrogé, le jeune homme a expliqué aux policiers que sa compagne avait trop bu et que leur conversation a tourné au vinaigre. Il dit avoir giflé cette dernière qui est tombée. « Monn donn li de trwa kalott. » Puis il l’aurait traînée. « Monn amenn li kot baraswa pou rinss so figir ar delo pou li leve. » Mais Kavita ne s’est jamais réveillée. La garde-côtière d’Albion a repêché le corps inerte de la quadragénaire. Elle portait de multiples blessures au visage et au cou.
Les enquêteurs ont entendu un vigile comme témoin oculaire dans cette affaire. Il a alerté la police, expliquant qu’il avait entendu les coups portés par le suspect. Le jeune homme a été alors placé en état d’arrestation. Pritam Bissessur a été remis aux enquêteurs de la CID de Petite-Rivière. Toutefois, il est connu des services de police et a nié en bloc avoir mortellement agressé sa compagne. Mais les éléments dont dispose la police jouent contre lui.
L’autopsie de la victime pratiquée par les Dr Sudesh Kumar Gungadin et Maxwell Monvoisin, respectivement le No 1 de l’institut médico-légal et Principal Police Medical Officer, ont attribué la mort de la quadragénaire à une hémorragie intracrânienne, provoquée par des coups qu’elle a reçus au visage. Le jeune homme a comparu devant la cour de Bambous, lundi après-midi, sous une charge provisoire de meurtre. La police a objecté à sa remise en liberté sous caution. Le suspect a toutefois recherché une assistance légale auprès du magistrat, afin de donner sa version des faits. À l’issue de sa comparution, Pritam Bissessur a été reconduit en cellule policière. Son cellulaire a été saisi par les enquêteurs. Il devra fournir de plus amples éclaircissements sur les événements de cette soirée.
Il s’avère que le chauffeur qui avait conduit le couple à Albion s’est rendu au poste de police de Saint-Pierre pour faire une déposition contre le suspect. Aux policiers dimanche soir, il dit avoir reçu des menaces de la part de Pritam Bissessur. Tous les dossiers sur cette affaire devraient être remis aux enquêteurs de la Major Crime Investigation Team (MCIT) ce mardi.
Les proches de la victime révoltés : «Pritam Bissessur la menaçait pour qu’elle reste»
Rue Caprice est plongée dans le désarroi. Après avoir appris la triste nouvelle dimanche soir, la famille de Vidwantee est en état de choc. Mariée depuis de nombreuses années avec Ashok Ramjanam, la victime s’était séparée de son époux, il y a environ trois ans. Et il y a trois mois, son époux est décédé. Toutefois, selon ses proches, elle connaissait son compagnon bien avant sa séparation.
Ces dernières années, Vidwantee, mère de deux filles de 21 et 13 ans, subissait le courroux de celui qui partageait sa vie. Délaissant la maison de sa mère, elle s’était installée dans une maison en bois sous tôle dans la même localité. Elle travaillait dans un supermarché pour gagner sa vie alors que son compagnon vivait de petits boulots. Aux dires de la famille, il suffisait d’un rien pour qu’elle soit agressée. Il y a deux ans, elle avait frôlé la mort. En effet, la victime avait été agressée par son compagnon à coups de sabre. Elle avait reçu un coup au crâne. Alors qu’elle prenait ses jambes à son cou, elle s'était retrouvée dans une fosse. Grièvement blessée, elle avait été admise à l’unité de soins intensifs. Pritam Bissessur avait alors été placé en état d’arrestation. « Nous avions dit à Vidwantee de quitter son compagnon, mais celui-ci lui proférait des menaces et elle devait retourner à ses côtés », se désolent l’oncle et la mère de la victime.
« Pritam Bissessur a passé trois mois derrière les barreaux avant de recouvrer la liberté. C’est injuste après tout le mal qu’il avait fait à ma nièce. La loi n’a pas été sévère envers lui », fulmine l’oncle de la victime. Les funérailles de Vidwantee ont eu lieu lundi après-midi.
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