La plupart des restrictions sanitaires ne sont plus en vigueur depuis le 1er juillet. Il faut maintenant éviter une résurgence de nouveaux cas et avoir un établissement pour les maladies infectieuses. C’est l’avis du Dr Soobaraj Sok Appadu, directeur du New ENT Hospital.
Toutes les restrictions ont été enlevées. Sommes-nous au creux de la vague ?
On ne peut avancer cela, car nous n’avons pas eu un nombre conséquent de cas positifs de la Covid-19. Mais de nombreux facteurs ont été pris en considération avant de lever des restrictions qui ne sont plus en vigueur depuis le 1er juillet. Il y a la situation sanitaire à Maurice et à l’étranger et l’évolution du virus, entre autres.
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À Maurice nous avons un fort taux de vaccination, ce qui est très positif. Il y a aussi eu une évolution du virus qui n’est pas l’original. Nous avons eu le Delta qui a été catastrophique à Maurice et depuis six mois c’est l’Omicron qui a pris le dessus. Ce variant à lui-même évolué et a donné lieu à des sous-variants.
Nous n’avons pas eu de nombreux cas d’hospitalisation avec l’Omicron contrairement à ce qui a été le cas avec le Delta. Nous avons été protégés par le fort taux de vaccination.
La population a aussi contribué à améliorer la situation en respectant les gestes barrières. Nous sommes parmi les derniers pays au monde à enlever les restrictions sanitaires, ce qui nous a aussi protégés contre une éventuelle résurgence de nouveaux cas. La population a eu le temps d’apprendre comment observer les gestes barrières. Nous avons eu le temps de compléter la campagne de vaccination. Le virus n’a pas évolué sous une forme grave et est resté sous sa forme bénigne. Mais nous ne savons pas ce qui peut se passer par la suite. De ce fait nous devons toujours rester vigilants.
Cette levée des restrictions n’est pas un peu contradictoire dans la mesure où la saison hivernale a été évoquée pour prolonger les restrictions sanitaires du 31 mars au 30 juin ?
Le pays enregistre également un nombre conséquent d’infections respiratoires et grippales depuis ces dernières semaines.
Il y a toujours eu des cas de grippe et des campagnes de vaccination antigrippe ont lieu chaque année. Tout a été mis en œuvre afin que la population puisse se faire vacciner et se protéger contre la grippe également.
Nous avons responsabilisé la population, afin qu’elle sache vivre avec la Covid-19. Maintenant c’est à elle de décider et de prendre ses responsabilités. Les Mauriciens peuvent choisir de garder le masque sanitaire ou l’enlever. Mais il reste obligatoire dans divers lieux comme les transports en commun et les centres de santé, entre autres. Il est aussi recommandé pour les personnes âgées et ceux qui souffrent de comorbidités.
Ce ne sera pas aussi facile d’avoir une résurgence de nouveaux cas, si on respecte les gestes barrières"
Après le pic de février quand on avait enregistré 1 710 nouveaux cas en une semaine, il y a eu une baisse. Mais les restrictions sanitaires avaient été maintenues jusqu’au 31 mars 2022 et prolongées par la suite jusqu’au 30 juin. Qu’est-ce qui a changé entre le 31 mars 2022 et maintenant ?
Nous avons observé l’évolution du virus. Au début il y avait un virus qui était assez modéré et moyen. Par la suite, nous avons eu le Delta qui a été très virulent et qui a causé un nombre élevé de décès. Le variant Omicron qui a suivi est plus contaminant, mais moins virulent. De ce fait, en peu de temps nous avons eu un grand nombre de personnes qui a été infecté. L’Omicron a commencé à émerger en janvier et le pic a été atteint en février comme vous avez dit. Vu le nombre de personnes infectées et vaccinées, il y a une immunité collective. Mais nous ne pouvions pas enlever les restrictions sanitaires avant d’entrer de plain-pied dans la saison hivernale.
Quel a été l’impact des sous-variant BA.4 et BA.5 qui ont été à l’origine d’une résurgence de nouveaux cas dans certains pays ?
