Interview

Dr Zaherr Gendoo, néphrologue : «Un organe transplanté améliore la vie du receveur»

La transplantation d’organe permet d’améliorer la qualité de vie du receveur. Le point avec le Dr Zaherr Gendoo, néphrologue à l’hôpital Apollo Bramwell.

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« Le donneur doit être en parfaite santé et ne souffrir d’aucune maladie chronique. »

Dr Zaherr Gendoo

Le don d’organe à des personnes autres que des membres de la famille sera bientôt une réalité avec les amendements à la Human Tissue (Removal, Preservation and Transplant) Act 2006. Pensez-vous que les Mauriciens sont prêts pour cette éventualité, d’autant que la transplantation cadavérique sera aussi possible ?
Je pense que oui. Les patients, en tout cas, n’ont aucune objection. Ils sont ravis des amendements qui seront apportés à la loi existante, car cela va leur donner la chance d’améliorer leur qualité de vie.

Les transplantations de reins effectuées jusqu’ici concernaient les donneurs vivants. Le donneur ne pouvait être qu’un membre d’une même famille ayant un lien de sang. Il serait bon de sensibiliser la population en ce qui concerne le prélèvement cadavérique et comment cela va être pratiqué. Aussi longtemps qu’ils n’auront pas tous les détails concernant cette nouvelle loi, ils seront dans le doute et ne montreront pas leur intérêt.

Cela fait quand même plusieurs mois que le sujet est évoqué avec des colloques à l’initiative du ministère de la Santé à l’intention de la société civile, des représentants de religions et des médecins. Pensez-vous que cette méconnaissance a fait qu’il y a eu une certaine réticence avant d’arriver au consensus ?
Je pense que les autorités voulaient avant tout avoir l’accord de toutes les parties concernées, avant d’aller de l’avant avec les nouveaux amendements. Il ne faut pas oublier que Maurice est un pays multiracial. Il y a différentes sensibilités à respecter et il fallait que tout le monde avalise ces changements et qu’ils soient dans le respect de tout un chacun.

Lors du colloque à ce propos en décembre 2016, je pense que tout le monde a compris le fondement et le bien-fondé de ces amendements. Toutes les religions reconnaissent qu’il n’y a aucune contre-indication religieuse par rapport au don d’organe. Cela est d’ailleurs pratiqué dans divers pays à forte population islamique ou hindoue. Ceux-ci font aussi le prélèvement cadavérique. 

Avons-nous à Maurice les équipements nécessaires pour aller vers ce type d’interventions ?
Il faut des paramètres et des dispositions bien précises pour effectuer une transplantation. Le système doit être bien organisé, surtout pour détecter quand il y a mort cérébrale dans les accidents de la route, par exemple. Il faut voir avec quelle rapidité on pourra stabiliser la victime au département des soins intensifs et déterminer si elle est en état de mort cérébrale. Dans les accidents, il y a ceux qui meurent sur le coup et d’autres qui décèdent après.

Même si nous ne nous réjouissons pas des nombreuses morts dans les accidents de la route l’année dernière, je suis d’avis qu’on aurait pu prélever les organes d’au moins la moitié d’entre eux.

Ce terme peut faire frémir. Pouvez-nous expliquer ce qu’est le prélèvement cadavérique ?
Il ne s’agit pas de retirer l’organe d’une personne décédée. Le prélèvement est effectué lors des derniers souffles de vie d’une personne. Cela quand plus rien ne peut être fait pour sauver le patient, que le cerveau ne fonctionne plus et qu’il n’y a aucune indication que ce sera réversible. C’est la mort cérébrale. 

Ne pensez-vous que les proches de la victime peuvent avoir la suspicion que tout n’a pas été effectué pour la sauver, afin de pouvoir prélever ses organes ? 
La mort clinique d’une personne devra d’abord être certifiée par plusieurs médecins après divers examens tels l’angiographie et l’électroencéphalo­gramme. C’est quand ils auront constaté qu’il y a mort cérébrale que le prélèvement sera possible. Mais toute personne souhaitant faire don de ses organes doit, au préalable, s’enregistrer comme donneur en signant un formulaire de consentement. Il disposera alors d’une carte ou tout autre système d’identification pour qu’on sache qu’il est un donneur d’organe.

