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Dr Vinaye Ancharaz, économiste : «Ce sera un budget de plus de peur que de mal»

Difficile, dure, responsable et justice sociale sont les termes qui ont été associés au budget à venir. Est-ce que le gouvernement prépare la population à avaler une pilule difficile à travers ce discours ?
Ce sera un budget de plus de peur que de mal. Il est probable que la population s’attende à un exercice austère, mais, finalement, le budget ne sera pas aussi mauvais que redouté. Les craintes d’un budget douloureux sont compréhensibles, mais elles ne devraient pas se matérialiser à l’extrême. Cependant, ce ne sera pas un budget à l’image de ceux de l’ancien régime, où les distributions budgétaires se faisaient à la manière de cadeaux de Noël. Le gouvernement actuel souhaite rompre avec cette pratique.

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Sous le précédent régime, les attentes étaient immenses, car il existait une tradition de donner, mais souvent sans livrer à la hauteur des promesses. Les exemples ne manquent pas : les hausses de pensions ou du salaire minimum tant attendues qui, finalement, n’étaient pas au rendez-vous. En somme, l’ancien régime a « overpromise » et « underdeliver ». L’actuel gouvernement semble vouloir renverser cette dynamique.

Jusqu’à quand pensez-vous que le gouvernement pourra utiliser son rapport State of the Economy comme bouclier ?
J’espère que ce ne sera pas pour longtemps ! Pour l’exercice financier 2025-26, le gouvernement vise à envoyer un signal fort à la communauté internationale, à nos créanciers et aux agences de notation comme Moody’s et S&P. Il s’agit de montrer que les recommandations ont été entendues et qu’elles seront mises en œuvre.

Dans le cadre des consultations de l’Article IV, le Fonds monétaire international (FMI) s’est d’ailleurs aligné sur Moody’s en ce qui concerne la nécessité d’un plan de redressement fiscal pour Maurice. Ce budget doit donc poser les premières pierres de cette stratégie.

En dépit de tout ce qui est contenu dans ce rapport et qui peut laisser transparaître une marge de manœuvre réduite, quelles sont les mesures qui vous semblent indispensables pour enclencher la relance économique ?
La relance passe d’abord par un message clair aux investisseurs et au secteur privé. C’est celui d’un gouvernement responsable, qui s’efforce de maîtriser la dette, de contenir l’inflation et de renforcer la bonne gouvernance dans ses organismes.

Créer un climat propice à l’investissement est essentiel. Ce signal, adressé au monde des affaires, est capital pour la concrétisation de projets restés en suspens sous l’ancien régime. Il est aussi temps de sortir des sentiers battus et de valoriser des secteurs à fort potentiel en dehors des filières traditionnelles.

La sécurité alimentaire, l’éducation, la finance, mais aussi des créneaux émergents comme l’industrie pharmaceutique et l’économie bleue doivent être développés. Il est impératif de redynamiser ces secteurs pour poser les bases d’une relance durable.

 

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