Ces sous-variants n’ont pas provoqué beaucoup de dommage en termes d’hospitalisation. La plupart sont restés asymptomatiques ou avec des symptômes très légers. C’est ce qui nous a encouragés à passer à la nouvelle phase depuis le 1er juillet. Mais il ne faut pas être imprudent et se regrouper sans aucune mesure sanitaire surtout dans les lieux clos.
Vous avez dit que les sous-variants BA.4 et BA.5 n’ont pas causé de dommage, comment l’expliquez-vous ?
La vaccination a préparé la population à combattre le virus. Si nous n’avions pas un fort taux de vaccination, nous aurions eu bien plus de cas positifs. Par exemple, le taux de vaccination n’est que de 40 % en Afrique du Sud et le pays a enregistré sa huitième vague.
Selon les prévisions une nouvelle vague était attendue vers la mi-juin. Ce qui n’a pas été le cas. Peut-on dire que la Covid-19 n’est plus une grande menace et a été réduite à une simple maladie infectieuse au même titre que la grippe ?
Ce n’est pas prouvé, car l’évolution de la Covid-19 est imprévisible étant donné les différentes mutations qu’elle a connues. Le virus est encore présent et en circulation à Maurice et dans divers pays. Il peut avoir une émergence de nouveaux cas, de variants ou sous-variants plus agressifs.
L’autorité sanitaire reste mobilisée, afin de parer à toute éventualité. Il y a des équipes formées au New ENT Hospital par exemple qui sont prêtes à faire face à n’importe quelle situation. Nous sommes confrontés à une situation où les maladies virales se développent rapidement comme c’est le cas avec la variole du singe actuellement.
Avec le port du masque sanitaire qui n’est plus obligatoire à l’exception de certains lieux spécifiques, quels sont les risques d’une résurgence ?
Le risque est faible avec toutes les mesures qui ont été prises avant la levée des restrictions sanitaires. Plus de 977 724 adultes ont été immunisés tout comme plus de 70 % des jeunes de 12 à 18 ans. Ce ne sera pas aussi facile d’avoir une résurgence de nouveaux cas si nous respectons les gestes barrières.
Le Premier ministre encourage la population à se faire administrer la booster dose. Pourquoi ?
Il est important de renforcer le statut immunitaire. Tout le monde doit rester à jour par rapport à la booster dose. Nous demandons aussi à ceux qui n’ont pas encore été vaccinés de le faire, afin de ne pas développer une forme sévère de la maladie.
Est-ce que le test PCR exigé dans les cliniques lors de l’admission n’a plus sa raison d’être ?
Dans le service public, le Rapid Antigen Test (RAT) et le PCR sont toujours effectués avant l’admission des patients. Une ségrégation est importante, afin de ne pas mélanger les patients positifs à la Covid-19 avec ceux qui souffrent d’autres comorbidités. Les positifs sont mis en observation au New ENT Hospital. Je pense que la procédure devrait être la même dans les cliniques privées.
Le New ENT Hospital a été transformé en centre de traitement pour les patients positifs à la Covid-19. Ne faudrait-il pas un établissement dédié aux maladies infectieuses, afin que l’hôpital de Vacoas puisse retrouver sa vocation première et s’occuper des maladies oto-rhino laryngologique ?
Pour y parvenir, il faut une bonne planification. Pour le moment nous avons pu aménager le New ENT Hospital pour traiter les patients positifs à la Covid-19. À l’avenir il faudrait trouver les moyens pour la construction d’un établissement pour les maladies infectieuses. Avec l’émergence de nouvelles maladies, ce sera un atout, car nous ne savons pas ce qui nous attend. Cette situation est inquiétante et nous devons être prêts, mais c’est au gouvernement de prendre la décision.
En 2009, l’hôpital de Souillac a fait office de centre d’isolation pour les maladies infectieuses et a accueilli les patients qui souffraient de la grippe AH1N1 par exemple. Il a aussi accueilli les premiers patients de la Covid-19 en 2020. L’établissement ne se trouve malheureusement pas dans un lieu central et pas à proximité de nombreux services. Il n’est pas assez équipé comme c’est le cas au New ENT Hospital à Vacoas.
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