Avons-nous le personnel requis et formé pour les transplantations d’organes ?
Il faut renforcer les dispositions des départements des soins intensifs, ainsi que le personnel adéquat qui saura préserver un organe. En ce qu’il s’agit des équipements, je pense que nous avons ce qu’il faut. À l’hôpital, compte tenu des dispositions, équipements et personnel que nous avons, nous pouvons faire des transplantations. Tout est une question d’organisation et de formation du personnel. C’est aussi un travail de collaboration entre les différentes disciplines médicales.

Qui peut être un donneur d’organe ?
Le donneur doit être en parfaite santé et ne souffrir d’aucune maladie chronique (diabète et/ou hypertension) ou infection chronique, comme la tuberculose ou le cancer. Pour être donneur de rein, il faut soi-même avoir des reins en bonne santé. Mais en toutes circonstances, il y a une série d’examens qui est effectuée pour minimiser les risques pour lui-même.

Pratique courante dans le monde

Selon le Dr Gendoo, les gens sont déjà au courant que les dons sont possibles et que cela est pratiqué dans de nombreux pays (Europe, États-Unis, Inde…) entre personnes qui ne sont pas membres de la famille. Il en est de même pour le prélèvement cadavérique, qui représentait jusqu’à 60 % des donneurs dans le monde. Maintenant, ce chiffre semble être en baisse, alors que le nombre de donneurs vivants est en hausse, affirme-t-il.

Tous donneurs

Toute la population de France est un donneur, à moins d’avoir signifié son désaccord avant son décès. Cette loi votée en avril 2015 est en vigueur depuis le 1er janvier 2017. Elle vise à accroître le nombre de greffes, qui est inférieur au nombre requis. Selon BFMTV, 553 patients sont décédés en France, faute de n’avoir pas pu trouver un donneur potentiel, alors qu’ils figuraient sur la liste d’attente. 21 464 malades seraient en attente d’un organe, selon le site du BFMTV.

Risques minimes

Les risques de complications pour un donneur d’organe existent. Ils sont minimes, mais on ne peut pas les ignorer, soutient le Dr Gendoo. Selon les chiffres, un donneur encourt des risques estimés à moins de 1 %. Il peut avoir des saignements, des infections postopératoires, etc. Dans de rares cas, un donneur peut décéder pour des raisons inexpliquées. Cela peut arriver à un sur 3 000 ou 4 000 patients.

Tout donneur doit être informé des risques, aussi minimes soient-elles, qu’il encourt avant que la transplantation ne soit effectuée, explique le néphrologue. « Son assentiment doit être donné par écrit et on doit s’assurer qu’il a bien tout compris. Le donneur doit aussi être soumis à une évaluation psychologique. »  Faire don d’un de ses organes comporte aussi des avantages, affirme le Dr Gendoo. Il y a, avant tout, un sentiment de satisfaction personnelle de pouvoir améliorer la qualité de vie d’une personne.

Ajouté à cela, on aura droit à un suivi médical régulier et permanent, qui sera effectué deux à trois fois par an pendant la première année et sera plus espacé dans le temps par la suite. Le donneur doit aussi être informé des précautions qu’il doit prendre afin de ne pas mettre sa vie en péril et qu’il doit faire savoir dès qu’il a un problème de santé. Il doit aussi se conformer aux directives qu’on lui donnera en ce qu’il s’agit de son hygiène de vie.

Les dons d’organes possibles

Il est possible de donner son rein principalement de son vivant. À la mort d’une personne, on peut prélever les reins, le foie, le pancréas et la cornée et le cœur dans certains cas. La transplantation coronaire est possible également. Tous ces prélèvements devraient se faire sous la supervision de spécialistes dans ces différents domaines.

Faute d’éducation sexuelle adéquate : 10 % des 16-21 ans souffrent de troubles sexuels

Un jeune homme sur 10 et une jeune femme sur huit rencontreraient des problèmes sexuels persistants, dont l’éjaculation précoce, l’absence d’orgasme ou la baisse de libido. C’est le résultat d’une large étude britannique, certainement transposable aux jeunes d’autres pays.

