
Le Dr Siddick Maudarbocus (photo), addictologue et directeur du Centre Les Mariannes, ne cache pas son inquiétude devant la consommation croissante de drogues synthétiques à Maurice, notamment chez les jeunes. Il observe un rajeunissement des consommateurs, touchant toutes les catégories sociales. Contrairement au cannabis, dont les effets sont mieux connus, les drogues synthétiques entraînent des réactions imprévisibles et des dégâts souvent irréversibles sur le cerveau et le corps, souligne-t-il.
Publicité
Il fait l’analogie avec les feux de brousse qui se propagent rapidement en été sur la montagne des Signaux : les drogues synthétiques agissent de manière similaire en détruisant rapidement les cellules du corps et en altérant profondément les émotions et le comportement des consommateurs. Il s’inquiète du devenir de ces jeunes qui, à l’âge adulte, risquent de ne pas avoir la maturité nécessaire pour gérer leur vie professionnelle et familiale.
Face à cette situation alarmante, le Dr Maudarbocus estime que le cannabis thérapeutique pourrait être un moyen de réduction des risques pour les consommateurs de drogues dures. Connaître précisément les substances ingérées permettrait aux médecins d’offrir un suivi médical plus efficace et de stabiliser les patients. Il souligne qu’il est plus facile de traiter une dépendance au cannabis qu’une addiction aux drogues synthétiques, dont les effets sont imprévisibles et souvent dévastateurs.
Gestion des addictions
Cependant, il précise qu’il ne milite pas pour la légalisation du cannabis à Maurice, estimant que le pays n’a pas encore la maturité nécessaire pour une telle transition. Il prend pour exemple le Canada et d’autres pays ayant légalisé cette substance, où un encadrement strict est assuré dès le plus jeune âge par des psychologues et des psychothérapeutes. À Maurice, selon lui, les professionnels de la santé mentale ne sont pas encore suffisamment nombreux pour garantir une telle prise en charge.
Pour lui, la société mauricienne souffre d’un déficit en maturité émotionnelle, ce qui complique la gestion des addictions. Toutefois, face à l’émergence des drogues synthétiques, il considère qu’une approche plus souple vis-à-vis du cannabis pourrait être une solution. Une légalisation contrôlée permettrait de réguler le marché, de réduire les trafics illicites et d’offrir un produit plus sûr aux consommateurs.
Si Maurice devait un jour envisager la légalisation du cannabis, des mesures de précaution strictes devraient être mises en place, notamment en limitant son accès aux adultes, ajoute-t-il. Toutefois, l’addictologue met en garde contre le risque d’une consommation accrue chez les jeunes, qui pourraient être tentés par cette substance.
« Il risque d’avoir des abus qui vont conduire à une consommation à un jeune âge et qui vont entraîner des dégâts », prévient-il. Il recommande ainsi un cadre réglementé, garantissant que le produit soit uniquement accessible aux personnes ayant la maturité nécessaire pour en consommer. Une telle approche permettrait également de réduire le trafic illicite de cannabis.
Selon lui, le contexte social et culturel d’un pays influence profondément la consommation de substances psychoactives. Ayant voyagé dans de nombreux pays, il constate que, contrairement à d’autres sociétés où les jeunes ont des objectifs de vie bien définis, à Maurice, nombre d’entre eux restent désorientés à 20 ans. Il estime que le système éducatif et social doit être repensé pour donner aux jeunes des perspectives plus claires et les éloigner des pièges des addictions.

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !