Dr Roshni Mooneeram: dame des mots

Pétillante, élégante et joyeuse de nature, elle captive l’attention de son auditoire dès qu’elle prend la parole. Le Dr Roshni Mooneeram sera la deuxième Mauricienne à animer une conférence du TED Talks, le 21 mai prochain, après Ameenah Gurib-Fakim en 2014. En attendant, rencontre avec une passionnée de la vie. « Ideas worth spreading ». Ce slogan de TED Talks décrit parfaitement l’ambition du Dr Roshni Mooneeram, qui tient à partager ses idées et ses connaissances avec les autres afin de voir une évolution positive de la société. Son parcours n’est plus à présenter. Après avoir travaillé en Angleterre et en Chine, elle rentre pour contribuer à l’avancement du pays. Et c’est en politique que les Mauriciens la découvrent. Elle partagera également sa passion pour l’écriture à travers le lancement de son livre FlerKann Longtail en 2015. Roshni Mooneeram est aussi une vraie boulimique de lecture. Elle dit dévorer les livres depuis toute petite. « Je lis pour essayer de comprendre mon monde, mais aussi bien pour le dépasser », nous confie-t-elle. En ce moment, elle lit The Greatest Show on Earth de Richard Dawrkins, « en partie pour le plaisir mais aussi comme élément de recherche sur les théories de l’évolution naturelle ». Ce qui va lui permettre de rédiger son livre sur le dodo, oiseau et phénomène plutôt « méconnu et malaimé ». « FlerKann va remonter le temps et rencontrer le dodo quand il était un pigeon en Indonésie et il va suivre son évolution jusqu’à sa disparition. Je situe l’histoire du dodo dans un contexte scientifique, historique, de commerce international et de l’impact humain sur l’environnement. Le dodo était déjà un cosmopolite ayant voyagé du Surat en Inde jusqu’à Copenhague. Il joue un rôle de victime stupide dans notre mémoire collectif de colonisés. Il y a tout un travail à faire ici », indique notre interlocutrice.

Ses enfants, son tout

Le Dr Roshni Mooneeram est maman de deux garçons, Hamish, 11 ans, et Josha, 9 ans. D’ailleurs, son livre, FlerKann Longtail est un ouvrage rédigé pour eux afin de partager son amour pour son pays et en même temps pour l’écriture. « La créativité est le plus grand cadeau qu’on peut offrir à son enfant, aussi bien qu’un amour inconditionnel. Les seules ‘leçons’ que prennent mes enfants sont des cours d’art. L’éducation est un vaste chantier chez nous, c’est une hygiène de vie, une construction de soi pour mieux servir le monde », fait ressortir Roshni Mooneeram. Il y a beaucoup de liberté et de respect mutuel entre ses enfants et elle, soutient notre interlocutrice. « Je respecte beaucoup leur point de vue, ce qui leur permet de prendre confiance en leur voix tout en respectant celle des autres. Les plus grands problèmes du monde tournent autour du relationnel. Et ce relationnel s’apprend chez soi », estime-t-elle. Tout en ajoutant qu’elle fait actuellement des recherches sur son histoire familiale avec son père, Keerti Mooneeram. « Je retrace l’histoire de la famille. Nous passons pas mal de temps à Cluny et Chemin-Grenier à récupérer des histoires auprès des anciens », raconte celle qui a toujours placé la famille au centre de ses intérêts. Malgré son emploi du temps chargé, passer du temps avec sa famille reste primordial. Elle dit parvenir à gérer une vie à 100 à l’heure, tout en consacrant du temps à elle. Ainsi, la natation et de longues marches à Pétrin et Rivière-Noire font partie de ses passe-temps. Dynamique et surtout engagée, Roshni Mooneeram s’investit à fond dans ses projets. D’ailleurs, elle est souvent sollicitée par les écoles et lycées pour discuter de FlerKann et de la littérature mauricienne. Ces demandes se multiplient dans le contexte de la journée internationale du livre en avril. « Je participe aussi à la conférence de la Mauritius Library Association sur la lecture et les modes de lecture fin avril. »

Mentor pour les jeunes

Actuellement Global Consultant de l’Université de Nottingham, notre interlocutrice se consacre aussi aux causes des jeunes Mauriciens. « Je suis aussi mentor pour le Young Mauritian Leaders Programme, une initiative du National Productivity and Competitiveness Council et de l’ambassade américaine à Maurice. J’encourage aussi l’activisme politique des jeunes, avec qui j’aime beaucoup dialoguer », fait-elle valoir. Roshni Mooneeram continue aussi inlassablement à militer pour la langue anglaise. Comme membre du comité exécutif de l’English Speaking Union, elle organise une table ronde sur le pourquoi du déclin du niveau de cette langue auprès des élèves et sur les mesures à envisager. L’événement se tiendra le 25 avril, à Quartier-Militaire. Et ce n’est pas tout ! La Global Consultant de l’Université de Nottingham sera, le 21 mai, prochain au TED Talk, une prestigieuse plateforme où les conférenciers du monde entier se retrouvent pour partager leurs savoirs et connaissances. Roshni Mooneeram va, elle, définir une 4e vague féministe en se basant sur des femmes et des réalités mauriciennes.

Elle aime, elle déteste…

Elle aime: le brassage des cultures Elle adore: la nature Elle garde la forme avec: la marche et la natation Elle possède: une sculpture en bois d’un dodo qu’elle a découvert dans un petit village mongolien. Ses week-ends: se retrouver avec les enfants, des amis autour d’une table ou avec elle-même. Son plus grand souhait: l’éveil des Mauriciens, qu’on en finisse avec ces réflexes de nourrir notre ‘inner victim’. Son parfum préféré: Pure poison, Dior Elle craque pour: les gâteaux piment et pain maison Elle déteste: la médiocrité et la complaisance Elle raffole: les livres Son plat préféré: le Sag Paneer Sa boisson préférée: le thé elaïti

« Depuis mars, je fais une série de réflexions, de causeries, d’entretiens pour mieux définir un féminisme du terroir. Les références comme celle de Sheryl Sandberg ne peuvent véritablement être des références féministes puisqu’elles ne touchent qu’une toute petite élite de femmes évoluant dans le monde du corporate. Ma vision du féminisme contemporain se veut earthy et certainement politique », explique-t-elle. Mentor, conférencière, formatrice… Dr Roshni Mooneeram porte plusieurs casquettes mais l’ultime but reste le même : œuvrer pour un meilleur avenir. « Ma passion pour les livres et pour mon pays, la réflexion, la recherche, la condition de la femme, les théories postcoloniales et la politique se rejoignent de façon créative. Je peux dire que j’ai énormément de chance de pouvoir vivre pleinement mes convictions », conclut-elle.

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