Ce sont les chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, de l’université de Glasgow, de l’University College de Londres et de l’université de Southampton qui ont réalisé cette étude, portant sur la fonction sexuelle des jeunes.

Cela en interrogeant 15 162 participants de tous âges, dont 2 392 participants âgés de 16 à 21 ans entre 2010 et 2012. 1 875 des 16-21 ans interrogés étaient sexuellement actifs (71,9 %) et 517 inactifs. Leurs résultats ont été publiés dans le Journal of Adolescent Health  (Journal de santé de l’adolescent) paru début août. Leurs conclusions peuvent être généralisées aux jeunes d’autres pays.

Manque d’éducation au bien-être sexuel
9,1 % des jeunes hommes et 13,4 % des jeunes femmes interviewés ont rapporté au moins un problème d’ordre sexuel qu’ils jugent pénible durant trois mois et plus durant la dernière année.

Éjaculation précoce et troubles de l’orgasme
Chez les participants masculins, l’éjaculation précoce était le trouble le plus souvent cité (4,5 %) et chez les femmes, des difficultés à atteindre l’orgasme (6,3 %). Hommes et femmes ont cité ces troubles comme pouvant entraîner une détresse émotionnelle. Parmi les autres troubles évoqués : l’absence de libido, de plaisir, l’anxiété ou la douleur (dyspareunie) pendant les rapports sexuels, l’absence d’excitation, la sécheresse vaginale ou encore la dysfonction érectile.

Pas un problème réservé aux plus âgés
Comparé à la population générale, les chiffres montrent clairement que les dysfonction sexuelles ne sont pas « réservées » aux personnes plus âgées, même si les jeunes en souffrent moins. Ainsi, 44 % des femmes âgées de 16 à 21 ans ont déjà connu un problème sexuel, contre 51,2 % des femmes en population générale. Et 33,8 % des hommes de 16 à 21 ans ont déjà connu un problème sexuel, contre 41,6 % des hommes en population générale.

Peu de recours à l’aide professionnelle
Seulement plus d’un tiers (35,5 %) des hommes et 42,3 % des jeunes femmes ayant un trouble sexuel sont allés demander de l’aide, mais rarement auprès de professionnels. C’est principalement auprès de la famille ou d’amis que ces jeunes ont recherché conseil, ou sur Internet. Ainsi, seuls 3,6 % des hommes et 7,9 % des femmes ayant un ou plusieurs problèmes d’ordre sexuel se sont adressés à un professionnel.

Comme le relèvent encore les auteurs de l’étude, chercher de l’aide en cas de problèmes de la fonction sexuelle est rare aussi parmi les adultes plus âgés. Dès lors, l’éducation sexuelle, à elle seule, peut déjà faire beaucoup, en comblant les lacunes de connaissances, en rassurant les jeunes sur le fait que les problèmes sexuels sont courants et légitimes, et en renforçant les liens avec des services d’aide centrée sur les jeunes. Les responsables de l’éducation et de la santé sexuelle doivent être conscients que les jeunes peuvent être confrontés à d’autres problèmes que ceux liés à la prévention, soit à des questions au sujet de leur fonction sexuelle.

Manque de données valables
Les chercheurs insistent encore sur le fait qu’on manque de données valables sur la fonction et le bien-être sexuels des jeunes afin de leur donner des conseils autres que spéculatifs sur leur santé sexuelle. Ils estiment qu’il est urgent d’effectuer des études centrées sur ce groupe de la population, les problèmes qu’ils rencontrent, leur étiologie et ramifications. En particulier, on manque encore d’outils de mesure valables, spécifiquement adaptés aux questions concernant les jeunes.

Prévenir le manque de connnaissance et la honte
Et les experts de conclure : « Si nous voulons améliorer le bien-être sexuel dans la population, nous devons atteindre les individus et les couples lorsqu’ils embarquent dans leur carrière sexuelle, pour prévenir le manque de connaissances, l’anxiété et la honte se transformant en difficultés sexuelles à vie. Nos données donnent une forte impulsion empirique pour réaliser cette action préventive.»

 

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